À Rambouillet, les kangourous font faux bond
Des wallabies près de Paris ? En liberté ? C’est ce que dévoile «I comme», samedi à 19h50 sur RTL-TVI.
La forêt de Rambouillet, dans les Yvelines, non loin de Paris, est un fabuleux poumon vert de près de 22.000 hectares. Et encore, il ne s’agit que des restes d’un vaste ensemble abondamment taillé au Moyen Âge pour laisser place à des champs cultivés sous l’égide de puissantes abbayes. Plus tard, le domaine deviendra chasse royale, ce dont hériteront jusqu’il y a peu les présidents de la République, dont le château de Rambouillet était une des résidences mises à leur disposition.
Bizarre, vous avez dit bizarre
Parmi ses arbres se glisse la faune habituelle qu’on retrouve sous nos régions au climat tempéré, du moins on eût pu le croire. Et pourtant, surprise de taille, on y rencontre d’authentiques kangourous, des wallabies, plus habitués aux pistes de la Tasmanie au sud de l’Australie. Il serait plus juste de dire qu’on les rencontrait, car étrangement, au cours des dernières années, ils ont eu tendance à disparaître pour devenir quasi inexistants en 2022.
L’histoire remonte aux années 1970, quand le directeur du zoo de Bâle offre sept spécimens à son ami René Jamous. Ce châtelain possède la réserve de Sauvage, un parc zoologique qu’il a aménagé dans la commune d’Émancé, en bordure de la forêt de Rambouillet. Cadeau empoisonné s’il en est, car notre homme avoue préférer de loin les oiseaux que ces kangourous qui ne sont ni rares, ni spécialement beaux et sont, selon leur nouveau propriétaire, bêtes à manger du foin.
Mais cette fameuse réserve est gérée bien loin des règles actuelles qui régissent ce type de parc. Nourriture faite de poussins morts, pseudo entretien effectué par un personnel rétribué en noir et peu fiable. Quant aux clôtures censées fermer les enclos, n’en parlons pas. Il s’y trouve des trous béants dont profiteront les wallabies pour goûter aux joies de la liberté.
Nul n’en connaît le nombre exact. Cinquante ou plus ? Comme ils n’ont jamais été déclarés officiellement, nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est que ces marsupiaux auront souvent les poches pleines tant ils se reproduisent avec une grande facilité.
Les chasseurs, leurs ennemis
Au début, on imagine les assureurs incrédules quand des automobilistes leur déclarent avoir heurté un kangourou. Et la mairie de se fendre d’une attestation sous le sceau de la République déclarant que ce sont bien des wallabies qui disputent leur territoire aux chevreuils et aux cerfs. Mais cette étrange présence est sur le point de connaître sa fin.
En effet, elle aurait pratiquement disparu on ne sait trop comment, même si on soupçonne l’homme d’en être le prédateur. Il y a tout d’abord les chasseurs peu enclins à accepter de voir les kangourous sautiller dans les espaces où les cerfs brament et sont en rut. Il y va de la pérennité de l’espèce qui constitue des trophées appréciés. Un témoin anonyme aurait confié à un enquêteur qu’un riche propriétaire aurait même utilisé un silencieux pour abattre ces animaux exotiques que d’ailleurs, aucune loi française n’interdit de chasser.
Animal de compagnie ?
Mais une autre explication vient de la mode des nouveaux animaux de compagnie aux origines lointaines. Si les habitants de nos forêts ne se laissent pas approcher par l’homme, leur pire ennemi, les wallabies sont beaucoup plus familiers. Au point d’être facilement capturés par un simple filet puis revendus à des prix oscillant entre 200 et 1.200 € !
Voilà ce qui expliquerait la disparition des kangourous de la forêt de Rambouillet, considérés comme une espèce invasive par les chasseurs ou source de profit facile pour d’autres.
Cet article est paru dans le Télépro du 14/7/2022
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