À la recherche des mines du roi Salomon
La fortune colossale du roi d’Israël a longtemps fasciné les aventuriers. Et si le mystère était enfin résolu ?
Il y a trois mille ans, Salomon, fils du roi David, régnait sur le royaume uni d’Israël et de Juda, depuis sa capitale Jérusalem. Célèbre pour sa grande sagesse, il aurait aussi été à la tête d’une fortune colossale, grâce à laquelle il aurait construit un temple entièrement recouvert d’or. Les historiens ont longtemps supposé que l’origine de cette richesse venait de mines d’or et d’argent aujourd’hui disparues. Une idée qui, en 1885, inspire l’écrivain Henry Rider Haggard pour son roman «Les Mines du roi Salomon», maintes fois adapté au cinéma. Il n’en fallait pas plus pour que naisse la légende…
Si les aventuriers ont longtemps cherché ces mines, la Bible (seul texte historique mentionnant Salomon) n’est pas assez précise pour localiser leur source. Pourtant, comme le raconte le documentaire «Le Mystère des mines du roi Salomon» (ce jeudi à 20h50 sur France 5), une équipe de chercheurs a peut-être enfin résolu le mystère des ressources légendaires de ce Roi dont l’existence historique fait encore débat…
Cuivre, ressource capitale
Depuis les années 1960, un réseau très ancien de mines dans la vallée de Timna (dans le désert israélien, au sud du pays) sont attribuées aux Égyptiens du XIIIe siècle. Lorsque l’archéologue Erez Ben-Yosef (université de Tel-Aviv) investit les lieux, il fait voler cette hypothèse en éclats ! Grâce à la datation au carbone 14, il fixe l’apogée du site après le départ des Égyptiens, soit au Xe siècle avant notre ère, correspondant aux règnes… des rois David et Salomon !
Les fouilles se concentrent sur un site baptisé la «colline des esclaves», une zone contenant des restes de fonderies et ateliers de métallurgie. Car ces mines, très productives sous le règne de Salomon, ne fournissaient pas de l’or et de l’argent comme le voulait la légende, mais un métal bien plus recherché : du cuivre ! À l’époque, celui-ci, utilisé pour fabriquer des outils et des armes, constitue une ressource économique capitale, équivalente au pétrole brut de notre époque contemporaine. Dans cette contrée si inhospitalière, s’organisait donc une industrie particulièrement lucrative.
Une société organisée
Grâce aux nombreuses découvertes archéologiques (textiles, céramiques, matières organiques, excréments…) bien conservées grâce au climat sec de la région, le Dr Ben-Yosef en apprend davantage sur ces mines, exploitées par une tribu locale, les Édomites. Ce peuple semi-nomade, souvent en guerre contre Israël, s’avère bien plus complexe qu’imaginé. Leurs techniques de fonderie étaient très avancées et le camp révèle un haut niveau d’organisation sociale. Car exploiter ces mines en plein désert nécessitait une grande coopération entre des milliers de personnes.
Mais si ces mines étaient aux mains des Édomites comme le prouvent les traces archéologiques, comment Salomon a-t-il pu en tirer profit ? Les restes d’aliments retrouvés (poissons provenant de la Méditerranée, olives, dattes…) laissent penser que le Roi légendaire a pu accorder aux Édomites un droit de passage à travers son royaume en échange de l’objet de toutes les convoitises : le cuivre.
Contrairement à son père David, Salomon semble avoir été un monarque moins belliqueux, privilégiant la diplomatie et le commerce à la force. Il a ainsi pu profiter de la situation stratégique de son royaume, au centre de toutes les routes commerciales, pour, non pas prendre possession des riches mines de la région, mais en tirer bénéfice…
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 24/9/2020
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