1789, révolution de malades !
Robespierre-Marat : même combat ! Ces révolutionnaires étaient d’une piteuse santé avant d’être tous deux tués aux premières heures de la République…
Sur les traces des restes des tribuns de la Révolution française, du cœur du vieux Paris aux terrifiantes catacombes, tel est le terrain d’enquête proposé par le doc «Marat, Robespierre – Les malades de la révolution», jeudi à 20h50 sur France 5. Une enquête étonnante sur deux «cold cases» vieux de 225 ans… «Ah, ça ira !», hurlent à tue-tête les Sans-culottes dans les rues de Paris au lendemain de la Révolution de 1789. Quelque temps plus tard, rien ne va plus pour deux de ses figures de proue. Le 13 juillet 1793, Marat, dit «l’ami du peuple», meurt dans sa baignoire, assassiné par Charlotte Corday. Un an plus tard, le 28 juillet 1794, Robespierre, surnommé «l’incorruptible», est conduit à l’échafaud et guillotiné. Outre leur fin violente, un lien les unit au-delà de la mort. Une similitude découverte près de deux cents ans plus tard par des enquêteurs bien actuels. Avant que le bras armé d’une femme ou celui du peuple ne les frappent, Marat et Robespierre étaient gravement malades et condamnés…
Le «cold case» Marat
2018, Paris, Bibliothèque nationale de France. Un étrange commando s’active autour d’un vieux journal taché. Des scientifiques de l’Institut de biologie évolutive de Barcelone se sont déplacés pour un exemplaire unique de «L’Ami du peuple», le journal écrit et édité par Jean-Paul Marat (1743-1793). La pièce est unique : les taches sur ses pages sont celles du sang du politicien, médecin et journaliste le jour de son assassinat. La scène immortalisée par le peintre David reprend soudain vie : le révolutionnaire sans vie dans sa baignoire, le livre qu’il tient à la main, le sang… Mais pourquoi Marat s’était-il plongé ce jour-là dans une baignoire pour travailler sur cet ouvrage ? Ce jour-là et bien d’autres d’ailleurs… Car tout porte à croire qu’il vivait ainsi depuis de longs mois ! Un an après leur «descente» à Paris, les chercheurs espagnols tiennent leur réponse et dévoilent la solution de l’énigme. Le quotidien El Pais se fait l’écho des résultats des analyses de plus de 500 millions de séquences d’ADN : «Aucune trace de syphilis, de lèpre, de gale (…). Pour les chercheurs espagnols, le principal suspect quant à la maladie de peau dont souffrait Marat est un champignon «qui cause la dermatite séborrhéique».» Marat passait sa vie dans l’eau pour apaiser des démangeaisons insupportables ! En le poignardant, Charlotte Corday a abrégé les souffrances du révolutionnaire : la maladie, incurable à l’époque, allait finir par empoisonner son sang. Conclusion de ce «cold case» : «S’il n’avait pas été poignardé, le révolutionnaire aurait pu mourir d’une septicémie «en quelques semaines».»
Bis repetita
Le cas de Maximilien de Robespierre (1758-1794) n’est pas moins étonnant. À nouveau, ce sont des scientifiques et les résultats de leurs analyses de séquences d’ADN qui résolvent l’énigme. À l’origine du régime de la Terreur (sep. 1793 - juil. 1794), qui fait 40 000 victimes, «l’incorruptible» est arrêté et décapité le 28 juillet 1794 place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Deux masques mortuaires sont alors réalisés. Deux cent vingt ans plus tard, l’analyse d’un de ces masques (moulé par Marie Grosholtz, alias la célèbre Madame Tussaud), réalisée par le Dr Charlier de l’université Versailles Saint-Quentin, amène celui-ci au diagnostic suivant : «Sarcoïdose diffuse, une atteinte ophtalmologique, cutanée, à la fois au niveau des jambes et au niveau du visage, et aussi une atteinte des muqueuses respiratoires.» Même s’il avait survécu à la révolution, jamais Robespierre n’aurait pu être soigné pour cette maladie décrite pour la première fois un siècle après sa mort !
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/02/2021.
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