Charles Quint, le Belge !

Charles Quint et ses armoiries © Isopix

Charles Quint régna sur d’immenses territoires, mais c’est en Belgique qu’il passa l’essentiel de sa vie.

Son empire était si vaste que le soleil ne s’y couchait jamais… Samedi à 20h50, Arte revient sur le fabuleux destin de «Charles Quint, le dernier chevalier». Il a régné sur d’immenses territoires à travers l’Europe et les Amériques, mais c’est chez nous qu’il se sentait chez lui.

Un francophone

Charles de Habsbourg naît à Gand en l’an 1500. C’est là que réside son père, Philippe le Beau, duc de Bourgogne et souverain des Pays-Bas. Le petit Charles n’a que quelques mois, en 1501, lorsqu’il est fait chevalier de la Toison d’or à Bruxelles.

À 6 ans, au décès de son père, il hérite des Pays-Bas bourguignons, qui comprennent notamment les comtés de Flandre, de Namur et du Hainaut, les duchés de Brabant, de Limbourg et du Luxembourg. Sa mère, Jeanne de Castille sombrant dans la folie, Charles est confié à sa tante, Marguerite d’Autriche, dont la cour est installée à Malines. C’est là que grandit le futur Charles Quint, entouré de précepteurs francophones parmi lesquels le comte de Chimay ou le seigneur de Chièvres.

À 15 ans, le jeune homme décide de s’affranchir de la tutelle de sa tante. Il s’installe alors dans son palais du Coudenberg, en plein cœur de Bruxelles. Ce sera désormais sa résidence officielle.

Cinq ou Quint

L’année suivante, Charles apprend le décès de son grand-père maternel, Ferdinand II d’Aragon. Il organise alors une cérémonie grandiose en la collégiale Sainte-Gudule pour se proclamer roi des Espagnes depuis Bruxelles. Malgré son nouveau titre, Charles reste Bruxellois avant tout.

La noblesse espagnole n’apprécie d’ailleurs pas ce souverain francophone, qui place ses amis bruxellois à tous les postes importants du royaume. Mais Charles ne s’en laisse pas conter, d’autant que l’Espagne lui ouvre la porte des Amériques…

Au même moment, c’est son autre grand-père qui rend l’âme : Maximilien d’Autriche, empereur du Saint-Empire romain germanique. À 20 ans, Charles hérite donc de ce titre supplémentaire, qui va faire de lui Charles V, que l’on prononce alors Charles Quint.

Le goût de la bière

Charles a l’art de déléguer. Il confie la gestion du Saint-Empire à son frère, des Pays-Bas à sa sœur, et de l’Espagne à son épouse. Cela lui permet de conserver sa résidence principale dans son palais du Coudenberg à Bruxelles, même s’il voyage beaucoup aux quatre coins de son empire.

Charles Quint est très attaché à l’unité de ses territoires. Et à ses yeux, cela passe par une unité religieuse. Sacré par le pape, il est porté par la foi catholique. Or, en ces années-là, le moine allemand Martin Luther va faire vaciller cette belle unité. Peu à peu, des princes du Saint-Empire germanique quittent le giron catholique. Charles Quint pourra-t-il maintenir la paix civile si son empire est traversé par des guerres religieuses ? Il sent son pouvoir vaciller. Il a surtout l’impression d’avoir échoué.

Le 25 octobre 1555, il réunit le ban et l’arrière-ban dans la grande salle de son palais du Coudenberg, et il abdique. Usé et désabusé. Il quitte alors Bruxelles avec l’espoir de trouver la sérénité dans un monastère du fin fond de l’Espagne. Selon la petite histoire, il aurait cependant gardé le goût de la bière de chez nous. Il aurait un jour dit : «Le sang de la vigne me convient bien moins que la fille de l’orge»…

Visitez le Coudenberg

La résidence de Charles Quint, le palais du Coudenberg, se trouvait à deux pas de l’actuel palais royal de Bruxelles. Il a disparu lors d’un grand incendie en 1731. Les restes furent ensuite comblés pour donner naissance au quartier néo-classique que l’on connaît aujourd’hui. Mais en sous-sol, il reste des vestiges du palais d’autrefois et des rues qui l’entouraient jadis… Ça se visite, et c’est surprenant !

Infos : coudenberg.brussels

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 31/12/2020

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