Victoires de la musique: « Grands Prix » pour Biolay et Pomme dans une soirée revendicative
« Grands Prix » pour Benjamin Biolay, avec un doublé, et Pomme, sacrée artiste féminine, aux 36e Victoires de la musique vendredi
« Grands Prix » pour Benjamin Biolay, avec un doublé, et Pomme, sacrée artiste féminine, aux 36e Victoires de la musique vendredi, devenues tribunes en soutien au spectacle vivant sinistré et au mouvement #MeToo.
« Ca n’a pas été une année très victorieuse pour la musique », a lâché Biolay au moment de recevoir son premier trophée de la soirée, celui d’artiste masculin. Et de tacler le « silence assourdissant des pouvoirs publics » face à la situation de la filière musicale, en général, et de la scène, en particulier, fragilisées par la crise sanitaire. « Et maintenant, la bamboche! », a-t-il crié de joie en prenant le deuxième prix, le plus prestigieux, celui du meilleur album, au titre prémonitoire « Grand Prix ». A 48 ans, il a désormais obtenu six Victoires.
L’autre Victoire très attendue, celle d’artiste féminine, a fini dans les mains de Pomme, qui avait fort à faire face à Aya Nakamura, artiste française la plus écoutée au monde. Ce trophée est un gros coup de projecteur au mouvement #MeToo, encore naissant dans la filière musicale et nommé #Musictoo. Pomme a en effet décrit son « arrivée dans l’industrie de la musique » comme « traumatisante » dans une lettre ouverte publiée jeudi par Mediapart. « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment », confiait l’artiste de 24 ans.
Cette 36e cérémonie des Victoires restera celle de tous les symboles et de tous les combats. « Le chemin est encore long pour les femmes, les Noires, les grosses », a ainsi commenté Yseult, révélation féminine de l’année, catégorie dans laquelle était aussi nommée la Belge Lous and the Yakuza. La chanteuse a toujours expliqué qu’elle faisait de la couleur de sa peau et de ses formes une arme politique au travers de ses morceaux et de ses vidéos.
Crise sanitaire oblige, la soirée s’est déroulée dans une ambiance étrange à la Seine Musicale (région parisienne), sans public. Près de 200 figurants étaient cependant présents dans la salle pour applaudir les prestations live des artistes. Jean-Louis Aubert, président d’honneur, a d’ailleurs ouvert la cérémonie en entonnant à la guitare « Je rêvais d’un autre monde… ». « Président, ce n’est pas facile par les temps qui courent, car le présidentiel a été remplacé par le présentiel », a ironisé Aubert dans son discours inaugural. Grinçant, il a profité « de la présence ou de l’absence de la ministre de la Culture »
Roselyne Bachelot, pour lui réclamer de « continuer à prendre soin des musiciens, des équipes techniques, des organisateurs de spectacle », le temps que la situation revienne à la normale. Bien présente, Mme Bachelot a réaffirmé son soutien aux artistes, auprès de l’AFP. « Je travaille d’arrache-pied de jour comme de nuit (…) pour bâtir un modèle résilient qui va nous permettre de traverser cette crise. Je suis avec les artistes et je leur souhaite beaucoup de courage. Je suis avec eux », a-t-elle affirmé en coulisses.
Parmi les autres prix attribués, on retiendra la Victoire d’honneur remise à Jane Birkin, en baskets comme à son habitude, pour l’ensemble de sa carrière. Le chanteur Hervé a, quant à lui, remporté le prix dans la catégorie de la révélation masculine, dans laquelle était nommé le Bruxellois Noé Preszow.
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