Ce jour où le franc fit place à l’euro
La monnaie commune a 20 ans, et une très longue histoire. Ce mardi à 22h25, Arte revient sur «L’Épopée de l’euro».
Le moment est historique et Didier Reynders en a conscience. Tout sourire, le ministre des Finances du gouvernement de Guy Verhofstadt a rassemblé dans sa bonne ville de Liège le gratin de la finance européenne pour un exceptionnel Conseil informel des ministres des Finances (Ecofin).
Sur la photo de famille, le sémillant quadragénaire pose fièrement au premier rang. À ses côtés, on reconnaît entre autres Wim Duisenberg, le président de la Banque centrale européenne, le ministre français des Finances, Laurent Fabius, et Guy Quaden, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique.
Mais les vedettes, sont ailleurs. Les photographes et les cameramen ont leurs objectifs rivés sur les précieux spécimens que ces hommes leur présentent solennellement : les futurs billets et pièces libellés en euros.
Nous sommes le 21 septembre 2001. À l’époque, pour le commun des Européens, et des Belges notamment, il est encore difficile de réaliser qu’il a sous les yeux cette fameuse monnaie qui va bientôt remplacer ses pièces de 1, 5, 10, 20 ou 50 francs et que pour tous les billets de banque, l’heure de la retraite a aussi sonné.
C’était il y a vingt ans : mon Dieu, comme le temps a passé. Avec «E» comme «espoir» Pour en arriver là, la route a été longue. L’idée de départ était pourtant très simple. Comme le rappelle le site Internet officiel de l’Union européenne, «il est plus facile de faire du commerce dans un marché commun si on utilise une monnaie commune».
Économiquement, celle-ci permet de lutter contre le coût des opérations de change, met un terme à l’instabilité des monnaies nationales des pays de l’Union européenne (et protège le marché intérieur). Elle renforce aussi la compétitivité internationale des entreprises européennes et offre plus de choix et de possibilités aux consommateurs.
D’un point de vue politique, le site d’information Vie-publique.fr met en avant un côté très symbolique : «l’approfondissement de l’intégration européenne par ce transfert d’un élément essentiel de la souveraineté des États à l’Union». Pour les plus européens, cette union monétaire est donc aussi porteuse d’un espoir, celui d’entraîner, à terme, une union politique.
L’euro fait l’union
Plus facile à dire qu’à faire. Exprimée dès le début de la construction européenne par le Français Jean Monnet, un des pères de l’Europe, l’idée met du temps à prendre forme. Maintenir la stabilité des prix, stimuler le commerce, les investissements, contrer le roi dollar… : les avantages de la monnaie unique semblent évidents.
Pourtant, le temps passe. Jusqu’au 7 février 1992. Ce jour-là, à Maastricht, douze États membres de la Communauté signent le Traité sur l’Union européenne. Celui-ci ne fait pas qu’instaurer une plus grande coopération entre les pays signataires. Il pose aussi les jalons de la monnaie unique européenne au cœur d’une «zone euro» qui compte aujourd’hui dix-neuf pays.
1er janvier 2002
Il faudra encore «un certain temps» pour que l’euro devienne une réalité sonnante et trébuchante pour les citoyens de cette zone. Rien que pour donner un nom à cette monnaie, ça piétine.
Au départ, on pensait qu’«ecu» (European Currency Unit) tenait la corde. Le 16 décembre 1995 à Madrid, c’est le terme «euro» qui est retenu. Il est officiellement lancé le 1 er janvier 1999, mais reste une «monnaie» invisible pendant près de trois ans.
Retour en septembre 2001 et à cette photo de famille prise à Liège. Les billets et les pièces présentés à la presse sont enfermés dans leurs écrins transparents. Plusieurs mois seront encore nécessaires pour qu’ils en sortent et viennent remplir nos poches : après plus de quarante années de négociations, de traités, de tergiversations, l’euro est introduit le 1er janvier 2002. Aujourd’hui, 341 millions de personnes l’utilisent chaque jour.
Cet article est paru dans le Télépro du 11/11/2021
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