1870, la France humiliée

À l’issue de la bataille de Sedan, Napoléon III capitule devant Guillaume Ier © De Agostini via Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

En 1870, la France de Napoléon III déclare la guerre à la Prusse de Bismarck. Un conflit très bref, mais aux lourdes conséquences pour l’Europe. Ce mardi à 20h50, Arte diffuse le documentaire en trois parties «1870-1871, la guerre franco-prussienne».

Opposant les deux meilleurs ennemis européens, la guerre franco-prussienne de 1870 a bouleversé la géopolitique du continent et semé les germes des deux guerres mondiales. Dans un documentaire en trois épisodes, Arte revient mardi soir sur l’un des premiers conflits de l’ère moderne.

À cette époque, la France est dirigée par Napoléon III, à la tête du Second Empire. Outre-Rhin, le chancelier Otto von Bismarck gouverne la Prusse «par le fer et le sang», avec comme principal objectif d’imposer l’hégémonie de son pays dans l’espace germanique. Et c’est le voisin français qui va lui permettre de le réaliser…


En effet, alors que Léopold de Hohenzollern (cousin éloigné du roi prusse Guillaume Ier) est pressenti pour monter sur le trône d’Espagne, la France craint d’être «encerclée» par des puissances germaniques, comme au temps de Charles Quint. Bien décidé à défendre la suprématie française en Europe, Napoléon III réclame non seulement le retrait de cette candidature, mais aussi le renoncement définitif d’un prince prusse au trône espagnol. Finalement, l’incident diplomatique entre les deux voisins aboutit, le 19 juillet, à une déclaration de guerre de la France à la Prusse.

Coup de grâce à Sedan

Napoléon, qui a tardé à réformer son service militaire, mobilise 220.000 hommes sur le front alsacien. Les Allemands, dont l’armée est mieux équipée et organisée, en alignent le double. Lorsque ceux-ci passent à l’offensive, les défaites françaises s’enchaînent (Wissembourg, Froeschwiller-Woerth – la célèbre bataille de Reichshoffen -, Forbach-Spicheren…), ancrant définitivement le conflit sur le sol français. La stupeur est totale : alors que Paris pensait donner une leçon au voisin prussien, son armée est contrainte de se replier.

Le coup de grâce est donné le 1er septembre à Sedan. Obligé de capituler sans conditions, Napoléon III est fait prisonnier, à l’instar de 95.000 soldats français. Face à l’Empire en ruines, les opposants politiques, conduits par Léon Gambetta, en profitent pour mener une révolution pacifique et proclamer la République. Dans le camp adverse, la guerre n’est pas terminée. La victoire de Sedan ouvre le chemin de Paris aux troupes allemandes qui, dès le 19 septembre, entament un siège impitoyable de la capitale. Manquant d’effectifs pour donner l’assaut, l’État-major prussien mise sur une autre stratégie : affamer la ville.

Parisiens affamés

Ne pouvant pas compter sur les armées mobiles qui se forment en provinces, la population parisienne est condamnée à la faim – les habitants sont obligés de manger des rats et des animaux du Jardin des Plantes -, au froid et aux maladies lors de cet hiver 1870-71 particulièrement rigoureux.

Alors que les défaites françaises se succèdent en provinces, le 18 janvier 1871, le roi de Prusse Guillaume Ier est proclamé empereurd’Allemagne, dans la galerie des Glaces à Versailles. Un empire allemand unifié voit le jour, sur le sol français, dans un lieu symbolisant le pouvoir royal français ! Deux jours plus tard, les armées françaises se replient et réclament un armistice, signé le 28 janvier.


La France, vaincue, se voit imposer des conditions de paix longtemps jugées irréalistes. Conformément au traité de Francfort, le pays doit payer des réparations exorbitantes et céder au vainqueur l’Alsace et une partie de la Lorraine. Cette nouvelle frontière, symbolisée par la «ligne bleue des Vosges», va nourrir un sentiment de revanche qui conduira à la Première Guerre mondiale et conditionnera une bonne partie du XXe siècle…

Cet article est paru dans le Télépro du 11/7/2024

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici