Arthur, un roi ambigu
Figure mythique de l’Occident médiéval, le roi Arthur a-t-il vraiment existé ? La chercheuse britannique Alice Roberts mène l’enquête sur Arte.
Le roi Arthur, les chevaliers de la Table Ronde, Excalibur, la forêt de Brocéliande, Merlin l’enchanteur, la quête du Graal… Toutes ces légendes ont peuplé nombre de contes durant notre enfance. Si, en grandissant, nous parvenons à identifier ce qui relève de la fiction, le doute subsiste : quelle est la part de réalité dans ces histoires fantastiques ?
Info ou intox ?
En adulte raisonnable, nous le savons, les fées, les enchantements ou encore les épées magiques n’existent (sans doute) pas ! Mais, dans la légende du roi Arthur, qu’en est-il du personnage principal ? Ce souverain mythique a-t-il un jour réellement foulé le sol de notre planète ? Si les questions qui entourent son existence avérée ou non sont si nombreuses, c’est parce que son supposé règne intervient au cours d’une période de notre histoire qui, en raison de la pauvreté de ses sources, est qualifiée «d’âges obscurs».
«Après quatre cents ans de présence en Grande-Bretagne, l’armée romaine finit par se retirer au début du Ve siècle. Le royaume, exsangue, va sombrer dans l’instabilité et la violence pendant deux siècles», relate le documentaire diffusé sur Arte. «La légende veut qu’à cette époque troublée, un chef charismatique se soit levé pour repousser les hordes d’envahisseurs : le roi Arthur, incarnation de puissance, de bravoure et de gloire.»
Petit hic, le seul écrit connu remontant à cette époque est le traité du moine Gildas. Nulle part dans ce dernier on ne fait mention du roi Arthur… Un contexte sombre et un très faible héritage historique, quoi de mieux comme terreau à la naissance d’une légende ?
Évêque inspiré
«Le statut énigmatique du personnage d’Arthur tient aux liens très étroits qu’ont tissés légende et histoire dès son apparition», explique le médiéviste Alban Gautier, professeur d’histoire médiévale à l’université de Caen-Normandie, dans le magazine Sciences et Avenir. «Le document dans lequel le nom d’Arthur est mentionné pour la première fois date de 830. C’est »L’Histoire des Bretons », une œuvre anonyme écrite au Pays de Galles. Dans cet ouvrage, où il est cité à deux reprises, le seigneur breton est dépeint tantôt comme un chevalier (…) et tantôt comme une figure associée à un monde fabuleux.»
L’ouvrage qui lance définitivement la légende d’Arthur est signé par l’évêque Geoffroy de Monmouth. Dans son écrit, qui fut un véritable best-seller médiéval,«Historia regum Britanniae», ou «L’histoire des Rois de Bretagne», le héros légendaire devient pour de bon un personnage guerrier, surpuissant et empreint de magie. Si l’œuvre de l’évêque a été écrite au XIIe siècle, pour l’étoffer, ce dernier s’est inspiré de contes et poèmes gallo-bretons plus anciens faisant déjà apparaître le personnage d’un grand guerrier, défendant la Bretagne contre ses ennemis humains et surnaturels, se nommant Arthur.
Depuis le XIIe siècle, des thèses diverses et variées sur sa véritable histoire ont donc eu le temps de naître. Aujourd’hui, les avis des historiens divergent toujours sur les aspects plausibles de la vie d’Arthur Pendragon. Certains soutiennent qu’il était un général romain du IIe siècle, d’autres qu’il s’agirait d’un chef de guerre ayant croisé le fer durant les guerres opposants Bretons et Saxons au tournant du XIIe siècle et le reste qu’il est la synthèse de plusieurs chefs Bretons.
En ce qui concerne Alban Gautier, «s’il n’est pas du tout assuré qu’un roi nommé Arthur ait jamais existé, prouver sa non existence semble tout aussi impossible.»
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 2/1/2020
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