Aventuriers contre tout danger

Les deux Bruxellois trentenaires pratiquaient ensemble l’escalade avant de se lancer dans le triathlon © Xavier Ziomek
Alice Kriescher Journaliste

Tipik nous emmène au Groenland pour suivre l’aventure de deux explorateurs des temps modernes (mardi, 20.05).

Deux Bruxellois, la trentaine toute fraîche, ont réalisé le défi un peu fou de parcourir le Groenland durant cinq mois. Rencontre avec l’un des aventuriers, Gilles Denis.

Pourquoi avoir choisi le Groenland pour votre expédition Nanok (*) ?

J’ai pu me rendre pour la première fois au Groenland en 2016, en tant que guide d’expédition. Dans ce pays, grand comme quatre fois la France et recouvert à 80 % par un énorme glacier, l’Inlandsis, j’ai découvert le kayak de mer, un moyen parfait pour atteindre des endroits isolés tout en emportant pas mal de nourriture. J’ai aussi pu voir, dans le sud du pays, des parois rocheuses gigantesques. Moi qui grimpe depuis plusieurs années, elles m’ont sidéré et je me suis dit que grimper un truc comme ça devait être incroyable. De retour en Belgique, j’ai eu envie de combiner ces disciplines sportives dans un giga triathlon au cœur du Groenland.

Comment avez-vous rencontré votre co-aventurier ?

Pour lancer mon projet, la chose à faire était d’en parler le plus possible autour de moi pour donner envie au partenaire idéal de me contacter. Fin 2018, Nathan Goffart m’a abordé dans la salle d’escalade où nous nous entraînons tous les deux et m’a dit qu’il était emballé par mon projet. Nous sommes allés boire des coups et ça a matché entre nous !

La préparation a dû être intense !

Je me suis formé pour devenir guide de kayak de mer, mais aussi initié aux techniques pour grimper de grandes parois et dormir suspendu à celles-ci. Avec Nathan, nous avons fait plusieurs «pré expédition», dont l’une dans les Cornouailles. Nous avons parcouru la pointe de l’endroit en plein hiver : le pire moment, le plus froid et durant lequel la neige est la plus agitée. C’est là que l’on a parlé de nous pour la première fois! Le lendemain de Noël, les Anglais ont pour habitude de se baigner dans la mer, malgré le froid. À un moment, nous avons compris qu’un homme était en train de se noyer. On a réussi à le sortir de l’eau et à le ramener sur la plage… Ça a fait les gros titres des journaux locaux !

Outre le sport, l’aspect scientifique de votre mission est important…

Oui, à l’origine, je suis physicien avec une spécialisation en climatologie. Via mon directeur de mémoire, nous avons pu obtenir des partenariats scientifiques. Nos missions étaient précises : prélever de la neige pour l’Observatoire royal de Belgique, réaliser des mesures topographiques sur l’Inlandsis pour l’ULiège et le GEUS, un Institut danois, mesurer sur le terrain la quantité et la profondeur de l’accumulation neigeuse annuelle pour l’UCL et effectuer des prélèvements pour l’ULB afin d’étudier les micro-plastiques. Le tout avec un protocole scientifique bien défini.

Quel souvenir fait partie des plus intenses ?

Durant un échantillonnage d’eau dans le fjord d’Aruk, nous avons pagayé dans de très mauvaises conditions. On a dû batailler pendant 45 minutes pour trouver un endroit où aborder. À un moment, j’ai hurlé à Nathan que si l’un de nous se retournait, il faudrait nager un long moment dans de l’eau extrêmement froide, sans que l’autre puisse l’aider. Tout s’est bien terminé, mais ce fut un événement marquant !

Avez-vous déjà une prochaine aventure à l’esprit ?

Nathan a envie de se former comme guide de haute montagne afin d’y emmener de jeunes défavorisés. Moi, je voudrais continuer à vivre ce type d’aventure, mais au service de la science. Comme nous formons une super équipe, nous pourrions aussi relancer une expédition en duo dans les prochaines années.

Cette interview est parue dans le Télépro du 2/03/2023.

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