Champignons : ils en ont sous le chapeau !

Ces Armillaria solidipes ne sont que l’expression d’un organisme terré beaucoup plus impressionnant. Le plus gros pèse 400 tonnes ! © Getty Images/imageBROKER RF
Alice Kriescher Journaliste

Jeudi à 21h05 avec le documentaire «Le Monde extraordinaire des champignons», France 5 explore les caractéristiques hors du commun des champignons, aussi mystérieux que fantastiques.

À les voir pousser spontanément dans nos forêts et nos jardins, on en oublierait presque le caractère incroyable des champignons. Découvrons de quoi est fait leur univers et les représentants les plus fascinants de ce règne à part.

Non genré

De l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, le champignon, arrivé sur la terre ferme il y a 450 millions d’années, est considéré comme une plante. D’abord sans équivoque, puis sous le terme de « plante imparfaite » compte tenu de son immobilité. En 1969, l’écologue américain Robert Harding Whittaker décide de les exclure du règne botanique en créant, pour eux, une classe à part, celle du « Fungi », fongique ou mycète. Dès cette époque, la question se pose alors : les champignons sont-ils des végétaux ou des animaux ? En réalité, un peu des deux. « Les cellules ont des parois comme les végétaux, mais elles n‘ont pas de chloroplaste (ndlr : ce qui permet la photosynthèse) ; mais le champignon est hétérotrophe : il se nourrit comme un animal (ndlr : de matière organique extérieure) », précise le magazine Futura Sciences. Et si l’on voulait tout de même trancher ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, « les champignons sont plus proches des animaux que des plantes sur le plan évolutif », indique l’un des rapports des Jardins botaniques royaux de Kew (près de Londres). « Nous partageons ainsi un ancêtre commun plus intime que celui qui lie les plantes aux champignons. »

Alliance souterraine

Des terres émergées aux océans, notre planète abriterait environ 1,5 million d’espèces de champignons, avec 1.000 à 2.000 nouvelles têtes découvertes chaque année. Tout ce petit monde est réparti en trois grandes catégories. Les décomposeurs, qu’on trouve dans les forêts, sous des bois morts, les pathogènes, qui s’attaquent aux végétaux, et les symbiotiques. Il y a 180 millions d’années, cette troisième catégorie a appris… à parler aux arbres ! « Ces champignons symbiotiques prospectent le sol et absorbent les éléments minéraux qu’ils transfèrent à la plante pour la nourrir », explique le Français Francis Martin, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique. « En échange, la plante va rétribuer ses champignons symbiotiques en glucose, indispensable à leur respiration, leur fonctionnement. »

Merci les champis !

Nous devons une fière chandelle aux champignons, et pas seulement parce qu’ils agrémentent une omelette : c’est grâce à eux que nous sommes sur Terre ! Il y a plus de 400 millions d’années, ils ont facilité la colonisation des continents par les plantes et la naissance des forêts indispensables à notre survie. « Sans champignon, la vie ne se manifesterait que sous forme de bactéries. Nous n’aurions pas de quoi manger, pas de quoi respirer ou alors difficilement… », explique Guillaume Lopez, mycologue, au magazine Terres et Territoires.

Palace de Schtroumpf

Loin devant l‘éléphant (et même la baleine), le plus gros organisme vivant terrestre est un champignon. Ceux que nous connaissons, avec leur pied et leur chapeau, ne sont en réalité que la partie visible, les fruits éphémères d’un gigantesque réseau de filaments. Si l’on prend en compte l’ensemble, à savoir le caché et le visible, les proportions peuvent alors devenir incroyables. Jugez plutôt : le plus grand champignon au monde, un Armillaria solidipes, couvre pas moins de 890 hectares pour un poids total de 400 tonnes ! Situé dans l’Oregon, ce géant serait vieux de plus de 2.000 ans, ce qui en fait également l’un des êtres vivants les plus anciens au monde.

Bouh !

Et si, à l’approche d’Halloween, vous décidiez de distribuer des champignons à la place des traditionnels bonbons ? L‘hydnelle de Peck, par exemple, surnommée « dent qui saigne », est agrémentée de petites boules rouges ressemblant à des gouttes de sang.

Visuellement impressionnant, l’hydnelle de Peck n’est pas considéré comme toxique. Mais son goût amer et piquant lui vaut d’être plus apprécié pour son aspect que pour sa chair ! © Getty Images/500px Plus

Ou l‘Anthurus d‘Archer, dit les « doigts du diable » ou « champignon pieuvre ». D’abord semblable à un « œuf » blanchâtre avant d’ « éclore », il prend l’apparence de plusieurs « tentacules ». A contrario, le Mycena chlorophos ravira les yeux avec ses propriétés bioluminescentes lui donnant une lueur verte féerique lorsque l’obscurité tombe.

Pourcentage à éviter

L’amanite phalloïde, aussi appelée « calice de la mort », très répandue en Europe, est la première responsable des morts par intoxication à travers le monde en détruisant le foie et en endommageant les reins. « Des personnages historiques en ont fait les frais, comme l’empereur romain Claude ou Charles VI de Habsbourg. À ce jour, aucun antidote n’est connu. »

Si seul 1 % des champignons est mortel, l’amanite phalloïde en est une glaçante représentante © Universal Images Group via Getty Images

Avant de manger la récolte d’une cueillette, soyez donc vigilant. 20 % des champignons seraient toxiques, 1 % serait mortel. Pour être (presque) sûr de votre coup, n’hésitez pas à vous munir du « Grand guide Larousse des champignons ». Pour les plus connectés, il y a, notamment, le compte Instagram de Guillaume Lopez, « zenno.nature ». Ce dernier fournit des conseils pour dénicher des champignons comestibles, mais aussi pour en tirer les meilleures vertus médicinales.

À lire

Thomas Laessoe et Bruno Porlier, « Le Grand guide Larousse des champignons »,
360 pages,
22,90 € (Larousse)

Cet article est paru dans le Télépro du 17/10/2024

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici