Chute du mur de Berlin, côté sombre

Berlin, le soir du 9 novembre 1989 © RTBF
Alice Kriescher Journaliste

ll y a trente ans, le mur de Berlin tombait, ouvrant la voie à la réunification d’un peuple séparé pendant quarante ans. 

Pour beaucoup d’entre nous, la chute du mur et la réunification allemande sont associées à un moment d’euphorie : la fin de la dictature et de la Guerre froide, le triomphe de la liberté. Mais qui sait que cette liberté eut un prix élevé ?

Pour ceux qui étaient adultes le 9 novembre 1989, comme pour ceux qui ont étudié l’événement dans des livres d’Histoire, la chute du mur de Berlin est l’un de ces moments charnières gravés à jamais dans notre mémoire collective. Nous avons tous les images en tête : la destruction du mur, la liesse populaire, les retrouvailles entre Est et Ouest, la joie qui inonde les visages… C’est la fin d’un monde et le commencement d’un nouveau tant attendu, celui d’une Allemagne réunifiée.

Et pourtant, l’euphorie des uns peut provoquer le désespoir des autres. Dans le documentaire «Les Espoirs perdus de la réunification», nous découvrons que «l’après» fut beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Fallait-il être un brin naïf pour penser qu’avec la disparition du mur disparaîtraient dans la foulée, côté Est, les stigmates de quarante années passées derrière le rideau de fer ?

«Explosion de l’anarchie dans une RDA à l’agonie, ruée vers une réunification non préparée, augmentation du chômage à l’Est, clash culturel, disparition d’un pays…», raconte «Les Espoirs perdus de la réunification». «Et dans ce chaos, l’apparition d’une nouvelle culture de masse chez les jeunes : le néonazisme.»

Du rêve à la (dure) réalité

Alors que beaucoup voyaient dans la réunification la promesse de jours heureux pour l’Allemagne, la réalité est moins enthousiasmante. Trop d’Allemands se retrouvent soudainement confrontés à la crise, à la précarité et aux désillusions. Un climat propice à la xénophobie.

«Deux ans après la chute du mur de Berlin et la réunification du pays, des actes d’une violence extrême se multiplient. Attaques de foyers de demandeurs d’asile, meurtres d’étrangers et de SDF, monuments juifs saccagés», explique Fabrice Drouelle dans «Affaires sensibles», sur France Inter. «Les auteurs sont à chaque fois des jeunes hommes appartenant de près ou de loin à la mouvance néonazie. Avec près de 80 groupuscules et trois partis politiques principaux, les néonazis sont implantés dans toute l’Allemagne, à l’Ouest, comme à l’Est.»

« Retour aux sources »  propose une soirée spéciale Berlin samedi dès 21:05 sur La Trois.

Ceci est extrait d’un article paru dans le magazine Télépro du 7 novembre 2019

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