Bon son ne peut mentir : voici comment fut inventé le micro

Edison et son phonographe © Isopix

Sans d’ingénieuses techniques pour saisir le son, nous n’aurions ni radio, ni télé, ni chansons enregistrées, ni films. Mais il ne fut pas facile à «piéger»…

Ce samedi, «Faire l’histoire», à 18h15 sur Arte, s’intéresse au microphone. Celui-ci fut précédé puis accompagné par d’autres inventions qui eurent un rôle crucial dans nos loisirs culturels.

Traces écrites

Inspiré par le daguerréotype, ancêtre de l’appareil-photo qui fixait des images sur papier, l’inventeur français Édouard-Léon Scott de Martinville voulut faire de même avec le son. À la fin des années 1850, bien avant le premier appel téléphonique d’Alexander Graham Bell (1876) et le phonographe de Thomas Edison (1877), il créa le phonautographe : une membrane vibrante au bout d’un tube acoustique qui transmettait les vibrations à un stylet.

Celui-ci les gravait sur un cylindre enduit de suie, retraçant ainsi la mince traînée des ondes sonores. Il suffisait ensuite de les lire. Mais personne, à part Martinville ou d’autres savants, n’en était capable.

Ce n’est qu’en 2008 que des spécialistes traduisirent ces ondulations, découvrant notamment que l’inventeur avait capté un extrait d’«Au clair de la lune». «C’était un enregistrement sonore à part entière, tel un sismographe captant les tremblements de terre», dit l’historien du son Patrick Feaster.

Histoire de sourd

Voilà pourquoi la maîtrise du son est le plus souvent attribuée à Thomas Edison, scientifique américain aux 1.200 brevets d’inventions dont celle de la lampe à incandescence, la pile alcaline, la caméra, le microphone pour téléphone et… la chaise électrique.

Son phonographe comporte un diaphragme-enregistreur (le cornet) qui, placé devant la source sonore, transmet les vibrations à un stylet qui les grave directement sur un cylindre en étain, actionné par une manivelle.

Puis, une aiguille posée sur le sillon obtenu permet de restituer le son dans le diaphragme-lecteur, ancêtre du baffle. Le futur tourne-disque aura le même principe.

Anecdote non négligeable : atteint de surdité partielle après avoir eu la scarlatine dans son enfance, Edison était particulièrement avide de saisir les sons, grâce à de multiples inventions, mais aussi l’image. Sa créativité devient ainsi une belle émulation pour d’autres novateurs dont les quatre frères Warner, propriétaires de salles de cinéma aux États-Unis.

En faire tout un cinéma

Cherchant à perfectionner le 7e art, ils achetèrent de coûteux équipements pour synchroniser son et image. En 1927, le public découvre «Le Chanteur de jazz», considéré comme le premier film parlant car il présente des séquences chantées et quelques-unes parlées. Comme toute modernité, l’innovation est controversée.

Les sourds et malentendants (dont Thomas Edison !) ne saisissent plus aussi bien l’action des «talkies» (films parlants), alors que les films muets leur permettaient de suivre les expressions des comédiens et le récit via de courts textes insérés entre les scènes ! Les acteurs souffrent aussi. Ceux dont la voix n’est guère séduisante passent à la trappe. Et Hollywood fait appel à de grands écrivains pour rédiger les dialogues devenus désormais aussi importants que l’intrigue !

Dans les foyers, en Amérique comme en Europe, c’est aussi la révolution sonore. Dès 1930, le label RCA commercialise le premier disque rond et plat. Apparaîtront alors les 78, 33 et 45 tours. Taxés d’obsolètes dans les nineties avec l’apparition des CD, les «bons vieux» vinyles sont revenus en force à partir des années 2010. À bon entendeur…

Cet article est paru dans le Télépro du 21/10/2021

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici