[What the buzz ?] Affaire Morano : à qui profite le crime ?

[What the buzz ?] Affaire Morano : à qui profite le crime ?
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Après avoir qualifié la France de pays de race blanche sur France 2, la députée européenne française a été évincée des listes pour les élections régionales françaises. Décryptage.

Nadine Morano. Si vous aviez oublié son nom, nul doute que l’actualité de ces deux dernières semaines vous a rafraîchi la mémoire.

Ancienne secrétaire d’État et ministre du Travail sous Nicolas Sarkozy, la quinquagénaire a toujours été réputée pour son franc-parler et son indéboulonnable dévotion à l’ancien président de la République.

Le 26 septembre dernier sur le plateau d’«On n’est pas couché» (France 2), l’ancienne députée de Meurthe-et-Moselle s’est retrouvée au cœur d’une polémique. L’eurodéputée avait déclaré : «Nous sommes un pays judéo-chrétien (…) de race blanche, qui accueille des personnes étrangères», citant par là une conversation de Charles De Gaulle. Il n’en faut pas plus pour que la toile s’embrasse et que les médias s’emparent de cette frasque.

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Mais à qui profite le crime ?

Légitimement, cette sortie a créé pas mal de remous dans les sphères politiques, mais aussi médiatiques. Néanmoins, celle-ci pourrait bien être profitable pour certains…

1 : Ruquier et ONPC

Certains journalistes annoncent un acte orchestré par Laurent Ruquier. L’émission ONPC a d’ailleurs ce soir-là battu des records d’audience avec 1,4 million de téléspectateurs en France.

Depuis, l’émission est taxée de «favoriser les thématiques identitaires» en invitant des «réactionnaires» tels que Finkielkraut, Zemmour, Morano, Houllebecq, etc.

2 : Nadine Morano herself

Comme le disait si bien Andy Warhol : «N’importe quelle publicité est une bonne publicité ». Les élections régionales en France auront lieu en décembre prochain. Dès lors, tous les listiers sont en campagne.

Au même titre que Jean-François Copé et ses pains au chocolat, la droite française joue avec les limites du Front National pour racoler quelques voix supplémentaires.

L’ancienne ministre emboîte le pas à une supposée anti-islamisation de la France comme le souligne Le Petit Journal de Canal plus, le discours est plus profond qu’une simple citation de De Gaulle.

De plus, Morano a reçu des soutiens pour ses propos de la part de Jean-Marie et Marine Le Pen. La présidente du parti d’extrême droite, qui est en ce moment jugée pour discours incitant à la haine.

3 : Jean-François Copé

Les Républicains sont en pleine discorde concernant le cas Morano. Certains veulent sa tête, tandis que d’autres tentent vainement de sauver la femme de la noyade.

Parmi ceux-ci, Jean-François Copé a apporté son soutien à la candidate nancéienne. Sans doute porté par le capital sympathie dont jouit Morano, Copé a pris la défense de celle-ci soulignant que le retrait de l’investiture ferait la part belle à la gauche et que ce cas ferait jurisprudence.

Au-delà de sauver la tête d’une faiseuse de voix, Copé s’affirme un peu plus dans une joute l’opposant à Nicolas Sarkozy

4 : Nicolas Sarkozy

Le parti, par la voix de son porte-parole, Bruno Le Maire, se dit outré par la sortie médiatique de sa députée européenne.

Refusant une ultime fois de s’excuser pour ses propos, le parti de droite se désolidarise totalement.

Nicolas Sarkozy, le rassembleur, celui qui a tant été soutenu par la députée dans les bons comme les mauvais moments, assassine sa militante la plus fidèle en lui retirant son investiture sans pour autant l’exclure du parti.

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En perte de vitesse auprès des militants à l’inverse d’Alain Juppé, l’ancien président de la République entend, depuis son retour à la tête du mouvement, rendre une image moins extrémiste à son parti et redorer son blason à quelques mois de l’élection présidentielle de 2017.

Comme pour Copé, la manœuvre est avant tout avantageuse pour les intérêts de Sarkozy.

Le cas Nadine Morano donc aura fait couler énormément d’encre dans la presse française, mais aussi étrangère. Néanmoins, de nombreuses individualités ont su tirer profit de ce tintamarre médiatique à la veille des élections régionales.

D’un flop médiatique, cette affaire semble s’être transformée en top … politiques ou d’audience.

Michael Scholze

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