Cascadeur : l’amour du risque

Un métier pas comme les autres © Getty Images

Ce jeudi à 19h50 sur RTL tvi, «Tout s’explique» évalue les dangers du métier de cascadeur. Et entre dans les coulisses.  

Attention à la marche

Un cascadeur a ses préférences, donc ses spécialités. Certains sont plus attirés par les combats, d’autres par les voitures ou par… les chutes dans les escaliers. Jennifer Lamb, cascadeuse et coordinatrice de cascades pour la télé et le cinéma américains, aime prêter attention à la marche. Elle a tant aiguisé son œil que son savoir-faire a envahi sa sphère personnelle. «J’en suis venue à enseigner à mes enfants comment bien tomber en cas de faux pas !», dit-elle au New York Post. «Et lorsque je feuillette un magazine de décoration, je peux dire tout de suite si les escaliers d’une maison sont sécurisés !»

En feu !

Sur une séquence d’incendie, un cascadeur doit porter plusieurs couches de matériaux ignifuges, des gants et une cagoule équipée d’un mini réservoir d’oxygène. Le tout est enduit d’un gel inflammable. Tout doit être étudié à l’avance : «chorégraphie», chronométrage, présence d’extincteurs et de pompiers. Selon Rowley Irlam qui détient le record d’une scène avec le plus grand nombre de personnes en feu, tournée pour la saison 5 de «Game of Thrones» : «Outre le risque de brûlure et de désorientation, il ne faut inhaler aucune flamme et retenir son souffle. Le cascadeur ne doit pas rester plus de 15 secondes en feu.» 

Rembourrage obligatoire

Malgré leur savoir, les casse-cous doivent protéger leur corps en s’équipant notamment de : coudières, genouillères, coussinets pour les fesses et le dos. Ces derniers doivent souvent être minces pour rester invisibles à l’écran et sont alors composés de gel spécial. Les cascadeuses mettent aussi des manchons en fausse peau humaine quand il leur faut doubler une actrice vêtue d’une robe sans manches. Et ont l’obligation de bien s’entraîner en cas de port de hauts talons !

Actrices casse-cous

Beaucoup d’acteurs exécutent eux-mêmes leurs cascades, comme Tom Cruise ou feu Jean-Paul Belmondo. Les comédiennes sont tout aussi courageuses. En 2010 et 2013, Chloë Grace Moretz a incarné Hit Girl dans «Kick Ass» 1 et 2. Encore adolescente, elle a insisté pour s’essayer aux cascades. La production l’y a autorisée après avoir constaté sa dextérité. Un gymnaste l’a doublée pour les sauts trop complexes. Angelina Jolie a pris des risques dès le tournage de «Lara Croft : Tomb Raider» (2001). Elle ne le regrette pas : «J’ai eu trois mois pour voir ce que je pouvais faire. Et j’encourage tout le monde à le faire, repoussez vos limites, voyez ce dont vous êtes capables. Il est important de faire ses propres cascades pour une actrice, car le public connaît la différence et sait si cela semble réel ou pas.»

Faire carrière

Les Belges peuvent désormais étudier le métier. Depuis 2016, Jump It, à Anderlecht, enseigne différentes techniques (mécaniques et physiques) dont le «parkour» (art du déplacement). Et, à 60 km de notre frontière, en France (Le Cateau-Cambrésis), le CUC, Campus Univers Cascades, est devenu l’une des écoles internationales les plus réputées. On y apprend à casser des vitres, esquiver de fausses balles ou bombes factices, à monter et descendre de voitures en marche, bondir et retomber sur un capot, donner et recevoir des coups sans être blessé ou blesser autrui, etc. Le tout de manière convaincante en sachant aussi avoir une bonne hygiène vie (alimentation, sommeil) afin d’être toujours précis, concentré et vigilant.

Taxi 2 : le cauchemar

En 1999, Rémy Julienne, cascadeur chevronné (1.400 films à son actif), assure les effets sur «Taxi 2». Mais une Peugeot 406 censée faire un vol plané retombe en blessant un technicien et en tuant un autre… Au terme d’un long procès où s’affrontent le réalisateur, les producteurs (dont Luc Besson) et Rémy Julienne, la Cour estime qu’il y a eu négligence de la part de chacun : manque de précision, de préparation à cause des coûts, etc. En 2011, les coupables d’«homicide involontaire» sont condamnés à payer solidairement 60.000 € à la famille de la victime. Rémy ne s’en remettra jamais. Il est décédé du covid en 2021, à 91 ans. 

Cet article est paru dans le Télépro du 18/5/2023

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