À l’assaut des Alpes françaises !
Comment en à peine quelques décennies, les Alpes, jadis dernier territoire sauvage de France, sont devenues un espace de loisirs et d’évasion des plus prisés ? «La Grande saga de nos montagnes» nous l’explique à travers les épisodes clés de cette fulgurante transformation. Un documentaire rempli d’images d’archives et de témoignages poignants à voir ce lundi soir, à 21h05 sur France 3.
Tignes, Avoriaz, Val Thorens, Les Arcs… Cet hiver, nous n’irons pas à la montagne. Cela dit, nos grands-parents n’y allaient pas non plus. Les sports hivernaux ne sont qu’une invention récente. Comme le rappelle «La Grande saga de nos montagnes», le doc diffusé lundi sur France 3. Avec quelques belles archives et le témoignage de montagnards qui ont vu leurs villages bouleversés au fil des années.
De l’étable aux Rotschild
Il y a un siècle, la montagne était un territoire sauvage. Quelques villages étaient bien nichés au cœur des Alpes, mais coupés de tout. Les maisons n’avaient ni eau ni électricité. Elles n’avaient pas de chambres non plus : les gens dormaient à l’étable, pour profiter de la chaleur des bêtes. Il faut attendre l’entre-deux-guerres pour que quelques curieux s’intéressent à la montagne. Les plus intrépides vont à Chamonix pour découvrir le Mont Blanc, les plus chics à Megève où la famille Rothschild a établi ses quartiers d’hiver. Mais les pouvoirs publics ne se préoccupent pas de ce coin reculé de France… Jusqu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement lance une politique de grands travaux. Il s’agit de booster la production d’électricité. L’idée naît alors de profiter des torrents alpins… Le plus grand barrage d’Europe est construit en Savoie. Pour cela, il faut noyer le village de Tignes, où vivent des familles montagnardes. Qu’à cela ne tienne. Pour une fois que la montagne peut être utile !
Des travaux titanesques
À la même époque, un autre événement attire les regards vers les sommets. En 1950, le Français Maurice Herzog gravit l’Annapurna. C’est la première fois qu’un pic de plus de 8.000m est vaincu. Herzog a perdu les doigts et les orteils dans l’aventure, mais il rentre en héros. Son livre se vendra à 15 millions d’exemplaires. Tout cela donne envie aux gens d’aller découvrir la montagne… La ville de Chamonix comprend qu’elle a une carte à jouer. Elle lance la construction d’un téléphérique pour mener les simples promeneurs à près de 3.850m. Inauguré en 1955, c’est le téléphérique le plus haut et le plus long de l’époque. D’autres travaux titanesques sont entamés pour percer le Mont-Blanc entre la France et l’Italie. Le tunnel est ouvert à la circulation routière en 1965, permettant l’accès aisé à la vallée de Chamonix et à toute la Haute-Savoie.
Des années de bétonnage
Le gouvernement français lance alors le «plan neige». Il s’agit de construire une quinzaine de stations de sports d’hiver dans la région. Objectif initial : 350.000 lits. Pour les remplir, les autorités misent sur l’aura des champions. Les exploits sportifs de Jean-Claude Killy et des sœurs Goitschel sont largement mis en avant pour attirer le grand public vers les pistes. Dès les années 1970, tout le monde rêve d’aller passer quelques jours à la neige… D’autres stations sont en préparation. C’est Giscard qui donnera un coup d’arrêt au bétonnage des Alpes. En 1977, dans un discours précurseur, il se prononce pour «une meilleure protection de ce patrimoine naturel» et «un tourisme respectueux des sites et des paysages».
Cet article est paru dans le Télépro du 18/02/2021
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