Comment la plage est devenue un lieu de villégiature
Nos aïeux n’allaient pas à la plage. Les bords de mer faisaient peur ! Jusqu’à ce qu’un médecin et une Reine changent la donne…
La plage est aujourd’hui un lieu de plaisir. Mais il n’en a pas toujours été ainsi… Pendant des millénaires, l’homme n’a que peu fréquenté le bord de mer. L’endroit lui semblait froid, malsain et inhospitalier. La plage est une invention récente. Comme le raconte «L’Odyssée des plages», le doc proposé lundi à 21h05 par France 3. Il remonte jusqu’au temps où Biarritz n’était qu’un village, Deauville un marécage et la côte belge une bande de terre sauvage.
Des vertus thérapeutiques
Qui eut le premier l’idée de se baigner ? Le docteur Richard Russel. En 1752, cet Anglais publie un livre révolutionnaire sur les propriétés médicales de l’eau de mer. Installé à Brighton, sur la Manche, il prescrit des bains à ses patients. Ça n’a rien d’une partie de plaisir. La plage est couverte de galets et l’eau souvent glaciale. Mais très vite, nobles et bourgeois se pressent chez cet étonnant médecin. Il peut même se targuer d’avoir soigné un prince de Galles, futur Roi d’Angleterre. La mode des bains de mer est lancée.
Peu à peu, de petites cités balnéaires à vocation thérapeutique voient le jour le long de la côte anglaise. Puis l’idée traverse la Manche pour arriver en France. D’abord à Boulogne-sur-Mer, en 1785. Puis sur toute la côte picarde, les côtes normandes, bretonnes, le littoral atlantique… Si le succès est au rendez-vous, le plaisir n’est toujours pas de la partie. Les gens ont peur de l’eau et, malgré leur maillot six pièces, ils craignent d’exposer leur corps au regard d’autrui.
Ostende, reine des plages
En Belgique, l’intérêt pour les bords de mer a été lancé par la reine Louise-Marie. Elle aimait se réfugier à Ostende, où elle s’éteindra d’ailleurs en 1850. Son fils, LéopoldII, entamera de grands travaux pour transformer le village de pêcheurs en une véritable cité balnéaire. Il convoque l’architecte à qui il a déjà commandé le musée de l’Afrique et les arcades du Cinquantenaire pour créer les Galeries royales. Elles ont pour vocation de protéger nobles et bourgeois de la pluie et du soleil lors de leur balade en bord de mer. LéopoldII fera aussi construire Le Coq De Haan. Toutes les cités balnéaires ont un schéma assez semblable. Il y a d’abord un front de mer, sur lequel on se promène pour être vu. Ensuite une ville nouvelle, où de riches familles rivalisent pour bâtir une maison plus étonnante que la voisine. Enfin, des lieux de divertissement mondains : hippodrome, casino, music-hall.
Cachez ce soleil…
À l’époque, personne ne nage. Et personne ne profite du soleil. Ombrelles et chapeaux s’imposent car seuls les gens astreints au travail de la terre ont la peau mate. Les personnes de la bonne société se doivent d’avoir un teint de porcelaine. Il faudra attendre l’entre-deux-guerres pour que les choses changent. Les corps se libèrent, le maillot de bain devient moins couvrant, les travailleurs commencent à bénéficier de congés payés, les gens apprennent à nager, la mode est aux peaux bronzées… Et la plage devient l’un des plaisirs de l’été.
Plage ou montagne ?
Comme les hommes ont créé la plage, ils ont inventé la montagne. Longtemps, les monts ont été considérés comme le territoire du diable. Un lieu hostile où nul n’ose s’aventurer. Il faut attendre 1786 pour que des gens de Chamonix se risquent à l’ascension du Mont Blanc. Suite à cela, des aristocrates anglais en mal d’aventures débarquent dans les Alpes. Le mot «alpinisme» entre au dictionnaire en 1898. Dans les années 1910, la famille Rothschild s’installe à Megève pour l’hiver. Le village alpin devient la première station de ski française. D’abord réservé à la jet-set, ce nouveau loisir fait bientôt le bonheur des Bronzés.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 3/9/2020
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