Coccinelle demoiselle, bête à bon Dieu
Après la soyeuse araignée et avant la mouche importune, la série documentaire d’Arte «Nos chères bestioles» s’intéresse à la coccinelle, ce mardi à 16h45. Que cache-t-elle sous sa carapace ? Et surtout, pourra-t-elle faire le «pois» face à sa cousine envahissante venue d’Asie ?
La concurrence est rude parmi les petits insectes. Surtout à l’entrée de l’hiver où chacun lutte pour sa survie. Même entre coccinellidés, on ne se fait pas de cadeaux. Sous ses airs angéliques, la coccinelle asiatique n’hésite pas à déployer son artillerie, encore moins à céder à ses pulsions cannibales… L’espérance de vie et la réputation de notre coccinella septempunctata, dite à 7 points – la plus répandue dans nos contrées -, seraient-elles en jeu ?
Bête à bon Dieu
On dit que si une coccinelle se pose sur vous, elle réalisera l’un de vos vœux. Si elle s’envole immédiatement après, c’est la promesse d’une belle journée. Voir deux coccinelles voler ensemble annoncerait un amour prochain. Son aura, elle la doit à une vieille légende issue du Moyen Âge. Au Xe siècle, bien que clamant son innocence, un homme soupçonné de meurtre devait avoir la tête tranchée. Le jour de son exécution publique, une coccinelle se posa sur le cou du condamné. Le bourreau tenta de la chasser maintes fois, mais l’insecte revenait constamment se placer au même endroit. Le roi de France Robert II (972-1031) interpréta la scène comme une intervention divine et décida de gracier l’homme. Quelques jours plus tard, le véritable meurtrier fut retrouvé. Le salvateur coléoptère fut alors baptisé «bête à bon Dieu» et est, depuis, considéré comme un porte-bonheur.
Alliée du jardin
En avoir dans le jardin est aussi une grande chance ! Friande de pucerons, la coccinelle peut en consommer entre 100 et 150 par jour et joue ainsi un rôle majeur dans l’équilibre écologique. «Désormais, bon nombre de jardiniers souhaitant éviter les pesticides optent pour l’utilisation d’auxiliaires de jardins à l’instar des coccinelles», se réjouit le quotidien Le Monde. «Ces insectes sont beaucoup plus efficaces que les solutions chimiques inventées par l’homme. [… ] De plus, leur régulation s’effectue en fonction du nombre de pucerons dans le jardin. Quand ils sont nombreux, la population de coccinelles augmente automatiquement.» Que la nature est bien faite !
Massacre à la coccinelle !
Mais, à la fin des années 1980, pour donner un petit coup de pouce à cette harmonie pourtant parfaite, une nouvelle espèce, originaire de Chine, est introduite en Europe. Plus grande, plus vorace et plus résistante que ses autres congénères. Son nom est harmonia axyridis, la coccinelle asiatique ou coccinelle arlequin. Les pucerons, elle les avale par centaines ! Même à l’état larvaire. Cependant, sous sa carapace de super-héroïne se dévoile son vrai visage : celui d’une meurtrière sanguinaire ! Pour assouvir ses grands besoins, elle ne recule devant rien. Au point de dévorer la progéniture des malheureuses autochtones. Quant à son garde-manger, c’est chasse gardée ! Elle sort son arme infaillible que ne possèdent pas nos coccinelles : un poison ! L’infiltrée en dispose autour des colonies de pucerons pour dissuader tout coccinellidé d’approcher. Un désastre pour nos espèces locales… Faut-il s’inquiéter ? Selon Arnaud Estoup, généticien de l’Inra, «nos coccinelles vont sûrement devenir résistantes et s’adapter. Il reste 60 % de l’espèce, ce qui signifie qu’il y a un potentiel pour qu’elles restituent leur démographie initiale avec le temps. On va laisser faire la nature…» Pourvu, en effet, que la coccinelle asiatique finisse par leur porter chance !
Comment reconnaître la coccinelle asiatique ?
Il suffit de compter les points. L’européenne en a entre deux et sept, en fonction de sa variété, tandis que l’Asiatique peut en avoir jusqu’à dix-neuf ! Cette dernière est aussi plus grande, sa taille pouvant atteindre 1 cm de longueur. Par ailleurs, elle arbore une couleur plus claire (rouge orangé) que la coccinelle de nos contrées qui est rouge vif.
Voir rouge
«Coccinelle» vient du latin «coccinus» qui signifie «écarlate». Sa couleur vise à dissuader tout prédateur de s’approcher en signalant une toxicité potentielle. Ce mécanisme de défense – l’inverse du camouflage – se nomme «aposématisme». La coccinelle est aussi capable de sécréter un liquide jaunâtre à l’odeur pestilentielle et au goût amer. Effet répulsif garanti !
En hiver, tu ne mordras point
Pendant la saison froide, les coccinelles se mettent en hivernation ou diapause. Elles trouvent refuge sous des bûches, planches, pierres, feuilles, écorces, fissures de mur… Gare aux invasions dans les maisons ! Dans la plupart des cas, l’intrue se nomme «coccinelle asiatique», fidèle à sa réputation d’envahisseuse. C’est elle aussi qui mord lorsqu’elle se sent nerveuse. D’autant plus si la population de pucerons, son garde-manger, vient à manquer. Gourmande, elle ne résisterait pas à l’envie de goûter votre main !
Le saviez-vous ?
- Les coccinelles sont à la fois mâles et femelles.
- Une coccinelle peut vivre un an. –
- Elle a deux paires d’ailes. L’ensemble extérieur est la coque dure qui la protège et l’ensemble intérieur est ce qu’elle utilise pour voler.
Cet article est paru dans le Télépro du 12/10/2023
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