Avions plus écolos : vols retardés

Image extraite du documentaire «Avions écolo, décollage vers le futur» (Arte) © Arte/Vidicom/Heart Aerospace

Hydrogène, e-fuels, biocarburants… : les projets sont sur la table. L’aviation écologique attend toujours le feu vert. Ce mardi à 23h35, Arte diffuse le documentaire «Avions écolo, décollage vers le futur».

Dans les années à venir, un avion vert volera-t-il en portant haut dans le ciel les espoirs de voyages propres et écologiques ? L’objectif ne date pas d’hier. Attachez vos ceintures, décollage immédiat.

Dédale et Icare

Première destination : la mythologie grecque. Dédale, génial inventeur (entre autres) du labyrinthe, s’y retrouve enfermé par Minos (roi de Crète) avec son fils, Icare. Pour s’évader, Dédale confectionne des ailes faites de plumes collées au corps par de la cire. Il donne un conseil à son fils : ne pas s’approcher du soleil, sinon, la cire fondra. Icare ne respecte pas la consigne, la prophétie fatale se réalise. Près de l’astre solaire, la cire fond, les ailes se détachent, le rêve d’Icare s’abîme dans la mer…

Merveilleux fous volants

Plume et cire : pour être vert, il était vert ce moyen de voler. Depuis, les hommes n’ont cessé d’imaginer les moyens les plus saugrenus pour s’élever dans les airs. Le berbère Zamane est considéré comme le premier homme volant. Au IXe siècle, à Cordoue, il a plané sur quelques dizaines de mètres grâce à une gaine garnie de plumes de rapaces.

Verte aussi cette technique qui finit par coûter les jambes et la vie à l’inventeur de 65 ans. Lui succéderont la machine volante en roseaux, des planeurs, les dirigeables… Jusqu’en 1903, année où les frères Wilbur et Orville Wright réussissent à faire voler «Le Fleyer», cette machine considérée comme le premier avion jamais construit.

Drôles de machines

Plus haut, plus loin, plus vite : c’est la deuxième escale. Maintenant que l’homme réussit à faire voler des «plus lourds que l’air», l’aviation peut prendre son envol. Première ligne de passagers en 1919, Charles Lindbergh traversant l’Atlantique en 1927, premier vol d’un avion à réaction en 1939, etc.

Une des dernières prouesses nous ramène à notre destination initiale. Le 26 juillet 2016, un drôle d’avion baptisé «Solar Impulse 2» se pose sur le tarmac de l’aéroport d’Abou Dabi, aux Émirats arabes unis. L’appareil vient de boucler un tour du monde de 40.000 km en 48 heures sans avoir utilisé une goutte de carburant, sans bruit ni pollution. Rien que du solaire. Une première mondiale.

«Plus qu’un exploit dans l’histoire de l’aviation, c’est un exploit dans l’histoire des énergies renouvelables», déclare Bertrand Piccard, le pilote de l’aéronef. C’est maintenant à votre tour d’aller plus loin !».

À notre tour ? On y va !

Rêve ou réalité ?

Pour décarboner le système aérien, l’Union européenne est pleine de bonnes intentions. En décembre dernier, le parlement a adopté un règlement pour réduire les émissions globales de dioxyde de carbone. D’ici à 2050, «70 % des carburants utilisés pour l’aviation dans l’Union européenne devront être durables». Le média en ligne des acteurs de l’engagement (Carenews) évoque une étude selon laquelle «les émissions du secteur aérien représentent au moins 3 % des émissions globales de CO 2».

Problème : les carburants durables d’aviation (CDA) évoqués comme des alternatives bas-carbone au kérosène ont de nombreuses limites. «Les biocarburants (provenant d’huiles de cuisson usagées, de résidus agricoles…) entrent en concurrence avec les objectifs de décarbonation d’autres secteurs énergivores», estime Greenpeace.

Liquides ou gazeux, les e-fuels (produits notamment à partir d’électricité renouvelable ou bas-carbone) présenteraient aussi des avantages, mais un inconvénient de taille. Selon une étude anglaise, le litre d’électrocarburant coûterait 2.000 € !

Et l’hydrogène ?

La solution de l’hydrogène est étudiée par Airbus qui envisage un premier prototype d’avion d’ici une dizaine d’années. De tous nouveaux appareils doivent en effet être conçus et les flottes renouvelées partiellement. Partiellement, car ces nouveaux venus ne seront pas en mesure d’assurer les longs courriers vu le volume de stockage de carburant nécessaire pour effectuer ce type de trajets. Entre vrais et faux espoirs, l’avion vert ne semble pas encore avoir choisi son plan de vol idéal.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/6/2024

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