Archéologie : Denisova, la phalange de l’homme mystère
Entre Néandertal et Homo sapiens, l’homme de Denisova demeure une énigme. Ce jeudi à 21h, France 5 diffuse la documentaire «Le Mystère de l’homme de Denisova».
Une phalange. Oui, vous avez bien lu, un morceau d’os de doigt. Voilà ce qui a permis aux scientifiques de découvrir un nouveau dérivé de la race humaine, sans toutefois pouvoir la relier formellement à une espèce connue.
Tomber sur un os
Tout part de ce fossile découvert par des paléontologues russes dans une grotte retirée, au fin fond des montagnes de l’Altaï, en Sibérie. Ce bout d’os humain retiré des roches de Denisova aurait 41.000 ans.
Mais voilà que la science s’en mêle avec sa sacro-sainte recherche et comparaison d’ADN et là, ô surprise, il ne correspond pas tout à fait au monde connu de la lointaine préhistoire humaine. Elle en fait un Homo denisovensis, sans pour autant pouvoir le rattacher aux Néandertaliens qui peuplaient la terre avant l’Homo sapiens, tout en l’ayant côtoyé un bon moment.
Ce lointain ancêtre aurait vécu principalement en Sibérie et en Asie du Sud-Est, si l’on en croit le chercheur français Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue averti. Pour lui, il ne fait aucun doute que nous sommes en présence d’une espèce différente, sans doute en partie de descendance néandertalienne, mais qui s’est mélangée avec des souches ayant donné naissance à l’homme moderne, principalement des Mélanésiens et des aborigènes d’Australie. Plus étonnamment, l’homme de Denisova aurait transmis notamment aux Tibétains ce fameux gène qui les autorise à vivre sur les hauts-plateaux sans être incommodés par la raréfaction de l’oxygène.
Mais la phalange ne serait pas la seule trace à avoir refait surface de cette espèce humaine méconnue. Une mandibule comprenant deux molaires a été découverte au Tibet et semble comparable à des dents exhumées de Denisova. Elles seraient par contre beaucoup plus anciennes, puisqu’on leur attribue un âge proche de 160.000 ans. Il en est de même pour un autre reste de dentition retrouvée au Laos.
Son portrait
Comment se présentait ce Dénisovien alors que nous connaissons tout ou presque de l’homme de Néandertal pour en avoir découvert de nombreux témoignages archéologiques ? L’os de doigt aurait appartenu à une femme bien costaude. La dent aussi se montre particulièrement grosse et très archaïque par rapport aux spécimens mieux connus.
Enfin, même constatation avec la mandibule laotienne qui, grâce à des analyses scientifiques approfondies, nous dessine une morphologie toujours aussi costaude, mais de petite taille. De plus, elle nous autorise à croire que cet être humain n’avait quasi pas de menton et sans doute une articulation cartilagineuse peu mobile.
Quoi qu’il en soit, les fouilles menées dans la grotte de Denisova démontrent qu’elle a été habitée par différents types d’hommes, dont des Néandertaliens, qui se sont mélangés aux Dénisoviens, voire aux Homo sapiens, comme le prouvent certains gènes détectés chez l’homme moderne. Principalement en Asie et en Océanie, ou chez les peuples issus de ces contrées, comme les Inuits. Ceux-ci ont peuplé le nord de l’Amérique après avoir franchi à pied, en hiver, le détroit de Béring et dont le tissu adipeux s’adapte aux variations extrêmes de température.
Mais nous ne sommes qu’aux balbutiements de nos recherches sur les Dénisoviens qui réservent sans doute encore bien des surprises.
Cet article est paru dans le Télépro du 16/6/2022
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