Amazon : le sourire d’un empire tentaculaire
Vingt-cinq ans après sa création, dans un petit garage de Seattle, Amazon est devenu le plus grand magasin de la planète. Ce jeudi à 23h05, La Une propose un documentaire sur les secrets de l’entreprise de Jeff Bezos.
De ses 250 entrepôts éparpillés sur les cinq continents, il expédie 158 colis par seconde, soit 5 milliards par an. À 55 ans, Jeff Bezos pèse lourd. Sa fortune dépasse les 100 milliards de dollars.
Le fondateur et PDG a une seule obsession : vendre tout, tout de suite et partout. Il est parvenu à réduire le temps et l’espace. En attendant l’autorisation de la Federal Aviation Administration (FAA) de pouvoir faire voler ses drones sur le sol américain et de réduire à moins de trente minutes la livraison de colis de moins de 2,5 kilos, il a commandé 100.000 camionnettes électriques. Dès 2021, elles seront utilisées pour couvrir le «dernier kilomètre».
Les travaux d’Hercule
En marge de sa campagne médiatique de tests de drones qui vise à charmer la FAA et des Américains réticents, Bezos a intégré Hercule, un robot magasinier, dans une trentaine d’entrepôts. Au centre de distribution JFK 8, à New York, ils sont plusieurs centaines à faciliter le travail de 2.500 manutentionnaires. Grâce à Hercule, Bezos a réduit le délai de livraison de 48 à 24 heures pour les clients «Prime».
Une position de monopole
Au-delà de ces performances et chiffres, le réalisateur Adrien Pinon nous précise la vision du monde selon Amazon, progressiste et libérale, dans un film fort documenté, à découvrir jeudi sur La Une. Y apparaît le témoignage éclairant de l’Américaine Stacy Mitchell, directrice d’un organisme (ILSR) qui défend l’autonomie locale et souligne la nécessité d’institutions et d’économies à taille humaine.
Depuis dix ans, elle suit le développement de l’ogre cybermarchand. «Amazon a grandi à l’abri des regards. C’est une force invisible qui s’infiltre partout. Il serait faux de ne voir en elle qu’un site de commerce en ligne. Car elle décide de qui peut vendre et comment, contrôlant, de ce fait, l’accès au marché des autres acteurs (fabricants, industriels…). Elle devient l’unique interface entre tous les acheteurs et vendeurs. C’est un monopole.»
La puissance du cloud
La multinationale est numéro un dans un autre secteur stratégique, le cloud, un service de stockage de données en ligne. Un tiers des infos qui y sont disponibles est hébergé sur un serveur d’Amazon, propriétaire de 120 data centers. «Jeff Bezos et ses équipes ont investi massivement dans le cloud pour leur propre usage avant de proposer ce service aux autres. L’entreprise profite de la croissance de ses concurrents en leur ouvrant son cloud», explique le journaliste Benoît Berthelot, auteur de l’enquête «Le Monde selon Amazon» (aux Éditions Cherche Midi).
Et de détailler : «Netflix, concurrent d’Amazon Prime, a besoin du cloud de l’entreprise pour fonctionner. Apple, qui a pourtant son propre service, est aussi client. On pense aussi à Google, qui fait tourner son application Waze sur ce cloud. Même le ministère de la justice britannique est l’un de ses clients. Cela pose la question de la souveraineté des États puisque les data centers stockent des données sensibles.»
Copain copain
Pour cela, le grand patron soigne ses relations avec les gouvernements. Depuis l’an 2000, ses dépenses en lobbying ont explosé. Aux USA, elles sont passées de 492.000 dollars à 13 millions en 2017. Pour l’Europe, on parle d’au moins 12 millions. Notre continent est de moins en moins conciliant.
«Une menace plane sur nos démocraties et nos consommateurs», confirme Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence. En 2017, la Danoise s’est attaquée pour la première fois au géant du Web, l’obligeant à rembourser 250 millions d’euros d’avantages fiscaux perçus. Elle vient de lancer une enquête approfondie sur les pratiques commerciales d’Amazon.
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