Aux sources du surf
Les JO de Paris organisent les épreuves de surf… à Tahiti ! C’est là que déferlent les plus belles vagues de France. Et c’est là qu’est né le surf. Ce lundi à 23h30, France 2 diffuse le documentaire «Surf, le feu sacré».
Certains médaillés de Paris 2024 ne verront jamais Paris. Une série de compétitions sont en effet programmées hors de la capitale : la voile à Marseille, le basket et le handball près de Lille, le tir à Châteauroux… Restait le surf, qui cherchait la meilleure vague. Les organisateurs ont d’abord pensé à la côte Atlantique, quelque part entre la pointe du Finistère et Biarritz. C’est finalement à 15.000 km de Paris que se disputeront les épreuves de surf : dans la France d’outremer, à Tahiti.
Brutale et dangereuse
Pourquoi si loin ? Parce que c’est à Tahiti que l’on trouve l’une des vagues les plus larges, les plus puissantes et les plus impressionnantes du monde : Teahupo’o. Parmi les plus dangereuses aussi. Elle arrive brutalement, puis forme un énorme tube avant de s’écraser sur la barrière de corail. «Face à Teahupo’o, faut être humble. Faut respecter. Parce que tu ne sais jamais ce qui peut se passer», explique Kauli Vaast, un surfeur tahitien en lice pour les JO.
«Il faut faire partie des éléments. C’est assez spirituel», ajoute sa consœur Vahine Fierro. Pour les Polynésiens, le surf est une forme de communion avec l’eau. Et à ce titre, il fait partie intégrante de la culture. Comme le raconte «Surf, le feu sacré», un documentaire diffusé sur France 2. Les épreuves de surf à Tahiti, c’est donc un retour aux sources. Mieux : une revanche sur l’histoire.
Un peuple de l’eau
Vous pensez que le surf est né sur les plages californiennesd’«Alerte à Malibu» ? Vous avez loupé le début de l’histoire… Le surf est un héritage ancestral des peuples polynésiens. Partis d’Asie sur des pirogues il y a plus de six mille ans, ils se sont installés à Tahiti avant de rejoindre Hawaï, l’île de Pâques et la Nouvelle-Zélande. Les Polynésiens se sont toujours considérés comme un peuple de l’eau bien plus que de la terre. Ils maîtrisaient l’océan pour se déplacer et se nourrir, mais ils avaient aussi à cœur de faire corps avec la vague. C’est ainsi qu’ils taillèrent des planches dans des troncs d’arbre pour glisser sur l’eau.
Quand les premiers Européens débarquèrent sur ces îles, ils furent ébahis par l’espèce de ballet aquatique dont ces «sauvages» étaient capables. Ce n’était pas un sport, c’était une forme de spiritualité. Venus pour évangéliser et exploiter les terres, les colons eurent tôt fait d’interdire le surf : il était temps de cesser d’invoquer les esprits et de se mettre au travail.
Way of life
Le surf aurait totalement disparu s’il n’y avait eu Duke Kahanamoku. Né en 1890 à Hawaï, il fait partie des derniers à maîtriser le surf traditionnel. En 1906, alors que son île vient d’être annexée par les États-Unis, une compétition de natation y est organisée par les colons. Duke, l’indigène, a le culot de s’y inscrire. Et il la remporte haut la main. Il est aussitôt embauché par l’équipe olympique américaine de natation, à laquelle il rapporte cinq médailles. Duke Kahanamoku devient ainsi un héros national, qui parcourt les USA sa planche de surf sous le bras. C’est ainsi que la pratique renaît en Californie…
Dès les années 1950, c’est un véritable «way of life» pour une partie de la jeunesse occidentale. Quand elle n’a pas la chance de glisser sur les vagues, elle chausse des rollers ou se balade sur un skate… Il faudra cependant attendre les JO de Tokyo 2020 pour que le surf devienne sport olympique.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/7/2024
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