Voici pourquoi France 2 ne diffuse plus «Faites entrer l’accusé» en soirée
Depuis septembre, le magazine dédié aux faits divers est programmé le samedi après-midi. Les fidèles couche-tard de l’émission en sont déboussolés. Le choix de la chaîne est-il pertinent ?
Du crime d’amour au meurtre sinistre, en passant par la disparition inexpliquée et même l’affaire Dutroux : on ne compte plus le nombre d’histoires humaines évoquées par «Faites entrer l’accusé».
Un succès vieux de quatorze ans déjà !
Les fans de la première heure ont encore en mémoire l’ambiance toute particulière que parvenait à créer «Faites entrer l’accusé». Le magazine, diffusé depuis 2000 sur France 2, nous plongeait alors dans le décor dépouillé et tamisé d’un commissariat des années 70.
Dans un plaisir coupable et dès la nuit tombée, on se passionnait alors pour les épopées judiciaires, les histoires de crimes passionnels et autres disparitions inquiétantes. La mise en scène théâtrale, ponctuée par le timbre glaçant de Christophe Hondelatte, réussissait à nous glacer les sangs, et nous empêchait souvent de nous coucher l’esprit tranquille : «Ai-je bien fermé le garage ?»
Changement de visage
Fin 2011, Christophe Hondelatte, aux commandes depuis dix ans, a quitté le magazine, provoquant la déception d’une large partie des fans. Depuis, c’est Frédérique Lantieri qui endosse le rôle de narratrice et enquêtrice au sein d’un décor repensé.
Dans un style très différent, la journaliste de 54 ans a su imposer son énergie chaleureuse et sa grande empathie à l’égard des victimes qu’elle interroge au cours de l’émission.
Un ton plus consensuel
Autre élément : depuis septembre dernier, «Faites entrer l’accusé» est diffusé chaque samedi après-midi. La chaîne voulait ainsi renforcer sa grille de programmes, dans une tranche horaire qui s’est avérée catastrophique en termes d’audiences l’an dernier, avec le magazine culturel fourre-tout «Grand public».
C’est donc dans une ambiance très différente, en pleine journée, que nous suivons les enquêtes de «Faites entrer l’accusé». Là où Christophe Hondelatte alimentait un climat d’effroi avec sa voix grave et ses intonations quasi sadiques, Frédérique Lantieri entretient quant à elle davantage de proximité avec nous. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Malika Attar dans «Devoir d’enquête» (La Une).
Tirer son épingle du jeu
Trois
ans après les débuts de Frédérique Lantieri, «Faites entrer l’accusé» parvient
à renforcer son audience. Début novembre, l’affaire «Muller contre Muller» a
tenu en haleine plus d’1 million de téléspectateurs français. Une jolie
performance, mais encore insuffisante face à «Camping Paradis» programmé aux
mêmes heures sur TF1.
À l’heure où les magazines de faits divers se multiplient, «Faites entrer l’accusé» demeure un gage de qualité. Lors de son départ, Christophe Hondelatte a certes entraîné avec lui une partie du public, mais France 2 a su conserver le savoir-faire (celui de la société de production 17 juin Média) qui contribua au succès de l’émission.
L’avenir nous dira si Frédérique Lantieri parviendra à se
forger un personnage aussi captivant que celui de son prédécesseur.
Sébastien Varveris
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