En marge de l’habituel concours Eurovision, deux Suisses ont créé un spectacle-compétition dédiée à des textes philosophiques… chantés, à voir ce vendredi à 21h sur TV5MONDE.
«Une société qui ne se pense pas est une société malade !», assure le Lausannois Massimo Furlan qui, avec sa coorganisatrice Claire de Ribaupierre, a lancé le «Concours européen de la chanson philosophique» en 2019.
Fasciné depuis l’enfance par l’Eurovision, il a décidé de présenter un spectacle sous forme de compétition où sont au rendez-vous paillettes, costumes extravagants, ainsi que musiques rock, fun ou pop, mais dont les paroles, rédigées par des penseurs (philosophes, historiens, etc.) amènent à réfléchir au sens de la vie.
Deux chances pour la Belgique
«Pour la forme, les textes ont les codes habituels avec couplets et rimes. Pour le fond, il ne s’agit ni de poésie ni de lyrisme, mais d’observation des aspects sociologiques, anthropologiques ou philosophiques du monde», détaille Massimo Furlan. «Loin du côté commercial et standardisé de la variété, les chansons soulèvent des questions sur l’identité des pays participants et de l’Europe, d’autant que celle-ci et ses notions se fragilisent.»
Chaque pays vient donc avec une chanson, dans sa langue – traduite en direct sur des écrans géants -, dont les paroles sont signées par un philosophe national. La Belgique a notamment bénéficié du talent du mathématicien Jean-Paul Van Bendegem pour la Flandre et, pour la Wallonie, de celui de la philosophe des sciences Vinciane Despret. Ce qui donne une double chance au Plat pays.
Travail pourri
Mais être auteur ne s’improvise pas ! Vinciane Despret a dit au journal Libération : «L’écriture… Ça m’a pourri l’été ! Parolière est un talent que je n’ai pas. Ça demande un lâcher-prise par rapport à mes fonctions habituelles, ça exige d’utiliser les mots pour faire et non pour dire. C’est étrange de voir ma chanson mise en musique et en scène. Je me suis sentie désappropriée, mais dans le bon sens du terme !»
Elle a aussi eu le plaisir d’être jurée aux côtés de confrères tels que le psychanalyste slovène Mladen Dolar, le professeur norvégien Ánde Somby, le spécialiste d’esthétique lituanien Kristupas Sabolius et l’historien français Philippe Artières. Ces jurés ressemblent trait pour trait à ceux des célèbres télécrochets actuels, émettant leurs commentaires avec humour.
Et Massimo Furlan de conclure : «On met les penseurs dans une position où ils traitent de la culture populaire, mais en l’utilisant intelligemment. Afin que la pensée soit présente dans l’espace public, qu’elle soit entendue, partagée et comprise !»
Cet article est paru dans le Télépro du 3/6/2021
