Comment Freud inventa la psychanalyse
Freud consacrait trois heures par jour à sa correspondance. Ce lundi à 22h35 sur Arte, le documentaire «Sigmund Freud, un Juif sans dieu» retrace son parcours au travers de ces lettres.
«Quand j’étais enfant, alors que nous nous promenions dans la ville, mon père m’avait dit pour m’expliquer son métier : « Tu vois ces maisons avec leurs belles façades ? Les choses ne sont pas toujours aussi belles derrière les façades. C’est la même chose avec les êtres humains… »»
L’enfant se prénommait Anna, son père n’était autre que Sigmund Freud. Lundi soir, Arte diffuse une biographie originale du fondateur de la psychanalyse, entièrement basée sur ses courriers. Avec la voix de Mathieu Amalric pour Freud et celle d’Isabelle Huppert pour Anna.
Des cures de parole
Freud raconte d’abord comment il grandit dans le quartier juif de Vienne. La famille est pauvre, mais incite le petit Sigmund à poursuivre des études. Si Freud est passionné par l’histoire biblique et les mythes antiques, il choisit finalement la médecine. En 1885, jeune diplômé, il obtient une bourse pour aller à Paris où exerce le plus célèbre neurologue de l’époque : Charcot, qui traite l’hystérie par l’hypnose.
Freud propose de traduire ses écrits en allemand. Très vite, il s’éloigne des théories du maître. Plus question de regarder les patientes droit dans les yeux : il s’assied derrière elles et les écoute, persuadé que leur problème est dû à un secret enfoui. Ainsi naissent les «cures par la parole» ou «psycho-analyse».
Des rêves qui choquent
En 1898, Freud perd son père. La nuit suivant l’enterrement, il fait un rêve qui lui révèle des choses qu’il n’était pas parvenu à formuler consciemment. Freud se dit alors que le rêve est un outil pour comprendre l’inconscient. «C’est la plus belle de mes découvertes, le seule probablement qui me survivra», écrit-il à un ami.
En 1899, il publie «L’Interprétation des rêves», largement basé sur ses rêves personnels. Il y évoque notamment le désir qu’il avait pour sa mère lorsqu’il était enfant, fait le lien avec le mythe d’Œdipe et crée ainsi le concept du «complexe d’Œdipe». La sexualité infantile prend une place centrale dans le travail de Freud, puis il s’intéresse aux pulsions libidinales de manière plus générale. Dans la Vienne encore très corsetée des Habsbourg, Freud choque. Mais il fait des émules à l’étranger : Ferenczi en Hongrie et Jung en Suisse. En 1909, les trois hommes sont même invités à venir présenter la psychanalyse à New York.
Ses livres brûlés
Dans son cabinet de Vienne, Freud reçoit toute la belle société européenne. Lou-Andreas Salomé et Marie Bonaparte font partie de ses patientes les plus fidèles. Pourtant, en mai 1933, quelques semaines après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les livres de Freud sont brûlés lors des autodafés nazis.
Le 12 mars 1938, les troupes allemandes entrent à Vienne. Le 22, Anna est brièvement arrêtée par la Gestapo, ce qui pousse toute la famille à fuir. Freud a 80 ans. Il s’exile à Londres où il mourra en septembre. Ses quatre sœurs restées à Vienne mourront en déportation.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 2/4/2020
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