«1, 2…3 fois. Adjugé  !» : les coulisses du métier de commissaire-priseur

Contrairement à la France, il n'y a pas chez nous de formation diplômée qui s'impose pour devenir commissaire-priseur © Getty
Alice Kriescher Journaliste

Est-ce l’effet d’«Affaire conclue» ? Le métier de commissaire-priseur attise la curiosité, et l’intérêt du public pour les ventes aux enchères est croissant.

«Affaire conclue» est un des gros succès de la télé de ces dernières années (La Une/France 2). Ses antiquaires-acheteurs et ses experts en objets d’art sont devenus des «people» aussi en vue que son animatrice Sophie Davant.

Ce dimanche à 13h40 sur TF1, le magazine «Grands reportages» s’intéresse au métier de commissaire-priseur. Pour en savoir davantage, rencontre avec Dominique de Villegas, qui officie à l’hôtel de vente Horta, à Bruxelles.

Que signifie exactement le terme «commissaire-priseur» ?

C’est une appellation précise qui désigne un commissaire d’exposition, à savoir l’organisateur d’une expo-vente. Priseur, dans notre métier, signifie qu’il pose une estimation sur un objet à vendre. Ne peuvent être qualifiées ainsi que les personnes qui font à la fois l’estimation, donc la prisée, et l’organisation de la vente.

Quel type de formation requiert ce métier ?

En France, le commissaire-priseur doit être licencié en droit pour pouvoir à la fois expertiser les objets et représenter ce que l’on appelle un «officier ministériel instrumentant». En Belgique, ce n’est pas le cas. Le commissaire-priseur est un indépendant. Cependant, nous avons l’obligation légale d’avoir un officier ministériel instrumentant à nos côtés, généralement un huissier de justice. Cette procédure est plus fair-play vis-à-vis des clients et du gouvernement car l’huissier garantit la perception de la TVA. Chez nous, les deux métiers se surveillent, alors que le commissaire-priseur français a la double casquette. Concernant la formation en Belgique, un cursus en histoire de l’art ou un minimum d’intérêt pour le domaine est un prérequis appréciable lorsqu’il s’agit d’estimer des objets. À titre personnel, j’ai suivi une formation de marketing aux États-Unis. Ensuite, je me suis lancé dans l’antiquariat sans y trouver satisfaction. J’ai alors intégré une salle de vente publique, en commençant au bas de l’échelle, pour finalement la racheter. 

Êtes-vous nombreux dans le métier chez nous ?

En Belgique, on calcule plutôt le nombre de salles de ventes. Je suis trésorier de la chambre syndicale des salles de ventes belgo-luxembourgeoises et nous sommes 42 affiliés belges.

L’expertise d’un objet laisse-t-elle une place à la subjectivité ?

Non. En tout cas, me concernant, la seule chose qui prévaut est la nature de l’objet présenté. Bien sûr, nous avons nos goûts, il y a des choses que l’on a plaisir à voir, mais au niveau de l’estimation seule la qualité compte.

Pensez-vous que l’émission «Affaire conclue» a mis votre métier en lumière ?

Tout à fait ! En toute honnêteté, je n’ai jamais regardé l’émission car elle est diffusée durant mes heures de travail. Mais on m’en parle souvent. En plus, il y a eu le covid qui a non seulement permis aux gens de regarder ce programme, mais aussi de faire du tri dans leur maison. Cela a suscité une nouvelle curiosité. Nous sommes partisans d’une telle présence en télé. Plus on parle de notre métier, plus les gens s’intéressent à ce marché et c’est tant mieux !

Quel est l’objet le plus exceptionnel que vous ayez expertisé ?

Lors de chaque vente, j’en ai en moyenne quatre ou cinq qui sortent du lot. Sur notre site, comme objet d’une prochaine vente, il y a un marbre de Philippe Wolfers. C’est le genre de pièce assez rare à mettre sous mon marteau, ça fait plaisir ! On a aussi eu une excellente surprise en juin : un bronze représentant le dieu Mercure tenant son caducée. Il a suscité une bagarre acharnée entre deux acheteurs et ça a terminé à 710.000 €, notre meilleur score historique ! Notre moyenne pour un lot avoisine les 1.500 €. 

Cet article est paru dans le Télépro du 21/10/2021

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