Albert Camus, le juste

L'auteur de «L'Étranger» et «La Peste» était issu d'un milieu très défavorisé © France 3

Voilà soixante ans qu’Albert Camus est décédé, mais son message reste d’actualité.

Le 4 janvier 1960, Albert Camus trouvait la mort dans un accident de la route. Fauché en pleine gloire, à 46 ans, deux ans après avoir reçu le prix Nobel de littérature. Camus avait utilisé l’argent du prix pour s’acheter une petite maison en Provence, dans un paysage qui lui rappelait son Algérie natale. Il venait d’y passer les fêtes en famille, avec ses amis Gallimard. Les femmes et les enfants étaient rentrés à Paris en train, les hommes avaient décidé de remonter en voiture…

Soixante ans plus tard, personne n’a oublié l’auteur de «L’Étranger». Classé meilleur roman français du XXe siècle, traduit dans soixante-huit langues, il fait toujours partie des livres les plus vendus au monde.

France 3 rend hommage à l’écrivain ce mercredi avec «Les Vies d’Albert Camus». «Ce qui rend Camus si universel, si populaire», explique Georges-Marc Benamou, l’auteur du film, «c’est qu’en dépit de cette vie d’illustre écrivain, il est resté un fils du peuple.»

À la cravache

Albert Camus est un enfant des quartiers pauvres d’Alger. Il n’a aucun souvenir de son père, tué au combat en 1914, alors qu’il n’a que quelques mois. Sa mère est sourde et illettrée. Il est élevé à la cravache par une grand-mère qui envisage de l’envoyer travailler alors qu’il est haut comme trois pommes…

Qu’aurait été la vie de Camus s’il n’y avait eu Louis Germain ? Cet instituteur remarque les prédispositions du gamin, bataille avec la grand-mère pour qu’elle l’autorise à poursuivre sa scolarité et lui obtient une bourse. C’est ainsi que, chemin faisant, Albert Camus s’intéresse à la littérature, au théâtre, à la philosophie. Il trouve d’abord sa voie professionnelle dans le journalisme.

En 1939, il se fait remarquer pour une série d’articles sur la misère en Kabylie. Le sujet est délicat alors que l’Algérie est une colonie française… Camus rêve d’égalité et de fraternité entre les humains, même s’il se heurte à l’absurdité du réel.

Il écrit «L’Étranger» et «Le Mythe de Sisyphe». Installé à Paris, il s’engage dans la Résistance en prenant la direction du journal clandestin «Combat». Il se lie d’amitié avec Sartre. Il publie «Caligula», «La Peste», «La Chute»… Puis il se brouille avec Sartre lorsqu’il dénonce les horreurs du stalinisme que l’auteur de «Huis clos» préfère ne pas voir. Camus est épris d’humanisme, de justice et de liberté.

Une main tendue

Quand le prix Nobel de littérature lui est décerné, à l’automne 1957, Albert Camus le dédie à son instituteur d’Alger. «Sans vous», lui écrit-il, «sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé.»

Lors de la réception du prix, il prononcera un discours qui demeure d’actualité : «Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.»

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