ARN messager : révolution annoncée
Cette technique médicale est désormais connue du grand public pour son rôle dans la lutte contre le covid-19. Mais pas que ! Ce samedi à 22h30, Arte propose le documentaire «L’ARN messager : une révolution médicale».
Elle s’appelle Özlem Türeci et lui Uður Þahin. Elle a 54 ans, lui 56. Elle est née en Allemagne de parents turcs (son père était chirurgien), lui est né en Turquie et a suivi ses parents quand ils ont immigré en Allemagne. Ils se rencontrent à l’université de la Sarre à Hombourg. Au-delà d’une love story, c’est le début d’une success story que ces jeunes chercheurs en médecine commencent à écrire.
Un milliard d’euros
En 2001, ils créent ensemble une première startup, Ganymed Pharmaceuticals. Une société spécialisée dans le développement d’anticorps monoclonaux pour détecter et traiter le cancer. Ils la revendent huit ans plus tard plus d’un milliard d’euros !
Un an plus tôt, en 2008, le couple a lancé une autre startup : BioNTech. Son objectif principal : créer un vaccin contre le cancer. Comment ? En faisant appel à l’ARN messager. Le mot est lâché…
Technique révolutionnaire
Pour qualifier cette technique, certains n’hésitent pas à utiliser l’expression de «révolution médicale». De quoi s’agit-il ? Pour le faire comprendre au plus grand nombre, l’organisme de recherche public français Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) utilise une comparaison imagée : les originaux restent au coffre, les copies sont transmises à l’usine !
Explications. On part du principe qu’une cellule est une véritable «mini-usine de protéines». Les acides ribonucléiques messagers (ou ARNm) sont comme des copies d’une région d’ADN correspondant à un gène, «des brins d’instructions génétiques». Utilisée dans un vaccin, cette molécule est injectée dans l’organisme. Elle prend le contrôle des cellules et leur donne les instructions sur ce qu’elles doivent fabriquer. Les recherches ont commencé à la fin des années 1970.
Contre le covid-19
L’année 2019 touche à sa fin. Des infos inquiétantes arrivent de Wuhan, en Chine. Elles font état d’un coronavirus méconnu et de ses dangers pour la santé. Dès ce moment, BioNTech réoriente ses priorités : elle se lance dans la recherche d’un vaccin pour lutter contre ce qu’on appelle désormais le covid-19.
La société allemande se base sur une technologie qu’elle connaît bien, celle de l’ARNm. La protéine «intéressante» du virus est identifiée. L’idée est que, comme pour les autres vaccins de ce type, une fois injectée, la protéine (inoffensive) fabriquée en laboratoire soit détectée par le système immunitaire. Celui-ci réagit et fabrique des anticorps pour neutraliser le virus si l’organisme est infecté.
La course contre la montre commence. Pour accélérer la phase de test, BioNTech a besoin de fonds importants. Elle les trouve en s’associant au géant pharmaceutique américain Pfizer. On connaît la suite…
À suivre…
Ou plutôt non. Car l’histoire de l’ARN messager continue à s’écrire tous les jours. Il suffit pour s’en rendre compte d’éplucher les titres de la presse. Dans le domaine du covid : «Le vaccin de Pfizer/BioNTech reçoit le Prix Galien du journal du Médecin» (il couronne le médicament le plus innovant de l’année).
Ou encore : «Pfizer/BioNTech demande l’autorisation d’utiliser son vaccin chez les enfants entre 5 et 11 ans». Coronavirus encore et toujours donc, mais pas que. «L’ARN messager, un espoir pour doper l’efficacité des vaccins contre la grippe», peut-on aussi lire.
Vaccin anticancer
Quant à BioNTech, elle poursuit ses buts initiaux : «BioNTech lance des études pour un vaccin anticancéreux à ARN messager». Le fabricant allemand a traité pour la première fois un patient atteint d’un cancer colorectal avec un vaccin à ARN messager contre le cancer.
Il prévoit maintenant de recruter près de deux cents patients pour évaluer l’efficacité après chirurgie et chimiothérapie.
Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021
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