Codes secrets sous les ors du château de Chambord

Un documentaire de La Une nous emmène dans l’un des plus beaux châteaux de France et nous invite à décrypter ses secrets…

François Ier , sacré roi de France le 25 janvier 1515, rapporte de ses conquêtes transalpines une admiration pour la Renaissance italienne. Protecteur des Arts et des Lettres, il se forge une réputation de roi bâtisseur, construisant ou remaniant pas moins de onze châteaux. Dont le sensationnel château de Chambord, en 1519. Ce mardi à 22h, le documentaire «Les Codes de Chambord» revient sur l’histoire de cet édifice qui cache dans les dédales de ses couloirs de nombreux codes secrets. L’occasion de revenir sur quelques originalités du plus vaste château de la Loire.

De père inconnu

Aussi célèbre soit-il, le château de Chambord est nimbé de mystères. Et l’un des plus étonnants, est qu’on ignore encore qui en est l’architecte. Aucun plan n’a été conservé. Pourtant, celui-ci est original pour l’époque ! La fortification est imaginée selon un plan centré en croix grecque, alors inédit dans la France du XVIe siècle mais répandu dans les croquis d’un certain Léonard de Vinci.

Escalier de De Vinci

Si le nom du concepteur des lieux est incertain, il est évident que le peintre, ingénieur et anatomiste italien a influencé les dessins du château. Arrivé à la cour d’Amboise en 1516, De Vinci joue auprès de roi le rôle d’ambassadeur de la Renaissance italienne. Nul doute qu’on lui doit l’un des incontournables de l’immense bâtisse : l’escalier à double-hélice. Situé en plein centre du donjon, il se compose de deux rampes s’enroulant l’une au-dessus de l’autre autour d’un noyau creux et percé d’ouvertures. Il est donc possible d’emprunter ses marches et de se voir sans jamais se croiser. 

Chiffres royaux

220.000 tonnes de pierres, 160 mètres de façades, 426 pièces, 77 escaliers, 828 cheminées, 800 chapiteaux et frontons sculptés et pas moins de 1.800 ouvriers mobilisés pour bâtir le prestigieux château dans lequel François I er n’a séjourné en tout et pour tout que durant… 72 jours.

(A)symétrie

Si au premier coup d’œil, Chambord peut sembler être un parangon de symétrie, il n’en est rien. En cause ? François Ier lui-même ! Plus les travaux avancent, plus le projet du souverain évolue. Nombre et taille des arcades qui varient d’une aile à l’autre, ajout d’un escalier qui obstrue la vue depuis certaines fenêtres… À chacune de ses visites sur le chantier, le souverain en modifie les plans.

F et salamandres

Au dernier étage de Chambord, les 400 caissons de l’immense voûte sont ornés de F, dont un est à l’envers, lisible seulement depuis le ciel. Il faut dire que le Roi tiendrait son pouvoir de Dieu lui-même ! Le plafond est également orné de salamandres, l’emblème de François I er . L’animal est présent partout dans le château et, comme le F, ses représentations sont toutes différentes.

Les murs parlent

Au détour d’une visite, les plus observateurs remarqueront que les murs sont marqués par des milliers de graffitis, datant parfois de la construction de château. Si certains sont simplement les signatures des tailleurs de pierre, d’autres sont plus originaux. À côté des pensées philosophiques, poèmes et références à des événements historiques, on trouve des traces laissées par des visiteurs de passage, comme Victor Hugo qui s’en vante en 1825 dans une lettre au poète Adolphe de Saint-Valry :«J’ai visité Chambord. Vous ne pouvez-vous figurer comme c’est singulièrement beau. (…) J’ai gravé mon nom sur le faîte de la plus haute tourelle». Citons aussi Jean de La Fontaine, dont la signature a été découverte en 2018 !

Coffre-fort

Durant la Seconde Guerre, les murs de Chambord ont abrité les œuvres d’art exposées au Louvre afin de les protéger des bombardements nazis. Juste retour des choses pour Léonard de Vinci, dont la célébrissime Joconde trouve ainsi refuge entre les murs du château sur lequel le génie italien a eu tant d’influence.

Roman à lire : Olivia Elkaim, «Les Graffitis de Chambord», 280 pages, 19.90 € (Grasset, 2008)

Cet article est paru dans le Télépro du 29/7/2021