Biodiversité : vive la vie variée !
Plantes, animaux, bactéries : la biodiversité est mise à rude épreuve. 1 million d’espèces sont menacées d’extinction. Et chez nous ? État des lieux à l’occasion de la diffusion du nouveau documentaire de Yann Arthus-Bertrand, «Vivant», ce mardi à 21h10 sur France 2.
Biodiversité. Plusieurs définitions pour décrire l’immensité de ce que recouvre ce terme. «Ensemble de tous les êtres vivants sur notre planète», «Variété de la vie sur Terre», «Ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.) et leurs interactions»… Plusieurs définitions, mais un seul constat préoccupant. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) l’exprime dans son Indice Planète Vivante (IPV) 2022 : cette biodiversité qui «fournit des services essentiels au bien-être humain, tels que des médicaments, de la nourriture ou même des vêtements, nous la perdons à un rythme alarmant». Conjugués au changement climatique et à la pollution, la déforestation, la surpêche, le changement d’utilisation des terres en général mettent la planète dans le rouge. Le Parlement européen estime qu’un million d’espèces (sur 8 millions) est menacé d’extinction. Un exemple : en 50 ans, les populations d’animaux sauvages ont chuté de 69 %. Et chez nous ?
Mention : satisfaisant.
Sur son bulletin, à la rubrique «biodiversité», la Belgique pourrait recevoir la mention : «Satisfaisant, mais peut mieux faire». En 2020, WWF-Belgique, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, Natagora, Natuurpunt et la Plateforme belge pour la Biodiversité ont réalisé le premier rapport IPV concernant directement notre pays. L’indice mesurait l’évolution de la taille des populations de 283 espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles et d’insectes en Belgique sur les trente dernières années. Résultats : + 5,7 % en moyenne (stabilité de 2008 à 2018). Ça, c’était pour le «satisfaisant». Pour le «peut mieux faire», le WWF constate que : «En Belgique, les espaces naturels sont rares et fragmentés. De plus, ceux-ci sont souvent en proie à la pollution et doivent faire face à la pression des activités humaines.» Pour améliorer la note, les associations et les autorités multiplient les initiatives. Natagora développe notamment un vaste réseau de réserves naturelles, des espaces protégés où la nature est prioritaire. WWF-Belgique contribue à améliorer l’habitat de certaines espèces et la cohabitation animaux-humains. Un portail «Biodiversité en Wallonie» informe le public qui le souhaite sur 700 espèces, 500 biotopes et 2.000 sites de grand intérêt biologique. Entre autres.
Loup y es-tu ?
Devant la loutre, le lynx et le chat sauvage, les loups font figure de tête de gondole au rayon des retours d’espèces emblématiques sur notre territoire. Ils seraient actuellement une trentaine. En Wallonie, le Réseau Loup (créé par le Service Public de Wallonie en 2017) a collecté et analysé 1.053 indices (observations, excréments, proies sauvages, empreintes…) l’année dernière. En six ans, la présence d’environ 45 loups différents a été confirmée. Parmi eux, une meute et un couple sont établis de manière permanente. Le rapport signale également qu’en 2022, 13 loups dispersants (des jeunes adultes se déplaçant en solitaire à la recherche d’un territoire différent), une nouvelle portée de 5 louveteaux dans la meute des Hautes Fagnes, et un couple installé sur le territoire du Nord-Eifel (Bullange, Bütgenbach et Allemagne) ont été repérés. Concernant les dégâts perpétrés par les prédateurs, sur 76 cas d’attaques présumées (essentiellement sur des ovins) traités, 26 (34 %) lui ont été attribuées de manière certaine ou probable.
Vous avez dit «exotique» ?
Dans l’Union européenne, 12.000 espèces exotiques ont été répertoriées. Énormément de plantes vasculaires naturalisées, mais aussi des vertébrés. Fin 2020, plus de 3.000 espèces exotiques avaient été recensées en Belgique : 2.300 espèces végétales et 740 espèces animales. Le problème, comme l’indique Biodiversite. wallonie. be, vient du fait que 10 à 15 % de ces espèces sont «considérées comme envahissantes et susceptibles d’occasionner des dommages à l’environnement». La coccinelle asiatique, par exemple, concurrence les espèces indigènes de coccinelles. Ce n’est pas le seul cas.
Les envahisseurs
Il y a un peu plus d’un an, des botanistes spécialisés dans l’étude des mousses faisaient une découverte sur les berges de la rivière la Hoëgne (province de Liège). Feuilles étroites, couleur vert foncé : pas de doute, il s’agit de Blindia acuta, une mousse jamais observée jusque-là en Belgique. Elle ne présente aucun risque pour les autres populations végétales. Ce n’est pas le cas de toutes les nouvelles venues. Chez les plantes, citons la berce du Caucase. Elle était belle et sécrétait un nectar qu’appréciaient les abeilles pour faire leur miel. Au départ, c’est pour cela qu’on l’a plantée chez nous. À l’arrivée, elle a envahi les bords des rivières et des routes et pris le pouvoir des plantes indigènes. Ajoutez à cela les brûlures graves qu’elle peut provoquer sur la peau… Même topo pour les renouées asiatiques (à l’exception des brûlures) qui «libèrent» dans le sol des substances qui inhibent les autres espèces et les étouffent. En Wallonie, la Cellule interdépartementale Espèces invasives est chargée depuis novembre 2009 de coordonner les actions visant à limiter les dommages causés par les espèces invasives. Exotiques, pas sympathiques.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/5/2023
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