Chocolats Menier : ciao cacao…
Des officines à la production de masse, puis au déclin : ascension et chute de la prestigieuse marque française. Ce lundi à 15h45 sur TV5MONDE, un documentaire nous raconte «L’Histoire fondante du chocolat Menier».
Élève brillant du pharmacien Louis Meignan, l’apothicaire Jean-Antoine Brutus Menier a 20 ans lorsqu’il ouvre une première droguerie à Paris en 1816. Grâce à la dot conséquente de sa femme et à son talent de gestionnaire, il démarre une aventure familiale hors du commun.
Pour ses préparations, il parcourt le monde en quête de matières premières. Sur sa lancée, il fournit plus de 15.000 officines en substances de qualité. À l’époque, le chocolat est un produit de santé qui soigne la toux, facilite la digestion…
En 1825, Jean-Antoine s’installe au moulin hydraulique de Noisiel, sur la Marne. Très vite, il saisit que le chocolat a de l’avenir et crée sa production de cacao en poudre, en parallèle des produits de droguerie. En 1836, il lance la première tablette de six barres à grand renfort de petites annonces !
Plus de 2.000 ouvriers
À sa mort, son fils Émile, pharmacien comme lui, achète de nombreux cacaoyers au Nicaragua, des navires et une sucrerie pour contrôler la chaîne jusqu’à l’usine. Il la modernise, l’agrandit et choisit comme emblème le dessin d’une fillette aux longues nattes.
Autour, le visionnaire fait bâtir une cité ouvrière, avec des maisonnettes lumineuses, une ferme d’élevage pour la boucherie locale, une maison de retraite et une école. Émile sera maire de Noisiel, comme ses successeurs durant près de cent ans. La saga se poursuit avec un triumvirat : ses fils – Henri, Gaston et Albert – et sa veuve Claire assurent la relève.
Sous la direction d’Henri, l’usine se développe encore et bénéficie des meilleures innovations. Avec plus de 2.000 ouvriers, elle produit jusqu’à 70 tonnes de chocolat de ménage par jour !
Propriétaire du château de Chenonceau dès 1913, Henri lutte contre les pâles imitations. Son slogan : «Évitez les contrefaçons !». De son côté, Albert constitue l’écurie de courses la plus importante du pays, avec 500 chevaux de compétition, avant de mourir en 1898. Gaston, lui, mène une brillante carrière politique, comme député, puis sénateur. Voisine des Rothschild, la famille Menier vit au parc Monceau, à Paris.
Déclin inévitable
Dans les années 1920, les Menier s’attaquent au marché de la confiserie, face à Lindt et Suchard. C’est un échec. L’entreprise est ensuite secouée par des grèves dès juin 1936.
Après la Seconde Guerre, elle périclite. La 4e génération, les enfants de Gaston, n’innove plus. En 1959, elle affronte les conflits syndicaux et un déficit de 600 millions de francs. Elle vend, à un producteur agroalimentaire, Cacao Barry. La marque est aujourd’hui propriété de Nestlé France. Le groupe a installé son siège social à l’ancienne usine de Noisiel, rénovée et classée monument historique.
Le chocolat à fondre Menier sert toujours à pâtisser dans les foyers français, dans l’ombre de Nestlé Dessert. Le château de Chenonceau est resté au sein des Menier…
Cet article est paru dans le Télépro du 29/4/2021
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