Comprendre les mécanismes de l’inflation

Les prix grimpent en flèche. On le constate tous les jours. Pourquoi ? Comment ? Quels sont les mécanismes de l’inflation ? Décryptage, à l’occasion de la diffusion ce mardi à 22h20 sur Arte du documentaire «Le Retour de l’inflation».

On n’avait plus connu ça depuis les années 1970 : l’inflation est de retour. Qu’il s’agisse de payer sa facture d’électricité ou ses courses au supermarché, on fait tous le même constat : les prix grimpent de manière effrayante. Ce mardi, Arte décrypte le phénomène dans le documentaire «Le Retour de l’inflation. Des causes aux conséquences».

Mon pouvoir d’achat

L’inflation, c’est quoi ? C’est une augmentation globale du prix des biens et des services. Mais c’est surtout la perte de pouvoir d’achat qui s’ensuit. En clair : avec un même billet de 100 €, on peut acheter moins de choses qu’auparavant. La hausse des prix est un phénomène normal, mais elle est généralement lente et régulière. Entre 1960 et 2022, le taux moyen d’inflation en Belgique était de 3,6 % l’an. Cela signifie qu’un bien vendu 100 € en 1960 est aujourd’hui vendu plus de 850 €. Mais cette hausse fut assez indolore puisqu’elle s’est étalée sur 62 ans. On a donc vécu de longues années de prix assez stables. Puis, parfois, il arrive que la machine s’emballe… Comme en Allemagne, après la Première Guerre mondiale. En 1923, un œuf coûtait 800 marks. L’année suivante… 320 milliards ! Plus récemment, quelques pays africains sont aussi passés par là. En 2008, l’inflation au Zimbabwe était estimée à 231 millions %. Les gens faisaient leurs courses avec des billets de 100 billions de dollars zimbabwéens !

Le panier de la ménagère

On n’en est évidemment pas là, mais quand même… En 2015, la Belgique affichait un taux d’inflation de 0,6 %. En 2022, il a grimpé à 10,3 %. C’est un record depuis bien longtemps. Cela signifie concrètement que «tout» a augmenté de plus de 10 %. Pour calculer l’inflation, les économistes analysent le prix d’une série de biens et de services (alimentation, énergie, assurances, coiffeur…). Puis ils les pondèrent (parce qu’on consacre une plus grosse part de notre budget à l’électricité qu’au gel douche) pour estimer «le panier de la ménagère». C’est ce panier qu’on compare de mois en mois pour chiffrer l’évolution du coût de la vie. En août 2023, l’inflation en Belgique était de 4,09 %. Certains produits étaient moins chers qu’en août 2022 (le gaz a baissé de 65 %), mais d’autres nettement plus chers, comme bon nombre de denrées alimentaires (sucre, œufs, légumes frais) qui ont augmenté de 20 et 30 %. Au total, en août 2023, le panier de la ménagère était donc 4,09 % plus cher qu’en août 2022.

Boule de neige

Les causes de l’inflation sont toujours multiples. Ces derniers temps, il y a effectivement eu conjonction d’événements. Durant le covid, toutes les chaînes de production mondiale ont été à l’arrêt. Puis il a fallu le temps que le logistique se réorganise pour que le commerce mondial reprenne. L’offre était donc à la baisse… Dans le même temps, dès la sortie du covid, la consommation a redémarré, boostée par les États qui ont soutenu la reprise économique. La demande a donc explosé alors que l’offre était au plus bas, ce qui a fait grimper les prix. Puis est arrivée la guerre en Ukraine et ses effets boule de neige (sur le gaz, puis sur tout le secteur énergétique, puis sur tout ce qui nécessite de l’énergie pour être produit et/ou distribué…). L’économie mondiale a donc été fortement bousculée. Et maintenant ? L’avenir est entre les mains des banques centrales qui, en modifiant leur taux directeur, peuvent rendre l’emprunt plus ou moins accessible. Si l’emprunt coûte cher, on consomme moins, les prix baissent et l’inflation avec eux. Mais ce mécanisme risque d’entrainer une récession économique, une hausse du chômage, une paupérisation… Ce sont donc des décisions très lourdes de conséquences à l’échelle planétaire.

Cet article est paru dans le Télépro du 5/10/2023