Casanova, bourreau des cœurs et voyageur

Lundi soir sur France 3, Casanova s’offre une dernière séduction (Vincent Lindon et Stacy Martin) © France 3/Les Films du Lendemain/JPG Films/Wild Bunch/Les Films du Fleuve/Cohen Media Group

Liaisons, voyages, emprisonnements, arnaques… La vie de Giacomo Casanova (1725-1798) a tout d’un scénario. Pas étonnant donc que son incroyable existence ait maintes fois inspiré le 7e art.

Son nom évoque passion torride et séduction imparable. Mais saviez-vous qu’il avait été homme d’Église ? Lundi à 23h05 sur France 3 dans «Dernier amour», Vincent Lindon enfile le costume de Casanova et tente de gagner le cœur d’une courtisane inaccessible à Londres. En attendant de nous laisser, nous aussi, charmer, retour sur le parcours et la postérité de cette figure mythique de l’Europe des Lumières.

Fils de…

Giacomo Girolamo Casanova naît le 2 avril 1725 à Venise de parents comédiens, souvent sur les routes. De constitution fragile, le petit garçon est confié à sa grand-mère. À 9 ans, il est envoyé en pension à Padoue. Il y étudie le droit avant de rentrer chez lui pour prononcer ses vœux et devenir abbé. Mais un sermon un peu trop arrosé et son goût naissant pour les femmes ont raison de sa carrière ecclésiastique.

Prisonnier

Casanova enchaîne alors les (més)aventures. Dont quelques-unes vont forger sa réputation. Ainsi, en 1755, l’hédoniste séduit une religieuse, déjà maîtresse de l’ambassadeur de France à Venise. N’ignorant pas que les inquisiteurs de l’État l’ont dans leur viseur, il refuse pourtant de fuir. Le 26 juillet, il est arrêté et enfermé à la prison des Plombs pour libertinage, athéisme, occultisme et appartenance maçonnique. Mais Giacomo parvient à s’échapper. Un cas unique pour cette geôle.

Aventurier

Militaire à Constantinople, violoniste à Venise, franc-maçon à Lyon, alchimiste et expert en sciences occultes à Paris, espion pour l’Italie… Rien n’est trop extravagant pour notre homme. De la Suisse à la Russie, des Pays-Bas à l’Angleterre, de la Belgique à la Pologne, Casanova voyage au gré de ses petits boulots, de ses démêlés et de ses amours. Et rencontre certains grands noms de son époque : Voltaire, Rousseau, Richelieu, Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie, Mozart et le pape Clément XIII.

Pas un don Juan

Il croise bien sûr la route de quelques femmes. Selon le séducteur, 142 auraient succombé à ses charmes. Mais Casanova n’est pas comme le personnage cynique, égoïste, narcissique et immoral de Molière. Sur France Culture, Lydia Flem, écrivain et psychanalyste, l’affirme : «On imagine toujours que Casanova est un don Juan, or il est exactement l’inverse, il est sincère, il aime. (…) Casanova veut un amour joyeux, un amour léger et il aimerait que ce soit partagé. Il aime rencontrer des partenaires qui veulent la même chose que lui, et pas des partenaires qu’il faut forcer, cela ne l’intéresse pas, il veut un échange.»

Thérapie par le souvenir

À l’approche de la cinquantaine, Casanova prend une résolution : trêve de séduction, il sera un grand écrivain. Mais ses productions reçoivent un accueil mitigé. Casanova sombre. En guise de traitement, son médecin lui conseille «une thérapie par le souvenir», comme la qualifie Maxime Rovère dans la biographie qu’il consacre au Vénitien. C’est ainsi qu’il commence, au milieu de l’année 1789, la rédaction, en français, de sa plus grande œuvre : «Histoire de ma vie». Le manuscrit, à la hauteur du personnage, compte plus de 3.500 pages.

Massacre à la traduction

Lorsque Casanova meurt le 4 juin 1798, il confie son récit au mari de sa nièce. Après avoir refusé une première proposition de rachat, la famille, victime d’une crise économique, s’en défait contre une somme bien plus modeste.

C’est l’éditeur Friedrich Brockhaus qui en fait l’acquisition. Le texte est traduit en allemand et expurgé des passages jugés choquants, puis publié dans une édition française, elle aussi nettoyée de ses italianismes et extraits licencieux. Bien qu’à l’index des livres interdits, «L’Histoire de ma vie» est mise à l’abri des bombardements nazis pendant la guerre…

Puis il faut attendre 1960 pour qu’une édition intégrale en français d’après le texte authentique soit publiée par Brockhaus, en collaboration avec la maison d’édition Plon. En 2007, l’éditeur allemand décide de vendre le manuscrit. La Bibliothèque nationale de France est plus qu’intéressée. En 2009, un mécène anonyme lui fournit enfin les 7,25 millions d’euros nécessaires à son acquisition, la plus importante jamais réalisée par la BnF.

Cet article est paru dans le Télépro du 14/7/2022

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