Zazie («The Voice») : «Je ne cherche pas la prochaine Rihanna ou la copie d’Alain Souchon, je veux des personnalités»

Zazie («The Voice») : «Je ne cherche pas la prochaine Rihanna ou la copie d’Alain Souchon, je veux des personnalités»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Nouvelle jurée du télécrochet de TF1, l’auteur-compositeur-interprète livre ses premières impressions.

Rapidement à l’aise dans son nouveau rôle de coach,
cette artiste aux six Victoires de la musique n’a pas hésité à
titiller ses camarades pour récupérer des talents, auxquels elle
apportera toute son expérience et sa bienveillance.

Pourquoi avoir accepté de rejoindre ce
concours ?

Quand je regardais l’émission devant
ma télévision, je me surprenais à me comporter comme les coaches.
Il m’arrivait de m’emballer pour un talent, et je réfléchissais
même à la chanson la plus adéquate pour mettre sa voix en valeur.
Lorsque les équipes de la production m’ont proposé le fauteuil de
coach, je leur ai posé une multitude de questions. Regardée par un
grand nombre de téléspectateurs, professionnels de la musique
compris, «The Voice» est une belle vitrine pour les talents. Beaucoup
d’anciens participants, vainqueurs ou non, font leur bout de chemin
en signant dans une maison de disques. Je me suis dit que c’était
une expérience intéressante et, disposant de temps, je me suis
lancée dans l’aventure.

Appréhendiez-vous votre rôle de coach
?

Mon expérience depuis plus de vingt
ans en tant qu’auteur-compositeur-interprète m’a fait croiser la
route de beaucoup d’artistes, dont certains issus de ce genre de
programme. J’ai appris à travailler avec eux pour être au plus
près de ce qu’ils sont et aiment musicalement. Je n’avais donc
pas de grandes appréhensions. En revanche, j’ai ressenti une
petite boule au ventre quand les premiers talents n’ont été
sélectionnés par aucun d’entre nous. Mon joli fauteuil rouge se
situant juste à côté de l’issue du plateau, je voyais la
déception sur leur visage. Même s’ils ont choisi de se présenter
aux auditions, il est toujours difficile, quand on est soi-même
artiste, de voir leur peine. Mais c’est ça aussi, être artiste,
c’est réagir quand on se prend un mur. Toutefois, je suis certaine
qu’une fois l’étape digérée, ils rebondiront autrement.

On sent que vous prenez votre rôle
très à coeur…

C’est la moindre des choses, il me
semble. Même les talents que nous ne choisissons pas ont le courage
de venir chanter. Ils y mettent leurs espérances et leur coeur. Il
faut les saluer, et essayer de leur dire, même très succinctement,
pourquoi nous ne nous sommes pas retournés. Je déteste
l’humiliation, j’essaie donc d’adoucir leur déception et de
leur rappeler que rien n’est fini. Ne pas être choisi par quatre
personnes ne signifie pas la fin d’une carrière. Il existe mille
façons de trouver sa voie !

Comment était l’ambiance lors des
auditions à l’aveugle ?

Mes petits camarades de fauteuil ont
été bienveillants à mon égard. La mécanique de «The Voice» n’a
plus de secrets pour eux, et ils m’ont aidée à me sentir à l’aise
très vite ! Je connaissais déjà Florent Pagny et Jenifer. Quant à
Mika, son fauteuil étant à côté du mien, nous nous sommes
beaucoup amusés tous les deux et avons aussi pas mal bavardé ! Le
show s’est donc déroulé dans une ambiance très bon enfant. Même
quand nous nous disputons un talent, nous le faisons avec beaucoup
d’humour.

Quel coach est le plus redoutable ?

Ils savent tous l’être. Face à moi,
Mika est certainement le coach le plus coriace car nous avons souvent
été attirés par les mêmes voix. J’ai dû redoubler d’efforts
pour convaincre les talents car Mika ne manque vraiment pas
d’arguments !

Avez-vous une stratégie pour attirer
les talents dans votre équipe ?

Il est impossible de prévoir en amont
ce que nous nous apprêtons à dire. Je fais donc entièrement confiance à mon instinct. Notre discours fluctue aussi en fonction
des talents. Ils ont une opinion sur chaque coach et éprouvent des
envies particulières. Lors du tournage, j’ai souvent argumenté pour les convaincre
de travailler avec moi. Toutefois, il m’est aussi arrivé de rester
silencieuse, pour laisser place à l’émotion de leur performance.
Les deux techniques ont plutôt bien fonctionné !

Quel genre de voix recherchez-vous ?

Je reste très attachée à la
singularité des voix. Pour trouver sa place parmi d’innombrables
artistes, il ne faut pas être une imitation de l’un d’entre eux.
Je ne cherche pas la prochaine Rihanna ou la copie d’Alain Souchon,
je veux des personnalités. Il faut aussi que les talents fassent
passer leurs émotions dans leur voix.

Avez-vous eu des surprises en vous
retournant ?

Étrangement, non ! Comme je suis
vraiment attachée à la singularité, le physique des talents
m’importe peu. Le tout est de savoir pourquoi on chante : en
général, c’est pour montrer ce que l’on est réellement, pour
s’exprimer et pour séduire avec ce que nous sommes. Peut-être
ai-je quelques fois été surprise par le très jeune âge des
talents. Du haut de leurs 16 ans, certains possèdent déjà une
technique et une détermination incroyables ! Ils m’ont
impressionnée.

Entretien : Jean-Marc Melen

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