Cachemire : poudrière sur le toit du monde
Depuis plus de septante ans, le conflit qui fait rage au Cachemire, entre l’Inde et le Pakistan, demeure l’un des plus complexes au monde.
Comme on peut être mal né, le Cachemire fait les frais d’être mal ancré. Deux puissances nucléaires, l’Inde et le Pakistan, se disputent cette terre, grande comme l’Angleterre, depuis des décennies. Un combat sanglant qui a généré des attentats, une répression féroce et des morts qui se comptent par milliers. Ce lundi à 21h30 sur La Trois, le documentaire «Cachemire : la guerre sur le toit du monde» fait le point.
Les raisons de la colère
Dans un monde en paix, le Cachemire serait probablement l’un des lieux les plus prisés par les touristes. Région montagneuse collée à l’Himalaya, la majesté des paysages cachemiris a valu au lieu le surnom de «paradis sur terre», donné par les poètes persans du XIIIe siècle.
Mais, en 2021, le Cachemire demeure une vallée totalement fermée au monde extérieur… Pour comprendre les origines de l’affrontement qui se joue au Cachemire, il faut remonter le temps.
Avant la Seconde Guerre mondiale, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh et la Birmanie sont regroupés en une seule et même entité : l’Empire britannique des Indes. L’année 1947 sonne le glas pour ce régime colonial. L’Inde et le Pakistan obtiennent l’indépendance.
Pour partager ces deux nouveaux États, des frontières sont tracées à la hâte, ce qui entraîne un exode massif des populations : hindous et sikhs prennent la direction de la partie indienne, tandis que les musulmans tentent de rejoindre le Pakistan. Une cohue qui provoque d’intenses violences et la mort de milliers de personnes.
Insoluble conflit
Sous l’administration britannique, certaines principautés de la région étaient restées autonomes. Après la scission de 1947, on leur laisse le soin de décider de rejoindre l’une ou l’autre entité. «Le Cachemire est l’une d’entre elles. Son prince, le maharajah Hari Singh, hésite.
Sa population est majoritairement musulmane, tandis que sa dynastie est, elle, hindoue», détaille Le Figaro. «S’offre également à lui le choix de déclarer son indépendance, coincé entre deux géants, l’Inde et le Pakistan. Pour contrer la pression des tribus musulmanes, Hari Singh choisit de rejoindre l’Union indienne, en octobre 1947.» Une décision qui donne lieu, en 1948, à un conflit militaire, le premier d’une longue série, entre les deux pays.
Guerre dans la guerre
L’un des enjeux stratégiques de cette conquête guerrière est la zone himalayenne, véritable réservoir d’eau dans une région souffrant régulièrement de sécheresse. En 1949, une ligne de cessez-le-feu fige les positions des différentes forces armées et devient la nouvelle frontière. L’Inde occupe alors les deux-tiers du Cachemire, le tiers restant est au Pakistan.
En 1965 et en 1999, deux conflits éclatent à nouveau entre les deux pays sur la question du Cachemire. Ce qui rend le conflit dans cette zone si complexe, c’est que les tensions ne s’arrêtent pas uniquement aux revendications territoriales de ces deux seules nations.
La Chine devient, en 1959, un acteur du conflit. «En 1963, le Pakistan cède à la Chine le territoire de la vallée du Shaksgam contre son soutien dans le conflit avec l’Inde», détaille La Croix. Et ce n’est pas tout : depuis les années 1980, au conflit initial s’est ajoutée une insurrection séparatiste prônant le rétablissement de l’indépendance totale du Cachemire.
Un feu qui couve
Le conflit qui oppose cet endroit du monde est loin d’être résolu. Non seulement avec l’arsenal nucléaire qu’ils possèdent, l’Inde et le Pakistan ont de quoi anéantir pas moins de 125 millions d’âmes. Mais, depuis 2014, l’arrivée au pouvoir en Inde du premier ministre Narendra Modi a intensifié les inquiétudes internationales.
«L’une des promesses de campagne de cet ultranationaliste hindou et antimusulman a été de reprendre la main sur le Cachemire. Il a franchi le pas durant l’été 2019 en révoquant brutalement la semi-autonomie dont bénéficiait ce territoire depuis l’indépendance dans la partie contrôlée par l’Inde», relate France Inter. «Et avec des dirigeants aussi radicaux que Modi en Inde et Imran Khan au Pakistan, les spécialistes sont unanimes : un scénario catastrophe n’est hélas pas du tout à exclure.»
Cet article est paru dans le Télépro du 8/7/2021
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