Ces grandes dames de la science
Les femmes sont peu représentées dans le milieu scientifique. Toutefois, certaines ont su se faire un nom parmi les hommes, comme le rappelle le magazine «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI.
Dès l’Antiquité
Marie Curie, l’une des scientifiques les plus célèbres au monde et seule femme à avoir reçu deux prix Nobel, est vue comme une pionnière. Pourtant, dès l’Antiquité, des femmes se sont illustrées dans des domaines alors réservés aux hommes.
Au IVe siècle, Hypatie d’Alexandrie est une mathématicienne et philosophe grecque reconnue. Après avoir suivi un enseignement à Athènes, elle prend la direction de l’école néoplatonicienne d’Alexandrie, mais elle meurt assassinée en 415.
Bien avant elle, une autre femme grecque a brillé dans la médecine. Au IVe siècle avant notre ère, une certaine Agnodice rêve de pratiquer cet art réservé aux hommes. Une légende, rapportée par l’auteur latin Hyginus au Ier siècle, raconte que la jeune Athénienne s’est rendue à Alexandrie, où le Grec Hérophile enseignait aux deux sexes, pour obtenir son diplôme. De retour à Athènes, la jeune médecin prend le nom de Miltiade et se déguise en homme pour pratiquer. Après être devenue le gynécologue le plus réputé de la cité, elle se voit accuser par ses confrères d’entretenir des relations impures avec ses patientes. Pour se défendre face aux juges, Agnodice se dévêtit, mais est quand même condamnée à mort pour pratique illégale de la médecine. Soutenue par ses patientes, elle est finalement acquittée et la cité grecque autorise, l’année suivante, les femmes à pratiquer la médecine.
La première universitaire
Si, aujourd’hui, les femmes sont nombreuses sur les bancs des universités, cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps, ces cours ont été réservés aux hommes. En 1678, Elena Cornaro Piscopia devient, non sans mal, la première femme titulaire d’un diplôme universitaire. Elle étudie durant plusieurs années la théologie et la philosophie à l’université italienne de Padoue.
Mais le chancelier de l’institution refuse de lui accorder un doctorat en théologie sous prétexte qu’elle est une femme. Le père de la brillante étudiante la soutient et un compromis est finalement trouvé : Elena obtient un doctorat en philosophie, mais se voit refuser le droit d’enseigner à l’université !
À la conquête de l’espace
En janvier, l’agence spatiale russe Roscosmos a annoncé son intention d’envoyer, d’ici quelques mois, sa seule femme cosmonaute en activité, Anna Kikina, à destination de la Station spatiale internationale. Dans ce secteur très masculin, les femmes ont dû batailler pour se faire une place. En juin 1963, Valentina Terechkova était devenue la première femme dans l’espace de l’Histoire.
Elle a été suivie par Svetlana Savitskaïa, la première à effectuer une sortie dans l’espace, en juillet 1984. Quant à Elena Kondakova, elle a effectué une mission de cinq mois à bord de la station orbitale Mir entre 1994 et 1995, une mission considérée comme le premier vol de longue durée effectué par une femme.
Enfin, outre-Atlantique, Katherine Johnson, malgré son genre et sa couleur de peau, a mené une brillante carrière à la Nasa. Les calculs de cette mathématicienne noire-américaine ont notamment permis de déterminer la trajectoire d’Apollo 11 qui a vu atterrir Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune en juillet 1969.
Les oubliées de la science
La physicienne Lise Meitner qui a travaillé sur la fission nucléaire, la biologiste Rosalind Franklin à l’origine de la découverte de l’ADN, Marthe Gautier pour la découverte de la trisomie 21, Mileva Mariæ pour ses travaux sur la théorie de la relativité aux côtés de son mari Albert Einstein… Toutes ces femmes scientifiques partagent un point commun : elles sont victimes de ce que l’historienne des sciences Margaret Rossiter a nommé «l’effet Matilda».
Dans les années 1980, cette dernière approfondit la théorie du sociologue Robert Merton, selon laquelle certains personnages sont souvent reconnus pour leurs travaux au détriment des collaborateurs. Cette renommée inégalement partagée est alors appelée «l’effet Matthieu», inspirée par cette phrase de l’Évangile de saint Matthieu : «On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.».
L’historienne américaine va plus loin et remarque que ce phénomène est décuplé quand il concerne des femmes. Elle nomme sa théorie «effet Matilda», en hommage à la militante féministe du XIXe siècle Matilda Joslyn Gage, qui avait été la première à dénoncer le manque de reconnaissance des femmes dans les sciences.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/2/2022
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