Ces tifs qui décoiffent !
Samedi, Arte tente de percer le secret des cheveux les plus longs du monde. L’occasion de revenir sur d’étonnantes tendances.
Beaucoup attendent avec impatience la réouverture des coiffeurs, dépités face à une tignasse à l’abandon. Partout et depuis toujours, les cheveux sont loin de n’être que des «poils sur le caillou». Dans les traditions et modes capillaires : petit tour du monde non exhaus’tif !
Raiponce chinoises
Le village de Huangluo (sud-ouest de la Chine) abrite l’ethnie Yao. Ce ne sont pas ses 2.000 ans d’existence qui font sa réputation mais la longueur des cheveux de ses femmes. Depuis des générations, elles ne se coupent les cheveux qu’une fois, à 18 ans, marquant ainsi leur passage à l’âge adulte. Si la plupart de ces Raiponce ont des chevelures de plus d’un mètre, certaines mesureraient le double. Leur secret pour conserver des cheveux forts et soyeux serait de les laver dans l’eau de cuisson du riz. En 2004, une autre Chinoise, Xie Qiuping, est entrée dans le Guinness des records avec une crinière de 5,627 m de longueur !
Coupe mulet
Popularisée dans les années 1970, notamment par les rockeurs Paul McCartney et David Bowie, cette coupe consistant à porter les cheveux longs dans la nuque et courts sur le dessus se répand ensuite dans le star system, des sportifs aux acteurs, puis auprès du public. Après une brève résurgence sur la tête des danseurs de tecktonik dans les années 2000, le mulet fait son come-back. Notre pays a eu l’honneur d’organiser le premier festival européen de la coupe mulet en 2019. Chez les «people», nombre de célébrités l’ont adoptée : Rihanna, Miley Cyrus, Billy Hargrove (personnage de «Stranger Things»), Joe Exotic (éleveur de tigres star de Netflix)… Ces influences et la fermeture actuelle des coiffeurs se remarquent sur le Net : selon le site anglais Standard, la recherche «Comment se faire une coupe mulet ?» a augmenté de 1.124 % à partir du premier confinement !
Dreadlocks
Les dreadlocks, ces mèches de cheveux emmêlées, sont souvent associées au mouvement rastafari (années 30), mais leur histoire est plus ancienne. Parfois désignée comme «plus vieille coiffure du monde», cette coupe était adoptée par de hauts dignitaires de l’Égypte antique, comme l’attestent des momies. Les Védas, plus anciens textes religieux de l’hindouisme (XVe s. av. J-C), y font aussi référence. Ils décrivent le dieu Shiva avec «des boucles longues et emmêlées». C’est à la fin des années 1950 qu’apparaît le nom de «dreadlocks», littéralement «mèches de la peur». Elles sont d’abord portées par les rastas (adeptes du rastafari, mouvement messianique de Jamaïque prédisant l’avènement d’un roi noir en Afrique), sur base d’un passage de la Bible : «Aussi longtemps que le voué à Dieu sera consacré par son vœu, le rasoir ne passera pas par sa tête.» Les dreadslocks se répandent ensuite dans la culture occidentale, popularisées par le succès du reggae et ses leaders, tel Bob Marley. Choix esthétique ou affirmation identitaire, les locks contiennent bien des symboles.
Pinceau souvenir
Chez nous, il n’est pas rare que des parents, par nostalgie, conservent une mèche de cheveux de leur bébé. La première coupe est un événement marquant dans bien des sociétés. Si certaines les brûlent, les enterrent ou les cachent, le Japon a une coutume différente. Les mèches des nourrissons, douces et délicates, servent à réaliser un «aka-chan fude», un pinceau de calligraphie unique, gravé du nom et de la date de naissance de l’enfant. Cette tradition centenaire, issue du bouddhisme, lui apporterait chance, intelligence et une croissance saine et heureuse.
Cet article est paru dans le Télépro du 4/02/2021.
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