Valérie Dupont : «Un correspondant, ce sont les yeux d’une télé à l’étranger»

Valérie Dupont : «Un correspondant, ce sont les yeux d’une télé à l’étranger»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Valérie Dupont est correspondante de la RTBF (et de la RTS) à Rome. Ex-éditrice du JT, elle a tout quitté pour le soleil de la péninsule adriatique. Le bon plan ?

C’est un peu par amour que Valérie Dupont a décidé, un jour, de lâcher la rédaction de Bruxelles et le fauteuil de «JT Soir». La journaliste avait d’abord fait un détour par «Place Royale» sur RTL, juste après avoir été diplômée de l’IHECS. Ensuite, la RTBF a organisé un examen en 1995, et Valérie se retrouve à la rédaction bruxelloise. Un an plus tard, on lui propose de travailler pour le JT, jusqu’à son départ en 2005, pour l’Italie. 

Pourquoi avoir choisi le poste de correspondante ?

C’est un choix guidé par la vie. À l’époque, j’étais encore à la RTBF, comme éditrice du Journal Télévisé. J’avais rencontré le rédacteur en chef de la cellule internationale de la Télévision Suisse Romande (RTS, aujourd’hui, NDLR) qui cherchait une correspondante en Italie. Et ça m’a donné envie d’essayer. Je voulais aussi partir en Italie, et les deux propositions sont arrivées au même moment. En 2005, j’ai proposé de faire un bureau conjoint RTBF-RTS. J’ai pris un congé sans solde de 5 ans sur la chaîne publique, et comme ça fait maintenant plus de dix ans. J’ai arrêté mon contrat

L’Italie est porteuse pour le JT de la RTBF ?

C’est vrai qu’au début je me suis posée la question (pour la Suisse voisine, c’est plus évident, NDLR). 2005 était l’année du décès du Pape Jean-Paul II, donc il y avait beaucoup de sujets sur le Vatican. Et je me suis rendue compte qu’il y avait pas mal de relations entre la Belgique et l’Italie, parce qu’on a une grosse communauté italienne, et puis c’est un pays qui fascine. De nombreux sujets sont intéressants pour la Belgique.

Vous avez envisagé de revenir à la RTBF ?

L’envie professionnelle, pourquoi pas. Du côté personnel, un peu moins. J’ai épousé un Italien, ce sera plus compliqué de tout retransférer en Belgique. S’il y avait un projet de la RTBF en évènementiel, je ferais le voyage et je resterais quelques jours en Belgique, avec plaisir.

Vous suivez l’actualité belge ?

Je lis deux journaux belges par jour.

Comment avez-vous vécu les attentats du 22 mars ?

En tant que Belge, ça m’a fortement secouée. Et je pense que c’est pareil que l’on soit à Bruxelles, à Rome ou à New-York. Après les attentats de Paris, on s’y attendait un peu… Ce qui m’a choquée, c’est que j’étais à Bruxelles, une semaine juste avant. On ne peut pas faire autrement, on y pense… J’ai été touchée quand je me suis rendue compte que dans les victimes, il y avait des personnes que je connaissais comme Laurianne Visart, la fille de Michel, à la RTBF. Par rapport à Paris, j’étais un peu plus prise aux tripes. Chaque fois que retourne en Belgique, ça me fait très mal de voir tous ces militaires dans les rues. Dans un pays que je trouvais justement beaucoup moins militarisé que l’Italie, par exemple. Mon pays était extrêmement bon enfant, et là, il devient adulte…

Les télévisions italiennes vous ont contactées pour parler de nous ?

Oui, RAI News m’avait appelé pour avoir des informations plus précises sur les lieux, l’organisation des choses, pour comprendre pourquoi certaines choses ont été critiquées par la suite…

Il y a eu des belles rencontres durant ces dix années ?

Les rencontres avec les personnes les plus simples mais qui représentent bien l’Italie. Ils font que l’Italie est belle. Les Italiens sont accueillants face à la détresse des autres. Ce sont des personnes en or ! 

Et si vous pouviez choisir un autre pays pour travailler ?

J’aimerais bien suivre le mandat d’un Président des États-Unis. Ça semble intéressant que ce soit Hillary Clinton ou Donald Trump… Mais honnêtement, j’ai une vraie passion pour l’Italie et elle ne s’éteint pas. 

Entretien : Pierre Bertinchamps

Si je vous dis que vous êtes en vacances toute l’année, vous le prenez bien ?

Non, pas du tout ! Je pense que je travaille plus ici que quand j’étais à la rédaction à Bruxelles. Quand vous êtes indépendant(e), vous vivez la pression de devoir gagner votre vie différemment. Je ne peux pas prendre plus que 5 ou 6 jours de vacances d’affilée. Mais, comme c’est l’Italie, ça donne une impression de vacances, et je reconnais que certains reportages, comme aux Cinque Terre ou en Sicile, récemment, me font dire que je suis chanceuse.

Vos prochaines vacances…

Quelques jours à Stockholm … La Suède est un pays plus frais !

Quel regard portez-vous sur la RTBF aujourd’hui ?

Je ne sais voir que le journal de 13h sur TV5MONDE. Je regarde les autres JT sur le web. Je passe une ou deux fois par an à Reyers, pour prendre le pouls de la rédaction. J’y suis allée récemment pour rencontrer Bruno Clément, le nouveau rédacteur en chef. On se connait de longue date, et il a une bonne perception de l’info. Vu d’Italie, parfois je me dis qu’il y a des sujets qui peuvent sembler peu importants, mais quand je me mets à la place du Belge qui regarde, je me dis aussi que les embouteillages, les tunnels, la météo font partie de l’actualité. La RTBF a beaucoup de courage parce qu’ils ont la qualité d’encore faire des grands reportages et envoyer des journalistes à l’étranger comme en Syrie ou en Turquie. La RTBF se défend bien, comparée à France 2. Il n’y a pas à rougir.

C’est un luxe d’avoir un bureau à l’étranger ?

C’est parce que je suis indépendante que le bureau existe. Beaucoup de télés essaient de travailler comme ça, avec des journalistes à la pige. La RTBF n’est pas la seule à procéder de la sorte. C’est une bonne méthode et c’est plus économique qu’envoyer des correspondants permanents. Le plus pour la RTBF, c’est que je suis «ertébéenne». Je viens de la maison et je connais aussi le système. C’est un luxe, mais les télévisions devraient peut-être plus y investir, parce que ça va faire la différence avec ce que les gens vont trouver comme informations sur le net. Notre regard plus pointu voire particulier sur certains sujets, vous ne le trouverez pas ailleurs.

Vous avez envisagé de revenir à la RTBF ?

L’envie professionnelle, pourquoi pas. Du côté personnel, un peu moins. J’ai épousé un Italien, ce sera plus compliqué de tout retransférer en Belgique. S’il y avait un projet de la RTBF en évènementiel, je ferais le voyage et je resterais quelques jours en Belgique, avec plaisir.

Vous suivez l’actualité belge ?

Je lis deux journaux belges par jour.

Comment avez-vous vécu les attentats du 22 mars ?

En tant que Belge, ça m’a fortement secouée. Et je pense que c’est pareil que l’on soit à Bruxelles, à Rome ou à New-York. Après les attentats de Paris, on s’y attendait un peu… Ce qui m’a choquée, c’est que j’étais à Bruxelles, une semaine juste avant. On ne peut pas faire autrement, on y pense… J’ai été touchée quand je me suis rendue compte que dans les victimes, il y avait des personnes que je connaissais comme Laurianne Visart, la fille de Michel, à la RTBF. Par rapport à Paris, j’étais un peu plus prise aux tripes. Chaque fois que retourne en Belgique, ça me fait très mal de voir tous ces militaires dans les rues. Dans un pays que je trouvais justement beaucoup moins militarisé que l’Italie, par exemple. Mon pays était extrêmement bon enfant, et là, il devient adulte…

Les télévisions italiennes vous ont contactées pour parler de nous ?

Oui, RAI News m’avait appelé pour avoir des informations plus précises sur les lieux, l’organisation des choses, pour comprendre pourquoi certaines choses ont été critiquées par la suite…

Il y a eu des belles rencontres durant ces dix années ?

Les rencontres avec les personnes les plus simples mais qui représentent bien l’Italie. Ils font que l’Italie est belle. Les Italiens sont accueillants face à la détresse des autres. Ce sont des personnes en or ! 

Et si vous pouviez choisir un autre pays pour travailler ?

J’aimerais bien suivre le mandat d’un Président des États-Unis. Ça semble intéressant que ce soit Hillary Clinton ou Donald Trump… Mais honnêtement, j’ai une vraie passion pour l’Italie et elle ne s’éteint pas. 

Entretien : Pierre Bertinchamps

Les Italiens ont une façon différente de traiter l’info par rapport à nous ?

Oui, et il y aurait beaucoup à dire… La télévision italienne a mis du temps à se remettre en question. Le JT est une véritable institution où les hommes politiques influents doivent avoir leur mot à dire. Chose qui avait été remise en cause, il y a 15 ans, à la RTBF, quand j’y étais encore. Les Italiens ont aussi une façon différente de monter leur reportage. Chez nous, on porte une certaine attention dans le mélange du texte, des images et du son d’ambiance. En Italie, le journaliste lit son texte, et c’est un monteur qui colle les images ensuite. Ils ne font pas vivre leurs sujets. C’est dommage pour une télévision comme la RAI qui a les moyens de proposer plus. En fait, quand vous lisez l’article le matin dans la gazette, le soir, à 20 heures, vous avez l’impression que c’est le même texte mais mis en image.

Si je vous dis que vous êtes en vacances toute l’année, vous le prenez bien ?

Non, pas du tout ! Je pense que je travaille plus ici que quand j’étais à la rédaction à Bruxelles. Quand vous êtes indépendant(e), vous vivez la pression de devoir gagner votre vie différemment. Je ne peux pas prendre plus que 5 ou 6 jours de vacances d’affilée. Mais, comme c’est l’Italie, ça donne une impression de vacances, et je reconnais que certains reportages, comme aux Cinque Terre ou en Sicile, récemment, me font dire que je suis chanceuse.

Vos prochaines vacances…

Quelques jours à Stockholm … La Suède est un pays plus frais !

Quel regard portez-vous sur la RTBF aujourd’hui ?

Je ne sais voir que le journal de 13h sur TV5MONDE. Je regarde les autres JT sur le web. Je passe une ou deux fois par an à Reyers, pour prendre le pouls de la rédaction. J’y suis allée récemment pour rencontrer Bruno Clément, le nouveau rédacteur en chef. On se connait de longue date, et il a une bonne perception de l’info. Vu d’Italie, parfois je me dis qu’il y a des sujets qui peuvent sembler peu importants, mais quand je me mets à la place du Belge qui regarde, je me dis aussi que les embouteillages, les tunnels, la météo font partie de l’actualité. La RTBF a beaucoup de courage parce qu’ils ont la qualité d’encore faire des grands reportages et envoyer des journalistes à l’étranger comme en Syrie ou en Turquie. La RTBF se défend bien, comparée à France 2. Il n’y a pas à rougir.

C’est un luxe d’avoir un bureau à l’étranger ?

C’est parce que je suis indépendante que le bureau existe. Beaucoup de télés essaient de travailler comme ça, avec des journalistes à la pige. La RTBF n’est pas la seule à procéder de la sorte. C’est une bonne méthode et c’est plus économique qu’envoyer des correspondants permanents. Le plus pour la RTBF, c’est que je suis «ertébéenne». Je viens de la maison et je connais aussi le système. C’est un luxe, mais les télévisions devraient peut-être plus y investir, parce que ça va faire la différence avec ce que les gens vont trouver comme informations sur le net. Notre regard plus pointu voire particulier sur certains sujets, vous ne le trouverez pas ailleurs.

Vous avez envisagé de revenir à la RTBF ?

L’envie professionnelle, pourquoi pas. Du côté personnel, un peu moins. J’ai épousé un Italien, ce sera plus compliqué de tout retransférer en Belgique. S’il y avait un projet de la RTBF en évènementiel, je ferais le voyage et je resterais quelques jours en Belgique, avec plaisir.

Vous suivez l’actualité belge ?

Je lis deux journaux belges par jour.

Comment avez-vous vécu les attentats du 22 mars ?

En tant que Belge, ça m’a fortement secouée. Et je pense que c’est pareil que l’on soit à Bruxelles, à Rome ou à New-York. Après les attentats de Paris, on s’y attendait un peu… Ce qui m’a choquée, c’est que j’étais à Bruxelles, une semaine juste avant. On ne peut pas faire autrement, on y pense… J’ai été touchée quand je me suis rendue compte que dans les victimes, il y avait des personnes que je connaissais comme Laurianne Visart, la fille de Michel, à la RTBF. Par rapport à Paris, j’étais un peu plus prise aux tripes. Chaque fois que retourne en Belgique, ça me fait très mal de voir tous ces militaires dans les rues. Dans un pays que je trouvais justement beaucoup moins militarisé que l’Italie, par exemple. Mon pays était extrêmement bon enfant, et là, il devient adulte…

Les télévisions italiennes vous ont contactées pour parler de nous ?

Oui, RAI News m’avait appelé pour avoir des informations plus précises sur les lieux, l’organisation des choses, pour comprendre pourquoi certaines choses ont été critiquées par la suite…

Il y a eu des belles rencontres durant ces dix années ?

Les rencontres avec les personnes les plus simples mais qui représentent bien l’Italie. Ils font que l’Italie est belle. Les Italiens sont accueillants face à la détresse des autres. Ce sont des personnes en or ! 

Et si vous pouviez choisir un autre pays pour travailler ?

J’aimerais bien suivre le mandat d’un Président des États-Unis. Ça semble intéressant que ce soit Hillary Clinton ou Donald Trump… Mais honnêtement, j’ai une vraie passion pour l’Italie et elle ne s’éteint pas. 

Entretien : Pierre Bertinchamps

On parle de la même façon aux Belges qu’aux Suisses ?

Ca dépend du sujet. Si je parle de quelque chose d’artistique, de culturel ou lié à la politique italienne en général, oui, le reportage sera le même. Par contre, quand on parle de sujets religieux, c’est un peu différent et lorsque ce sont des sujets sur les relations bilatérales entre les pays, c’est évidemment autre chose, vu la structure politique belge… Une visite du Roi et de la Reine en Italie ne sera pas traitée de la même façon que la visite du Président de la Confédération Helvétique, parce que les rôles institutionnels ne sont pas les mêmes.

C’est vous qui proposez les sujets. Ils sont faciles à vendre ?

C’est dans les deux sens. Je considère que le rôle du correspondant, ce sont les yeux qui sont à l’étranger et qui doivent parler aux Belges. C’est ça mon travail. Quand je vois des reportages sur l’Italie, fait par des journalistes en rédaction, je me rends compte combien le regard que l’on a depuis la Belgique est très différent. Par exemple, le thème de la mafia. On a une autre image de la lutte contre la mafia, en Italie. De Belgique, on a l’impression qu’elle s’est infiltrée partout et qu’on arrive pas à la combattre, alors qu’en réalité, il existe des outils très efficaces et qui fonctionnent bien. J’essaie toujours de proposer des reportages qui donnent une image correcte de l’Italie. J’admets que ce n’est pas difficile à vendre. Je suis journaliste depuis 25 ans, et je sais ce qui peut intéresser ou pas un rédac’ chef. En général, mon travail se réparti à 50/50 entre la RTS et la RTBF, et j’écris aussi pour le quotidien La Libre.

Pas de contacts avec d’autres télés francophones ?

Non, les Canadiens ont un bureau à Paris qui couvre toute l’Europe. Je suis contactée parfois pour les gros évènements, comme le tremblement de terre à Aquila. (France 2 a aussi un correspondant à Rome, François Beaudonnet, NDLR)

Vous parliez déjà l’italien ?

Je l’ai appris quelques mois avant d’arriver. Et le fait d’être dans le bain a été très facile. Les Belges ont la capacité de parler plusieurs langues. (Rires)

Les Italiens ont une façon différente de traiter l’info par rapport à nous ?

Oui, et il y aurait beaucoup à dire… La télévision italienne a mis du temps à se remettre en question. Le JT est une véritable institution où les hommes politiques influents doivent avoir leur mot à dire. Chose qui avait été remise en cause, il y a 15 ans, à la RTBF, quand j’y étais encore. Les Italiens ont aussi une façon différente de monter leur reportage. Chez nous, on porte une certaine attention dans le mélange du texte, des images et du son d’ambiance. En Italie, le journaliste lit son texte, et c’est un monteur qui colle les images ensuite. Ils ne font pas vivre leurs sujets. C’est dommage pour une télévision comme la RAI qui a les moyens de proposer plus. En fait, quand vous lisez l’article le matin dans la gazette, le soir, à 20 heures, vous avez l’impression que c’est le même texte mais mis en image.

Si je vous dis que vous êtes en vacances toute l’année, vous le prenez bien ?

Non, pas du tout ! Je pense que je travaille plus ici que quand j’étais à la rédaction à Bruxelles. Quand vous êtes indépendant(e), vous vivez la pression de devoir gagner votre vie différemment. Je ne peux pas prendre plus que 5 ou 6 jours de vacances d’affilée. Mais, comme c’est l’Italie, ça donne une impression de vacances, et je reconnais que certains reportages, comme aux Cinque Terre ou en Sicile, récemment, me font dire que je suis chanceuse.

Vos prochaines vacances…

Quelques jours à Stockholm … La Suède est un pays plus frais !

Quel regard portez-vous sur la RTBF aujourd’hui ?

Je ne sais voir que le journal de 13h sur TV5MONDE. Je regarde les autres JT sur le web. Je passe une ou deux fois par an à Reyers, pour prendre le pouls de la rédaction. J’y suis allée récemment pour rencontrer Bruno Clément, le nouveau rédacteur en chef. On se connait de longue date, et il a une bonne perception de l’info. Vu d’Italie, parfois je me dis qu’il y a des sujets qui peuvent sembler peu importants, mais quand je me mets à la place du Belge qui regarde, je me dis aussi que les embouteillages, les tunnels, la météo font partie de l’actualité. La RTBF a beaucoup de courage parce qu’ils ont la qualité d’encore faire des grands reportages et envoyer des journalistes à l’étranger comme en Syrie ou en Turquie. La RTBF se défend bien, comparée à France 2. Il n’y a pas à rougir.

C’est un luxe d’avoir un bureau à l’étranger ?

C’est parce que je suis indépendante que le bureau existe. Beaucoup de télés essaient de travailler comme ça, avec des journalistes à la pige. La RTBF n’est pas la seule à procéder de la sorte. C’est une bonne méthode et c’est plus économique qu’envoyer des correspondants permanents. Le plus pour la RTBF, c’est que je suis «ertébéenne». Je viens de la maison et je connais aussi le système. C’est un luxe, mais les télévisions devraient peut-être plus y investir, parce que ça va faire la différence avec ce que les gens vont trouver comme informations sur le net. Notre regard plus pointu voire particulier sur certains sujets, vous ne le trouverez pas ailleurs.

Vous avez envisagé de revenir à la RTBF ?

L’envie professionnelle, pourquoi pas. Du côté personnel, un peu moins. J’ai épousé un Italien, ce sera plus compliqué de tout retransférer en Belgique. S’il y avait un projet de la RTBF en évènementiel, je ferais le voyage et je resterais quelques jours en Belgique, avec plaisir.

Vous suivez l’actualité belge ?

Je lis deux journaux belges par jour.

Comment avez-vous vécu les attentats du 22 mars ?

En tant que Belge, ça m’a fortement secouée. Et je pense que c’est pareil que l’on soit à Bruxelles, à Rome ou à New-York. Après les attentats de Paris, on s’y attendait un peu… Ce qui m’a choquée, c’est que j’étais à Bruxelles, une semaine juste avant. On ne peut pas faire autrement, on y pense… J’ai été touchée quand je me suis rendue compte que dans les victimes, il y avait des personnes que je connaissais comme Laurianne Visart, la fille de Michel, à la RTBF. Par rapport à Paris, j’étais un peu plus prise aux tripes. Chaque fois que retourne en Belgique, ça me fait très mal de voir tous ces militaires dans les rues. Dans un pays que je trouvais justement beaucoup moins militarisé que l’Italie, par exemple. Mon pays était extrêmement bon enfant, et là, il devient adulte…

Les télévisions italiennes vous ont contactées pour parler de nous ?

Oui, RAI News m’avait appelé pour avoir des informations plus précises sur les lieux, l’organisation des choses, pour comprendre pourquoi certaines choses ont été critiquées par la suite…

Il y a eu des belles rencontres durant ces dix années ?

Les rencontres avec les personnes les plus simples mais qui représentent bien l’Italie. Ils font que l’Italie est belle. Les Italiens sont accueillants face à la détresse des autres. Ce sont des personnes en or ! 

Et si vous pouviez choisir un autre pays pour travailler ?

J’aimerais bien suivre le mandat d’un Président des États-Unis. Ça semble intéressant que ce soit Hillary Clinton ou Donald Trump… Mais honnêtement, j’ai une vraie passion pour l’Italie et elle ne s’éteint pas. 

Entretien : Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici