Cap sur les forts maritimes !

Le Fort Louvois © Isopix
Stéphanie Breuer Journaliste

À partir du XVIIe siècle, le littoral français se pare d’impressionnantes fortifications militaires pour barrer la route aux ennemis venus des mers.

Le Fort Louvois, le Fort Enet, le Fort Cézon ou l’incontournable Fort Boyard. À partir du XVIIe siècle, la France se dote d’imposantes forteresses maritimes, capables de résister aux violentes tempêtes et aux boulets de canon ennemis. De Cherbourg à la Charente, en passant par Saint-Malo, un documentaire intitulé «Forteresses maritimes, les derniers remparts» (mardi 21.55, La Une) s’intéresse à ces remparts qui ont nécessité des trésors d’ingéniosité et des nouvelles prouesses de la part des architectes et des ingénieurs maritimes.

Au début du Moyen Âge, les côtes françaises – du moins la façade atlantique – sont relativement paisibles. À cette époque, la guerre est encore une activité avant tout terrestre. Les châteaux forts fleurissent sur tout le territoire français, tandis que le littoral reste peu défendu et vulnérable. Au fil des siècles, la France doit composer avec l’ennemi anglais, dont la flotte est la meilleure défense, et qui considère la côte française comme sa frontière.

Bâti au XIVe siècle sur une pointe rocheuse s’avançant dans la Manche au bout du cap Fréhel, le Fort La Latte est l’archétype des premières fortifications maritimes. Avec son pont-levis et ses remparts dotés de meurtrières, il n’est en fait qu’un simple château fort construit au bord de l’eau.

Un peu plus à l’Est, une autre cité portuaire occupe une position stratégique. Menacée d’abord par les raids vikings, puis cible privilégiée des flottes anglaises et hollandaises, Saint-Malo se dote d’abord d’une enceinte fortifiée. Mandaté par Louis XIV, Vauban va y construire, à quatre kilomètres de la côte, la plus ambitieuse de ses forteresses maritimes, le Fort de la Conchée, contre l’avis de tous les Malouins pensant qu’un fort en haute mer ne résisterait pas plus d’une année aux terribles tempêtes hivernales. Pourtant, avec ses murs épais de plus de quatre mètres, l’édifice a prouvé qu’il était aussi solide que le roc sur lequel il est bâti.

Une digue pharaonique

Situé au bout de la péninsule du Cotentin, au plus près des côtes anglaises, Cherbourg est «l’une des clés les plus importantes de l’État» selon les mots de Vauban. Pour protéger le port, une digue de 3.800 m est construite au large des terres, par quinze mètres de fond.

Débuté en 1783 par Louis XVI et achevé en 1853 par Napoléon III, ce chantier ambitieux doit beaucoup à l’ingénieur Louis-Alexandre de Cessart. Son idée ? Construire des cônes en bois de 20 mètres de hauteur, les couler côte à côte en mer et les remplir de pierres.

La digue de Cherbourg constitue aujourd’hui la deuxième plus grande rade artificielle du monde (après celle de Ras Laffan au Qatar). Si elle sert à protéger des grandes houles, elle n’aura finalement jamais servi à prévenir les attaques anglaises car les travaux s’achèvent au moment de l’Entente cordiale entre la France et l’Angleterre.

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Le Fort de l’inutile

«Sire, il serait plus facile de saisir la Lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne», aurait dit Vauban à Louis XIV qui projetait de construire un fort sur un banc de sable entre les îles d’Aix et d’Oléron.

L’idée est reprise en 1804 par Napoléon Bonaparte, qui, après «l’Affaire des Brûlots» (lorsque les Anglais détruisent la flotte française dans l’estuaire de la Charente), arrête la construction. Le magnifique ouvrage est finalement achevé en 1857, à une époque où les progrès de l’artillerie le rendent complètement… inutile !

Après avoir coûté près de huit millions de francs, le Fort Boyard devient une prison militaire, avant de devenir la star de cinéma et de télévision que nous connaissons.

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Sur la Baltique

Plus au nord, les pourtours de la mer Baltique comptent, eux aussi, leur lot de forteresses maritimes. Parmi eux, celle de Suomenlinna, dans la capitale finlandaise, est inscrite à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Constituée d’un archipel de six îles, cette base navale destinée à protéger la rade d’Helsinki des Russes a été construite au milieu du XVIIIe siècle alors que la Finlande était encore rattachée au Royaume de Suède.

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Bouclier antinazi

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Angleterre décide de protéger la Tamise, couloir aérien privilégié de l’armée de l’air nazie pour bombarder Londres. À l’entrée de l’estuaire, au large des côtes anglaises, la Royal Navy construit sept petites tours fortifiées : les Forts Maunsell, du nom de l’ingénieur Guy Maunsell qui les a imaginées.

Abandonnés à la fin de la guerre, ces étonnants forts connaissent une seconde vie dans les années 1960, lorsque les animateurs d’une radio pirate y installent leur studio pour émettre illégalement. En 1968, Paddy Roy Bates, un ancien major de l’armée britannique, s’installe dans l’une de ses tours et y fonde la principauté de Sealand, une micronation autoproclamée dont il se nomme le prince !

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Cet article est paru dans le Télépro du 22/7/2021

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