Antique et intact : un chaland romain sorti d’un sommeil de 2.000 ans dans le Rhône !
Dans «Le Trésor du Rhône», France 5 revient sur l’incroyable épopée que furent la découverte, l’extraction et l’étude d’une somptueuse barge antique longue 31 m, enfouie dans les eaux du fleuve français depuis deux millénaires. À ne pas manquer ce jeudi soir, à 20h50.
Un dépotoir sous-marin. C’est ce que s’apprêtent à explorer les archéologues français du Département des recherches en archéologie subaquatiques et sous-marines (DRASSM) en plongeant dans les eaux troubles du Rhône pour des fouilles en 2004. Ils sont à Arelate, sur le site de l’ancien port romain d’Arles. 2.000 ans plus tôt, marins et commerçants y jetaient dans le fleuve les amphores utilisées pour transporter huile, vin, bière ou sauce de poissons fermentés. Pas d’étonnement donc lorsque, parmi des carcasses d’autos, des armes et autres déchets actuels, ils se frayent un chemin dans une montagne de jarres antiques et de débris de poteries en céramique. Plus inattendus, des fragments de bois attirent leur attention. «Trois planches dans les eaux glauques du Rhône», précise le musée départemental Arles Antique. En fait, les archéologues ont découvert les premiers éléments d’un des trésors les plus précieux jamais repêchés dans le Rhône : un chaland romain de 31 m de longueur !
Presque intact
Le navire est là, couché dans la vase, entre 4 et 9 m de fond, comme endormi depuis deux millénaires. Un des flancs de l’embarcation d’abord, long d’une quinzaine de mètres. Puis le reste de l’épave. Sa cargaison n’a pas bougé : 25 tonnes de pierres en provenance d’une carrière en amont, à quelques kilomètres d’Arles. Plus surprenant, le navire à fond plat possède encore son gouvernail, le mat de halage, des poulies et des cordages, «même la cuisine des mariniers avec les ustensiles, le four et la réserve de bois pour la prochaine cuisson». Malgré l’usure du temps et le courant du fleuve, l’épave est dans un état de conservation incroyable. Une chose est de l’avoir trouvée. Une autre sera de l’extirper intacte des eaux. À la première campagne de fouilles succède une deuxième en 2008 puis une troisième trois ans plus tard. D’autres vestiges sont mis au jour, notamment des statues dont un buste de Jules César. Mais le plus important pour les archéologues est ailleurs…
La restauration
Plus délicat : le chaland doit être découpé. «À la scie égoïne», explique MyProvence. fr, «cet outil ayant pour avantage d’entraîner un minimum de perte de matière». En tout, dix tronçons remontent à la surface. Ils font l’objet de toutes les précautions. Un système de berceau entoure chacun d’entre eux avant d’être treuillés à l’air libre. Une grue les dépose ensuite sur la terre ferme. «Les équipes réussissent le pari d’extraire de l’eau 10 tonnes d’un bois fragile comme du verre sans en briser la moindre partie» : un exploit ! Et ce n’est qu’un début.
Un puzzle
Il faut démonter et répertorier chaque pièce, comme un immense puzzle, arroser les bois et les transporter vers un labo spécialisé où ils sont restaurés. Celui que l’on appelle «Le chaland Arles-Rhône 3» trône désormais au musée Arles Antique qui s’est agrandi pour l’accueillir, lui et 450 objets en lien avec la navigation, le commerce et le port romain d’Arles. Au rayon des bateaux vikings d’Oslo, du Vasa de Stockholm, de la Mary-Rose de Portsmouth et de la jonque Nanhai 1 de Canton, il fait partie des très rares bateaux retrouvés (presque) complets lors de fouilles. La France l’a classé «Trésor national».
Article paru dans Télépro du 18/3/2021
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