Biomimétisme : quand la nature nous inspire
Ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI dans «Tout s’explique», Maria Del Rio se penche sur le biomimétisme, soit le fait de copier les capacités étonnantes de certains animaux ou végétaux.
Une idée ancienne
«La nature fait bien les choses», dit le célèbre dicton. C’est pourquoi les scientifiques n’hésitent pas à se tourner vers elle pour innover et trouver des réponses aux problèmes humains. Cela s’appelle la bio-inspiration ou le biomimétisme (du grec «bios» vie et «mimèsis» imitation).
Même s’il a été théorisé en 1998 par la scientifique américaine Janine Benyus, ce concept n’est pas neuf. Certains historiens suggèrent que l’invention de la roue, il y a plus de 5.500 ans, résulterait de l’observation des bousiers, roulant une sphère de bouse pour y pondre leurs œufs.
De tous temps, les hommes ont observé les oiseaux en rêvant de voler. C’est d’ailleurs en s’inspirant de ceux-ci et des chauves-souris que Léonard de Vinci, au XVe siècle, imagine sa machine volante. Il déclare alors : «Apprenez de la nature, vous y trouverez votre futur.»
Car, comme l’écrit Emmanuelle Pouydebat dans «Quand les animaux et les végétaux nous inspirent» (Odile Jacob), «le monde vivant a développé des stratégies et des systèmes incroyables pour se déplacer, concevoir, préserver, optimiser, soigner, vieillir, voire repousser les limites de la mort. Aucun domaine d’application n’est exclu, de l’automobile à la chimie, en passant par l’écologie, l’électronique, l’aéronautique, la robotique, l’intelligence artificielle et la médecine.»
En architecture aussi
Comme de nombreux secteurs, l’architecture a recours au biomimétisme. Au rang des pionniers figure l’architecte catalan Antoni Gaudi qui, toute sa vie, a puisé son inspiration dans la nature pour imaginer ses œuvres, dont la Sagrada Familia, à Barcelone, rappelant les arbres de la forêt. «Je n’invente rien, je copie le grand livre toujours ouvert de la nature», écrivait, dans son journal, l’artiste espagnol mort en 1926.
Un siècle plus tard, la nature continue d’inspirer les architectes. Ainsi, sur les bords du Lez à Montpellier, un immeuble résidentiel ressemblant à un arbre a été imaginé par le Japonais Sou Fujimoto et les Français Nicolas Laisné, Manal Rachdi et Dimitri Roussel. Baptisé l’Arbre blanc, le bâtiment comprend une galerie d’art, un restaurant gastronomique, un bar panoramique, 112 logements et pas moins de… 193 terrasses !
Celles-ci représentent autant de feuilles métalliques attachées à la structure, qui, en plus d’offrir une magnifique vue, permettent de protéger la façade du soleil. Au printemps dernier, cet édifice étonnant a reçu la récompense internationale du plus bel immeuble résidentiel, décernée par le site Archdaily.
Foule d’innovations
Dans la vie de tous les jours, nous croisons sans cesse des inventions créées par biomimétisme. Ainsi, comme déjà évoqué dans nos pages, les coussinets du chien ont donné naissance au velcro, les pattes du gecko à de l’adhésif, le bec du martin-pêcheur à un train à grande vitesse japonais, le poisson-coffre à un modèle de Mercedes, les ailes du papillon Greta oto à des écrans antireflets, les feuilles de lotus à des revêtements autonettoyants, des termitières à des bâtiments écologiques…
Autre exemple : en observant les tubercules des nageoires de la baleine à bosse, lui permettant un déplacement rapide et gracieux, des scientifiques canadiens ont eu l’idée de créer un prototype d’éolienne crantée. Résultat : ces éoliennes, plus silencieuses, permettent de réaliser d’importantes économies d’énergie.
La peau des requins, dont les rainures réduisent la résistance à l’eau, a, elle aussi, permis plusieurs innovations : des combinaisons de natation, un vernis pour le fuselage des avions Airbus et un revêtement antibactérien utilisable sur les parois des salles d’opération dans les hôpitaux.
Des crustacés aux… smartphones !
Alors que, selon une étude de 2018, 96 écrans de smartphones sont cassés chaque minute à travers le monde, une solution pourrait venir de… la mer ! Des chercheurs canadiens de l’Université McGill, à Montréal, s’intéressent aux huîtres. En étudiant la nacre présente dans ce crustacé, ils sont parvenus à créer un verre ultrarésistant capable de se déformer et d’absorber les chocs en cas d’impact. Une innovation qui pourrait, grâce à sa facilité de fabrication, rendre les écrans de smartphones plus résistants.
Cet article est paru dans le Télépro du 14/1/2021
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