Amande douce : ruée vers l’or vert
Depuis dix ans, l’amande douce est l’un des aliments santé à la mode. Mais sa production intensive en Californie provoque de sacrés dégâts ! Ce vendredi à 17h10 sur Arte, le magazine va à la découverte d’une exploitation.
Bourrée d’oligoéléments et de nutriments (vitamines E, B, magnésium, potassium, calcium…), l’amande diminuerait les risques cardiovasculaires, améliorerait la vue et le bon cholestérol. Fort demandée, elle a transformé ces dernières années le visage des campagnes espagnoles. En Andalousie, dans la vallée de Guadalquivir, les champs de céréales sont de plus en plus remplacés par de grands vergers d’amandiers, beaucoup plus rentables. En 2018, l’Espagne a récolté plus de 61.000 tonnes d’amandes. Pourtant, le pays n’est que le modeste 3e producteur mondial, loin derrière les États-Unis et l’Australie.
Suprématie américaine
Avec 80 % du marché international, la Central Valley californienne écrase toute concurrence ! En dix ans, ses 6.800 producteurs ont doublé la surface de leurs plantations, diminuant les niveaux des nappes phréatiques au point que les habitants de la vallée doivent s’approvisionner en eau par camions-citernes.
Produire un kilo d’amandes demande, en effet, 15.000 litres d’eau. Fort décriés lors des dernières grandes sécheresses, les producteurs affirment gérer mieux leur consommation en eau qu’ils ont réduite de 33 % grâce à des systèmes de micro-irrigation, tout en augmentant le rendement des arbres de 40 %. En dix ans, après avoir atteint un pic historique en 2015 de 9 €, le prix au kilo s’est stabilisé à 5 €. L’industrie californienne pèse 4,7 milliards d’euros et entend poursuivre sa colonisation des consommateurs, ciblant, pour l’instant, ses campagnes de promotion aux Chinois et Coréens.
Abeilles en location
En outre, pour polliniser un hectare, il faut 300.000 abeilles «apprivoisées» que les producteurs louent aux autres États ainsi qu’aux apiculteurs européens. Elles sont exposées aux pesticides, aux fongicides et autres produits chimiques qui affaiblissent leur système immunitaire. Elles deviennent les hôtes de virus qui les font voler plus lentement, agir bizarrement et mourir prématurément.
«Si vous cherchez ce qui cause le déclin des abeilles, l’agriculture industrielle tient certainement un rôle majeur», affirme Kelly Watson, professeur en géosciences à l’université du Kentucky et auteur d’une enquête fouillée sur la culture d’amandes. Mais malgré ces impacts néfastes sur l’environnement, le boom se poursuit et continue de faire rêver les derniers cultivateurs de maïs, melons et tomates de Californie, enclins à changer leur fusil d’épaule. Regroupés dans la Collective des Amandes, les producteurs tentent de leur côté d’endiguer la catastrophe et d’améliorer leur image. En sept ans, ils ont semé des fleurs (marguerites, tournesols, bleuets…) sur 13.760 hectares de prés (l’équivalent grosso modo de 25.000 terrains de foot) pour abeilles dans le cadre du programme «Seeds for Bees».
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 4/6/2020
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