Vincent Langendries : «J’ai senti parfois presque de l’amour entre les joueurs»

Vincent Langendries : «J’ai senti parfois presque de l’amour entre les joueurs»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le 15 juillet 2018 restera gravé dans la mémoire du journaliste. Il confie, à Télépro, les coulisses du retour triomphal des Diables Rouges à Bruxelles.

Vincent Langendries a vécu un Mondial de football de rêve, au plus près des Diables Rouges. Des bords de terrains, au (presque) quotidien des joueurs, le journaliste garde des souvenirs plein la tête.

L’apothéose aura été la cérémonie sur la Grand-Place de Bruxelles pour remercier nos héros pour leur parcours… «En 1986, je n’avais pas encore 18 ans, et j’avais bien le temps de comprendre ce qu’il se passait là-bas», explique Langendries. «Jusqu’à ce jour, mes bons souvenirs des Diables c’étaient ceux de la Coupe du Monde au Mexique, et le retour à Bruxelles que j’avais suivi à la télé. Je n’avais pas décroché de l’écran de toute la journée. Depuis dimanche dernier, les choses ont changé…»

Vous avez vécu un rêve un gosse ?

Quand on vit ces choses-là dans la position à laquelle j’étais, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de mots pour le décrire.

Vous vous attendiez à cet accueil, même pour vous sur le balcon de l’Hôtel de Ville de Bruxelles ?

Absolument pas ! J’étais agréablement surpris et un peu étonné à la fois, du rôle qu’on nous a demandé à moi et à mon homologue de la VRT (Ruben Van Gucht, NDLR). C’est la Fédération qui a insisté pour que nous soyons là au balcon. Non pas pour faire de l’animation, parce que ce n’est pas notre métier, mais présenter les Diables Rouges à la foule. Ça sort de notre rôle journalistique, et nous n’étions pas là pour faire les clowns. On a vécu un moment exceptionnel. On a vraiment «pris notre pied» pendant 2 heures. Quand on est apparu au balcon, vers 14 heures, on a eu une première explosion de joie assez incroyable. Ruben et moi avons été les deux visages, sur nos chaînes respectives, les plus proches de la Coupe du Monde, et le public retient cette proximité professionnelle avec les joueurs. C’était sans doute la raison de notre présence à la demande de la Fédération. Grâce à ça, j’ai vécu un moment extraordinaire…

Michel Lecomte ne s’est pas opposé à ce mélange des genres ?

Je sais que ça a été discuté en interne, et je n’ai pris aucune décision à ce niveau-là. Je suis allé là où on me disait d’aller. (rires) Effectivement, la question est légitime, et il était hors de question pour moi de faire le DJ pour animer la place. C’était clair. Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir fait autre chose que mon métier.

Ce n’est pas trop long un mois sur place ?

C’est un sentiment très partagé. C’est très long, et la fatigue s’installe après trois semaines. On fait des longues journées, et en plus, en Russie, on a dû beaucoup voyager, avec son lot de nuits blanches et de décalages horaires. Mais on est aussi conscient de la chance que l’on a de vivre un événement comme celui-là, et d’être au cœur. Il ne me viendrait pas à l’idée de plaindre du manque de sommeil. En gros, ça vaut le coup… Ma famille me manquait beaucoup, et je prenais sur moi.

Quel moment vous a le plus marqué ?

Je ne peux pas trouver un moment hors Diables. Je n’ai quasi rien vu du Mondial – et c’est une autre frustration – à part un match de poule. Je n’ai même pas pu suivre la finale parce que j’étais encore dans les festivités à Bruxelles… Je dirais que c’est le retour triomphal en Belgique. Les joueurs ne s’attendaient pas à un tel accueil «diabolique». Dans vingt ans, quand on repassera les images de 2018, on ressortira certainement celles de la Grand-Place et Eden Hazard qui fait le show. Sur le plan sportif, c’est d’être à 15 mètres de Thibaut Courtois, lors des 7 matches des Belges. À chaque but, c’était un intense bonheur et on en a eu 16 !

Vous remettrez ça dans 2 ou 4 ans ?

J’avoue que je me suis posé la question avant de partir, et j’en avais touché un mot à Michel Lecomte… Depuis, je ressigne des deux mains pour l’Euro 2020. Après, on verra. Un à la fois.

Ce sera la «bonne» ? On ramènera le trophée ?

Ce que j’ai ressenti de différent par rapport aux deux derniers tournois, c’est qu’il y avait un petit supplément d’âme dans l’équipe. J’ai senti parfois presque de l’«amour» entre les joueurs. C’était plus que de l’amitié. Au Brésil et en France, les coéquipiers se battaient l’un pour l’autre, mais ils n’étaient pas forcément des amis. C’est peut-être le mérite de Roberto Martinez pour cette campagne-ci, et les joueurs ont mûri et sont ensemble depuis longtemps aussi.

En mai, vous voyiez la Belgique revenir avec la Coupe du Monde. On n’est pas passé loin…

Je ne me suis trompé que d’un mot ! J’avais dit qu’on ramènerait la Coupe, et c’est une médaille, en fait. (rires)

Pas de vacances tout de suite pour Vincent Langendries qui sera déjà aux commentaires du Meeting d’athlétisme de Liège, ce mercredi dès 19h55 sur La Deux, et il suivra aussi la délégation belge d’athlétisme aux Championnats européens (du 2 au 12 août 2018) à Berlin.

Entretien : Pierre Bertinchamps

On a découvert un Eden Hazard surprenant…

Pour ceux qui le connaissent un peu, ils savent qu’Eden sait mettre de l’ambiance. Il respire la joie de vivre. Et ça se voit dans son jeu, j’ai envie de dire. La notion de plaisir chez Eden Hazard est d’abord sur le terrain. D’ailleurs, il ne s’en cache pas dans les interviews. À côté de ça, il sait mettre du plaisir dans tout ce qu’il fait même s’il n’a pas un ballon entre les deux pieds. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il tienne le micro tout le temps. À vrai dire, il n’était pas prévu que ça se passe comme ça. Avec Ruben, nous avons insisté pour que chaque joueur soit accueilli un à un. Au départ, ils devaient se présenter tous ensemble. Finalement, ils ont tous eu une ovation individuelle et les joueurs l’ont appréciée. Prendre le pouls de la population, c’était important pour eux. Ensuite, ce qui était prévu, c’était que l’on pose une petite question à chacun. Et inopinément, c’est parti en délires parce qu’Eden a pris le crachoir… À cet instant-là, en tant que journaliste, il n’était plus du tout question de leur reprendre le micro. C’était leur moment à eux. La seule contrainte pour nous était de s’arranger pour qu’on garde les Diables sur le balcon jusqu’au passage de la force aérienne. On n’a pas eu trop besoin de leur dire de rester… (rires) J’ai revu les images depuis, et c’était assez surréaliste, mais du pur bonheur !

À suivre les Diables pendant plus d’un mois, ils sont devenus des «proches» ?

Pour la précision, je suis avec eux depuis 2013, et la préparation de la Coupe du Monde au Brésil. On ne vit pas ensemble non plus. Nous ne sommes pas dans le même hôtel, et on ne se voit que lors des rendez-vous avec la presse, et les matches. Je ne passe pas leur dire «bonjour» non plus tous les jours. Il y a une distance indispensable. L’impression que les gens ont que je suis proche des joueurs, c’est parce que dans l’image, je suis toujours à côté d’eux. Il y a forcément, au bout de cinq ans où on se côtoie, des moments où on finit par se dire des choses autres que le foot, et des affinités se forment. Mais ça ne veut pas dire qu’il y a de la connivence ou de la promiscuité malsaine. Je fais très attention à ça. C’est pareil pour un journaliste politique qui va au «16, Rue de la Loi» tous les jours… Ça ne m’empêche pas de dire à Eden Hazard quand il a mal joué.

Vous n’avez pas envie de faire un documentaire ou écrire un livre ?

Peut-être qu’un jour l’idée viendra. Je vis des moments privilégiés, et j’espère qu’ils vont encore se poursuivre au moins pour le prochain tournoi. Mon objectif, dès 2014, était de créer, autour des Diables Rouges, une équipe RTBF identique qui puisse être identifiée et attachée à l’équipe nationale. C’est plus facile pour obtenir des confidences. Notre relation est saine et correcte. L’idée est que l’on sache que la RTBF est «la chaîne des Diables» et le lieu où ils viennent se confier.

Ce n’est pas trop long un mois sur place ?

C’est un sentiment très partagé. C’est très long, et la fatigue s’installe après trois semaines. On fait des longues journées, et en plus, en Russie, on a dû beaucoup voyager, avec son lot de nuits blanches et de décalages horaires. Mais on est aussi conscient de la chance que l’on a de vivre un événement comme celui-là, et d’être au cœur. Il ne me viendrait pas à l’idée de plaindre du manque de sommeil. En gros, ça vaut le coup… Ma famille me manquait beaucoup, et je prenais sur moi.

Quel moment vous a le plus marqué ?

Je ne peux pas trouver un moment hors Diables. Je n’ai quasi rien vu du Mondial – et c’est une autre frustration – à part un match de poule. Je n’ai même pas pu suivre la finale parce que j’étais encore dans les festivités à Bruxelles… Je dirais que c’est le retour triomphal en Belgique. Les joueurs ne s’attendaient pas à un tel accueil «diabolique». Dans vingt ans, quand on repassera les images de 2018, on ressortira certainement celles de la Grand-Place et Eden Hazard qui fait le show. Sur le plan sportif, c’est d’être à 15 mètres de Thibaut Courtois, lors des 7 matches des Belges. À chaque but, c’était un intense bonheur et on en a eu 16 !

Vous remettrez ça dans 2 ou 4 ans ?

J’avoue que je me suis posé la question avant de partir, et j’en avais touché un mot à Michel Lecomte… Depuis, je ressigne des deux mains pour l’Euro 2020. Après, on verra. Un à la fois.

Ce sera la «bonne» ? On ramènera le trophée ?

Ce que j’ai ressenti de différent par rapport aux deux derniers tournois, c’est qu’il y avait un petit supplément d’âme dans l’équipe. J’ai senti parfois presque de l’«amour» entre les joueurs. C’était plus que de l’amitié. Au Brésil et en France, les coéquipiers se battaient l’un pour l’autre, mais ils n’étaient pas forcément des amis. C’est peut-être le mérite de Roberto Martinez pour cette campagne-ci, et les joueurs ont mûri et sont ensemble depuis longtemps aussi.

En mai, vous voyiez la Belgique revenir avec la Coupe du Monde. On n’est pas passé loin…

Je ne me suis trompé que d’un mot ! J’avais dit qu’on ramènerait la Coupe, et c’est une médaille, en fait. (rires)

Pas de vacances tout de suite pour Vincent Langendries qui sera déjà aux commentaires du Meeting d’athlétisme de Liège, ce mercredi dès 19h55 sur La Deux, et il suivra aussi la délégation belge d’athlétisme aux Championnats européens (du 2 au 12 août 2018) à Berlin.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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