«Virage Nord» : quand le foot devient polar

Les antres du ballon rond cachent parfois des secrets... © Arte

Un meurtre dans un stade, et c’est toute un petite ville du Nord de la France qui bascule. Interview droit au but avec la réalisatrice de «Virage Nord» (à voir chaque jeudi à 20h50 sur Arte), Virginie Sauveur, à qui l’on doit aussi plusieurs épisodes de la saison 4 d’«Engrenages».

«Virage Nord» est-elle une série sur le football ou sur le Nord ?

C’est avant tout un polar qui s’attache à des destins, à des personnages forts. Nous n’avions ni l’envie ni la prétention de raconter ce qu’est le football de haut niveau. Le milieu sportif constitue ici un décor dramatique, comme le stade où a eu lieu le meurtre du gamin. Nous avons fait attention à écrire une intrigue qui tienne la route dans ce cadre-là, avec des situations troublantes et excitantes.

Vous êtes-vous inspirée de faits réels pour imaginer l’histoire de corruption sportive ?

Non. Avec mes coauteures, Raphaëlle Roudaut et Clara Bourreau, nous avions décidé de ne pas brider notre imagination. Mais nous avons demandé à Vincent Duluc, un très bon journaliste de L’Équipe, de relire notre scénario. Nous voulions être certaines que nos ressorts dramatiques fonctionnaient. Nous doutions notamment qu’un entraîneur puisse réellement ignorer les magouilles de son président. «Si, nous a dit Vincent Duluc, ça arrive souvent !» Depuis quelques semaines, des affaires de corruption ont d’ailleurs éclaté dans certains clubs de Ligue 2, comme à Nîmes ou à Dijon. Est-ce la réalité qui rejoint la fiction ou le contraire ?

Certaines villes sont-elles trop dépendantes du football ?

Oui. C’est ce que nous avions vraiment envie de montrer : comment une petite ville peut survivre grâce à un club ; puis comment ses habitants se retrouvent déboussolés, mis à mal, si celui-ci s’effondre. D’ailleurs, nous avons dû inventer le nom d’une municipalité imaginaire, car aucune ville ne voulait apparaître dans un film où l’honneur d’un club était sali. Nous avons décidé de ne pas utiliser les termes «Ligue 1» et «Ligue 2», car ce sont des marques déposées. Nous sommes revenus à «D1» et «D2», j’espère que les spectateurs ne vont pas attribuer cela à notre ignorance !

Vos personnages semblent pris au piège de leur propre milieu. Pour qu’ils s’en sortent, ils doivent partir. Est-ce caractéristique du Nord ?

Non, dans le Sud, l’histoire aurait été la même, sauf que nous n’aurions pas eu la même lumière. Mais moi, je préfère travailler dans le froid plutôt que dans la chaleur. Mon équipe me demande toujours pourquoi on tourne en hiver… L’émancipation passe souvent par le départ. Partir, c’est aussi prendre son destin en main, surtout dans une ville comme celle que nous avons montrée, très repliée sur elle-même.

Entretien : Pascal Mouneyres

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