Une téléréalité avec des politiques qui crée la polémique en France

Une téléréalité avec des politiques qui crée la polémique en France
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La chaîne de la TNT française D8 lancera en 2015 une téléréalité où des politiciens vivent le quotidien de la population. Un concept qui ne plaît pas à tout le monde.

Des hommes (ou des femmes) politiques qui se prêtent au jeu du divertissement, ce n’est pas neuf. Déjà dans les années 80, les interviews décomplexées de Tatayet à nos hommes politiques restent dans les mémoires. Ou ancore une certaine Joëlle Milquet et un certain Didier Reynders qui reprennent un sketch des Frères Taloche pour la bonne cause dans Cap48.

Vis ma vie de la France d’en bas

D8 va un cran plus loin, avec «Dans la peau de Monsieur et Madame Tout-le-monde». Huit élus français vont faire une sorte de «Vis ma vie» de la France d’en bas. Bernard Accoyer a été immergé dans le service des urgences d’un hôpital, Thierry Mariani a découvert les difficultés rencontrées par les personnes à mobilité réduite, et Dominique Bussereau a accepté de suivre un stage de récupération de points du permis de conduire…

Le monde politique sous le choc

À peine annoncé, le programme crée déjà la polémique. Et les piques viennent de partout. Ainsi, l’ancienne ministre écologique Cécile Duflot a raillé les participants à cette émission. «Je ne dois pas être une vraie responsable politique», ironise-t-elle. «Parce que moi, je n’ai pas besoin de me déguiser pour aller au Super U, pour amener mes enfants à l’école et pour vivre normalement. On est dans un désaxage complet de ceux et celles qui considèrent que le fait d’être un responsable politique conduit à être déconnecté de la vie réelle».

François Fillon n’est pas moins tendre : «J’ai toujours refusé de participer à des émissions qui ne sont pas de vraies émissions politiques, c’est-à-dire des émissions où on mélange l’amusement et la politique. Pourquoi ? Ce n’est pas parce que je n’ai pas envie de m’amuser, c’est simplement parce que je pense que les Français portent un regard assez méprisant sur ces hommes politiques qui ne sont attirés que par l’image, que par les caméras, que par la télévision». C’est dit.

Vivre ses propres décisions

Par contre, Dominique Bussereau, Président du Conseil général de la Charente-Maritime et ancien Secrétaire d’État aux transports, a participé à cette émission, et a forcément un avis plus positif. «Vous vous êtes occupés d’un domaine, vous avez été ceci ou cela, et on va vous plonger dans les conséquences des décisions que vous avez prises».

La démarche est louable. «On a pris des mesures dures telles que les suspensions du permis, les retraits de points, les retraits permanents, les radars automatiques… Et le fait de me proposer de voir comment ça se passait de l’intérieur, j’ai trouvé cela intéressant», explique-t-il. «Je n’ai pas l’impression d’avoir participé à un spectacle, mais à quelque chose qui me paraît intéressant. On verra l’émission, si elle est bien montée, mal montée, si c’est mal foutu, si c’est spectaculaire, si c’est sérieux ou pas sérieux. On ne peut pas porter de jugement. Si l’émission est mauvaise, je le dirai», conclut-il.

Un casting peu attractif

Le public semble moins bien accueillir l’émission. Mardi, dans «Touche pas à mon poste» (aussi un programme de D8), les internautes semblaient assez réfractaire au concept, tout comme la majorité des chroniqueurs. De là à avoir un indice sur le succès du programme ou pas, c’est aller un peu vite en besogne !

Mais le casting (des élus de 2e voire 3e ligne) risque de ne pas trop intéresser les téléspectateurs. Même en suivant «Mots croisés» et «Des paroles et des actes», les candidats sont assez peu connus.

Le programme ne manque déjà pas de faire le buzz. Enfin… plutôt un bad buzz !

Pierre Bertinchamps

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