Cléopâtre, superstar (rom)antique

Cléopâtre était une légende de son vivant. Sa mort tragique n'a fait qu'ajouter au romanesque qui l'entoure encore aujourd’hui... © RTBF/Fremantle
Alice Kriescher Journaliste

Ce samedi à 21h05 sur La Trois, le documentaire «Le Mystère Cléopâtre, la dernière reine d’Égypte» tente de percer l’énigme qui entoure la vie et la mort de la femme d’État la plus célèbre au monde.

C’est une légende, probablement la dirigeante la plus connue à travers la planète et la muse d’artistes en tous genres, mais que sait-on réellement de Cléopâtre ? Entre mythe et réalité, décryptage.

Reine éclairée

Dans l’imaginaire collectif, que voit-on lorsque l’on prononce le nom de Cléopâtre ? Un nez resté dans l’Histoire, une beauté hors du commun et des amants célèbres. Mais, est-ce là rendre justice à celle qui fut, avant tout, une femme politique déterminée ? N’en déplaise aux esthètes, la femme de pouvoir était réputée pour ses capacités intellectuelles.

«Contrairement à ce que disent la plupart des livres, les auteurs anciens, Plutarque et Dion Cassius en tête, vantent, non sa beauté, mais sa conversation et sa voix», affirme l’historien et spécialiste de l’Antiquité, Maurice Sartre, dans le magazine Géo.

Née en 68/69 avant notre ère, Cléopâtre VII accède au pouvoir en 51, à la tête d’un pays en crise, en proie aux famines et à des luttes internes. Un commandement qu’elle partage d’abord avec ses frères/époux, Ptolémée XIII, qui tombera rapidement en disgrâce, et Ptolémée XIV. La Reine est connue de ses contemporains pour prendre des décisions efficaces, parfois contre l’avis des hommes avec qui elle doit gouverner.

«Elle a tout de suite compris qu’il fallait assurer la prospérité du pays», explique le papyrologue Bernard Legras, auteur du livre «Cléopâtre l’Égyptienne», dans Géo, «elle a donc entrepris toute une série de réformes pour restaurer l’économie.»

Résultat, au contraire de la majorité des Pharaons d’Égypte, aucune révolte populaire massive n’éclate sous son règne.

D’amour et de guerre

Après avoir séjourné deux ans à Rome en compagnie de son amant Jules César et donné naissance à Césarion, Cléopâtre retourne en Égypte à la mort du dictateur romain, en – 44. Mère d’un garçon, elle peut désormais régner seule au nom de son enfant et empoisonne son second époux, Ptolémée XIV.

En – 41, elle entame une liaison avec l’homme politique et militaire romain, Marc Antoine. Si l’association est romantique – le couple aura trois enfants – elle est également stratégique. «Grâce à cette alliance, la reine réaffirme la mainmise de l’Égypte sur Chypre, les côtes syrienne et cilicienne et le royaume de Chalcis», détaille-t-on dans Géo.

Mais cette union politico-amoureuse causera aussi la perte de Cléopâtre, lorsqu’elle prend le parti de son amant dans la guerre civile qui l’oppose à Octave, futur Auguste, premier Empereur de Rome. Lors de la bataille navale d’Actium (31 av. J.-C.), elle est battue par Octave. Une défaite qui entraînera des conséquences sur la réputation post-mortem de la Reine, car, comme le rappelle Bernard Legras, l’histoire est (ré)écrite par les vainqueurs.

«À l’époque, les historiens partisans d’Auguste et de ses successeurs se sont employés à minorer le règne de Cléopâtre pour mettre en valeur la conquête romaine.»

Les adieux à la Reine

Après cet immense revers, la légende raconte que Cléopâtre a choisi de se suicider. Si la souveraine s’est bien réfugiée à Alexandrie après sa défaite, elle a lutté jusqu’au bout pour sauver son peuple et ses enfants. Mais, une fois capturée par Octave, ce dernier aurait poussé la Reine à se donner la mort, afin de ne pas apparaître en meurtrier ou susciter la pitié de son peuple envers la souveraine captive. Orpheline de sa Reine, l’Égypte devient une province romaine en 30 av. J.-C.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/5/2022

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