Acoustique : à bon entendeur…
Professionnels discrets, les acousticiens font la guerre à la pollution sonore… sans faire de bruit. Ce mercredi à 23h05 sur La Une, «Matière grise» s’est mis à leur écoute.
Comme un super-héros pourchasse ses ennemis, il traque sans relâche une redoutable nuisance : le bruit. Dégainant tour à tour son sonomètre intégrateur ou son dosimètre de bruit, il mène le combat sur tous les champs de bataille, des aéroports aux logements, des entreprises aux pistes de karting… Pour lutter contre la pollution sonore, on peut toujours compter sur lui : l’acousticien spécialisé est dans nos murs… et en dehors aussi.
Pas très académique
«L’acousticien est le spécialiste des sons et de leur propagation. Analyste en bruit, son rôle consiste à trouver des solutions pour le rendre plus supportable, en milieu urbain ou industriel». Voilà en quelques mots la description du métier dressée par le site du Siep (Service d’information sur les études et les professions).
De quoi attirer des étudiants en recherche d’un avenir professionnel ? Pas Serge Cornet en tout cas… Exerçant son métier depuis une quarantaine d’années, cet acousticien a découvert ce qui allait devenir son job et sa passion sur le tard. «En Belgique, il n’y a pas de parcours académique classique pour devenir acousticien. J’ai fait des études d’ingénieur civil architecte. Comme en architecture, nous avions des cours d’acoustique, lorsque j’ai effectué un an complémentaire en environnement, je me suis spécialisé dans le domaine du bruit».
Dans la pratique, beaucoup de personnes font de l’acoustique : dans le domaine médical, un ORL par exemple, dans celui de la logopédie, la musique, les transports, les infrastructures routières, au sein des tribunaux… Dans le cas de Serge Cornet, il s’agit d’un métier d’ingénieur principalement lié aux domaines du bâtiment (performances acoustiques d’une maison, d’un immeuble de bureaux…) et de l’acoustique tant environnementale qu’industrielle. «Pour obtenir un permis d’environnement, outre l’impact sur le paysage, sur la faune ou la flore, il faut aussi mesurer l’impact des nuisances sonores».
Sur tous les fronts
Qu’il s’agisse de la construction d’une route, d’un aérodrome, d’une ligne de chemin de fer ou d’une usine, l’acousticien peut intervenir soit en amont de la construction soit en aval de celle-ci. «Intervenir en aval, c’est le plus mauvais moment. Dans des conflits liés à des troubles du voisinage par exemple, on se rend compte lors d’expertises judiciaires qu’avoir économisé quelques centaines d’euros sur du matériel d’isolation sonore au moment de la construction d’un bâtiment risque d’en coûter plusieurs dizaines de milliers si des travaux doivent être effectués après celle-ci.»
Budgets, écologie, règlements : l’acousticien doit combiner le tout pour proposer le diagnostic et les solutions les mieux adaptés. Il s’agira de panneaux ou de revêtements absorbant le bruit sur des axes routiers fort fréquentés, de talus recouverts de végétation en vue d’atténuer les nuisances sonores,…
De haut vol
En une quarantaine d’années, un dossier a particulièrement marqué Serge Cornet : celui de l’insonorisation des maisons proches d’aéroports. En France (à Orly et Notre-Dame-des-Landes) mais aussi en Wallonie. «D’abord, il s’agissait d’un travail particulièrement varié. Il m’a permis de rencontrer énormément de personnes. Ensuite, je ne connais pas en Europe d’opération d’insonorisation de même ampleur que celle menée par la Région wallonne à Bierset et à Gosselies. Et pourtant, j’ai roulé ma bosse (Rires). Dans d’autres pays, les pouvoirs publics intervenaient à hauteur d’un certain pourcentage. Ici, moyennant le respect de certaines règles, c’était 100 %.»
Cet article est paru dans le Télépro du 8/7/2021
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