À voir sur France 3 : «Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?»
Mercredi à 22h45 sur France 3, «Pièces à conviction» révèle l’ampleur de la discrimination en milieu professionnel dans l’Hexagone. Et en Belgique, où en sommes-nous ?
De la recherche du premier emploi jusqu’aux soucis internes entre employés et supérieurs, la discrimination au travail peut survenir à tout moment et prendre différents visages. Chez Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances, 644 dossiers relatifs aux discriminations professionnelles ont été ouverts en 2018.
Les motifs relèvent aussi bien des conditions de travail (25 %), que du licenciement (20 %), et du harcèlement (12 %). Si le nombre de plaintes a diminué par rapport à 2017, sur les cinq dernières années, l’institution a noté une augmentation de plus de 17 %.
Discrimination à l’embauche
Selon les chiffres dévoilés par Unia, 30 % des dossiers concernent une discrimination dès l’entretien d’embauche. Un réel problème quand on considère que l’emploi est le premier pas vers l’intégration sociale. Un sujet soulevé d’ailleurs par Eurostat, organisme de statistique rattaché à la Commission européenne, dans son dernier rapport sur l’intégration professionnelle des immigrés.
En effet, la Belgique est bonne dernière dans cet exercice, avec seulement 54 % des personnes d’origine non-européenne en situation d’emploi. Bien que plusieurs facteurs puissent expliquer ce chiffre, on note chez Eurostat que la discrimination ethnique y joue un rôle.
Trop vieux
Un autre critère ressort aussi, l’âge. D’après un monitoring socioéconomique mené par Unia, «le plus grand risque de discrimination à la candidature est lié à l’âge. Pour les employeurs, on devient vieux à 47 ans», explique Patrick Charlier, directeur de la structure.
Bien que cette étude date de 2012, le problème persiste. En 2016 par exemple, l’entreprise Cuisines Dovy, qui avait refusé d’engager un homme de 59 ans, a été condamnée à lui verser l’équivalent de six mois de salaire brut, soit 25.000 euros.
Au travail
Mais il n’y a pas qu’à l’embauche que les discriminations existent. L’écart salarial entre homme et femme s’élève encore à 22 % sur base annuelle, selon l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et il aurait tendance à se renforcer. On note aussi que la grossesse est souvent un frein et peut déboucher sur une interruption des relations de travail.
De même, l’état de santé reste un critère discriminatoire en hausse. «On voit des personnes qui reviennent après un cancer être licenciées ou des personnes qui sont séropositives harcelées», développe Patrick Charlier. Et d’expliquer que ces plaintes ont vu une hausse de 18 % sur un an.
Quelles solutions ?
Aujourd’hui, il existe trois lois pour combattre la discrimination : la loi «Genre», la loi «Antiracisme» et la loi «Antidiscrimination». Ces trois textes distinguent dix-neuf critères de discrimination punissable. Pour Unia, la législation actuelle va dans le bon sens, mais doit être mieux mise en place. «Il faut donner des moyens à l’inspection du travail et former les inspecteurs», prévient Patrick Charlier.
Mais la solution n’est pas seulement législative. Chez Unia, on développe l’idée pour les employeurs de réaliser des «actions positives» et de privilégier, selon certaines conditions, des personnes en se basant sur leurs origines, leurs genres, ou de réserver des fonctions à des personnes en situation de handicap. En somme, de cultiver la promotion de l’égalité des chances.
Marine Andrieu
Cet article est paru dans le magazine Télépro sorti le 26 septembre 2019
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