C’est la jungle… urbaine !
À Istanbul, des centaines de milliers de chats déambulent dans les rues. Loin d’être considérés comme des indésirables, ils sont vénérés par les habitants. Un sujet évoqué ce samedi à 18h sur Arte dans «360° Reportage – Istanbul, la ville des chats».
Si nous nous sommes habitués à côtoyer pigeons, chats errants et petits rongeurs dans nos centres urbains, nous sommes moins enclins à partager notre trottoir avec un renard, un ours ou un coyote. Et pourtant, cette population issue de la faune sauvage est de plus en plus présente dans nos métropoles. Petit tour d’horizon des villes en passe de devenir de véritables ménageries !
Espèce envahissante
L’être humain est prompt à qualifier certaines espèces animales d’«envahissantes». Pourtant, nous ne sommes pas les derniers à prendre toujours plus de place. Aujourd’hui, l’afflux d’animaux sauvages dans les centres urbains est en grande partie imputable à l’expansion humaine. «Tandis que certaines espèces disparaissent, d’autres parviennent à s’adapter en profitant des ressources que ce nouvel environnement leur procure, en se nourrissant, par exemple, dans les poubelles débordantes de nos villes», constate le média Lumières de la Ville. «Il est aujourd’hui essentiel de trouver des solutions pour parvenir à cohabiter sans danger, que ce soit pour les animaux sauvages ou pour les citadins.»
Chats pachas
Dans le documentaire diffusé sur Arte, l’animal qui a pris possession d’Istanbul est donc le chat. Certes, on a vu plus exotique. Mais, ce qui impressionne ici, c’est leur nombre : au moins cent mille. S’ils ont conservé leur instinct sauvage et ne se prélassent en rien dans les salons domestiques, les félins de la plus grande ville de Turquie sont cependant abondamment entretenus par les Stambouliotes qui n’hésitent pas à leur consacrer temps et argent. Une sacralisation qui posséderait une explication religieuse. «Il y a beaucoup de références au prophète Mahomet et aux chats qui l’auraient sauvé d’une morsure de serpent venimeux», détaille Ceyda Torun, réalisatrice d’un documentaire sur le sujet. «On raconte aussi comment sa chatte Muezza s’endormait sur le bas de son habit. Quand il devait partir pour la prière, il préférait couper le tissu, plutôt que la réveiller.»
Ours bien léchés
Vous sursautez à la vue d’une araignée ? Imaginez votre réaction si vous deviez vous retrouver face à un ours ! Cette situation, impensable pour un citadin, est pourtant bien réelle pour les habitants d’Asheville, en Caroline du Nord (États-Unis). Là, on ne compte plus le nombre de vidéos qui témoignent de leurs rencontres avec les ursidés. Étonnamment, l’animal sauvage s’est particulièrement bien adapté et parvient même à hiberner au beau milieu des bruits du trafic routier. «L’expansion des villes et des banlieues a englouti de vastes zones de l’habitat de l’ours, ne laissant aux animaux d’autre choix que de s’adapter à la vie avec des voisins humains», explique le National Geographic. Une adaptation vérifiable par les chiffres : en 2022, la population d’ours noirs en Amérique du Nord est grimpée à près de 800.000 individus.
Maître renard
Que ce soit en Allemagne, à Stuttgart, en Angleterre, à Londres, ou chez nous, à Bruxelles, les renards prennent peu à peu possession de la ville et des jardins citadins. Dans notre capitale, le renard roux, qui y a élu domicile à partir des années 1980, est présent dans au moins dix-neuf communes. Inoffensifs pour l’homme, ils seraient aujourd’hui environ trois mille à évoluer dans les différents quartiers bruxellois, un chiffre néanmoins difficilement vérifiable. «Nous recommandons de ne pas les nourrir car ce sont des animaux sauvages qui doivent continuer à chasser», alerte Guy Rotsaert, naturaliste au département biodiversité de Bruxelles-Environnement, dans les pages de la DH. «On ne veut pas que le renard devienne une espèce apprivoisée qui rentre dans les habitations, à l’instar d’autres animaux domestiques.»
Bip bip !
À Chicago, les habitants se sont habitués à s’endormir avec un fond sonore particulier : le hurlement des coyotes. S’ils sont présents dans tout le pays, hormis à Hawaï, c’est à Chicago que cet animal originaire des Grandes Plaines de l’Amérique du Nord et du Canada est réellement devenu emblématique. La plus grande ville de la région du Midwest abriterait, en effet, pas moins de quatre mille spécimens. Stan Gehrt, un écologue de l’université d’État de l’Ohio, étudie le phénomène depuis le début des années 2000. «Nous sous-estimons constamment cet animal et sa capacité à s’ajuster et à s’adapter», explique-t-il au National Geographic. «Par exemple, les collisions avec des véhicules sont la principale cause de mort des coyotes de Chicago, mais ils ont désormais appris à éviter les voitures et même à comprendre les feux de circulation.»
Grillons en manque
Certains animaux inhabituels sont apparus dans nos villes, tandis que d’autres les ont quittées. C’est le cas des grillons domestiques. Très présents dans le métro parisien jusqu’au début des années 1990, ces petits insectes ont peu à peu disparu. À l’époque, la Ligue de protection des grillons du métro parisien (LPGMP) accuse, entre autres, la loi Evin. À partir de 1992, ce texte interdit, notamment, de fumer dans le métro, ce qui aurait privé, selon la LPGMP, le petit animal d’un de ses mets de prédilections : le mégot de cigarette ! Une explication peu plausible selon les entomologistes, qui expliquent plutôt cette disparition par le replacement progressif du ballast sur les voies par du béton, matériau qui conserve moins la chaleur dont raffole le grillon.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/8/2023
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