Afghanistan : une guerre sans fin
Depuis 1979, l’Afghanistan est en proie à des conflits. Pour combien de temps encore ? Ce mardi 7 avril dès 20h50, Arte revient sur cet interminable désastre dans un documentaire en quatre épisodes intitulé «Afghanistan, pays meurtri par la guerre».
C’est un pays grand comme la France, un pays montagneux dans lequel vivent un peu plus de 35 millions d’habitants. Vivent ou plutôt survivent : depuis sa création en 1747, l’Afghanistan passe de conflits en guerres civiles et de batailles sanglantes en attentats meurtriers. Rien que ces quarante dernières années, les victimes se comptent par centaines de milliers et les exilés par millions. Le plus terrifiant, c’est qu’à la question : «Pourquoi ?», la réponse semble impossible à donner.
Le Vietnam soviétique
Le 27 décembre 1979 s’écrit le premier acte d’une tragédie qui dure depuis quatre décennies. Ce jour-là, plusieurs bataillons de l’Armée rouge franchissent la frontière des républiques soviétiques du Turkménistan et du Tadjikistan pour envahir l’Afghanistan.
Un commando des forces spéciales du KGB atterrit à Kaboul, la capitale. Il prend d’assaut la forteresse présidentielle Dar-ol-Aman et assassine le président afghan Hafizullah Amin. Pour prendre les commandes du pays, l’URSS emploie les grands moyens : elle déploie 90.000 hommes, contrôle les grandes villes et les zones stratégiques afghanes. Pourquoi donc l’ours soviétique se jette-t-il sur une proie à première vue bien inoffensive pour lui ?
Le contexte
Séance de musculation en pleine guerre froide ? Envie de montrer aux Américains, au Pakistan, à l’Iran et à la Chine qui est le patron dans la région ? Radio France Internationale rappelle ces propos de l’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci avoue en 2003 : «Des officiers se déclaraient incapables d’expliquer à leurs subordonnés pourquoi nous combattions, ce que nous faisions là-bas et ce que nous voulions obtenir.»
Résultat des courses : dix ans après être arrivé en grande pompe, l’ours est contraint de retourner chez lui, la queue entre les pattes. Le 15 février 1989 à 11.30, le commandant en chef des forces soviétiques en Afghanistan traverse le «pont de l’amitié» et rentre chez lui avec ce qui reste de ses hommes (50.000 Soviétiques auraient perdu la vie). Les Américains, qui ont armés et soutenus les Talibans durant le conflit, applaudissent : ce qu’ils ont connu au Vietnam, les Soviétiques viennent de l’expérimenter à leurs dépens en Afghanistan. L’oncle Sam jubile. Pas pour longtemps.
Un bourbier pour les Occidentaux
Le 11 septembre 2001, les attentats de New York remettent l’Afghanistan dans le collimateur US. Le responsable, c’est Oussama ben Laden. Lui et les commandos de son organisation Al-Qaïda combattent depuis longtemps au nom de l’Islam. Ils sont basés en Afghanistan, avec la bénédiction des Talibans. Ceux qui dirigent désormais le pays se sont complètement affranchis de leurs anciens amis américains et occidentaux.
En 2001, l’Otan débarque sur place pour remettre les pendules à l’heure. Aux guerres civiles internes qui déchiraient le pays depuis le départ des Soviétiques succède donc une nouvelle guerre. Une guerre qui se transforme à son tour en bourbier pour ceux qui y mettent les pieds.
Dix-neuf ans après le début de ce conflit, des signes d’espoir semblent enfin se manifester. Sur le plan diplomatique, talibans et États-Unis ont signé un accord de paix historique le 29 février à Doha. Cet accord devrait permettre d’envisager le retrait des troupes américaines d’Afghanistan d’ici un peu plus d’un an. Mais la formation d’un gouvernement d’union pour négocier avec les talibans est toujours au point mort. «La population de Kaboul entre espoir, résignation et inquiétude», écrivait le journal La Croix.
Selon un comptage précis effectué par une mission de l’ONU, les conflits de ces dix dernières années auraient fait 100.000 victimes dans la population civile. Les survivants ignorent toujours pourquoi cette guerre sans fin a lieu chez eux, pourquoi tant de leurs proches sont morts.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 2/4/2020
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