Une première en Belgique : Télésambre signe un JT entièrement signé pour les déficients auditifs

Sybille Fonzé, présentatrice sourde de "L'Hebdo Signé". © Télésambre
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Une révolution dans la façon d’informer les sourds et malentendants sur le monde qui les entoure.

Dès ce dimanche 16 avril 2023, le média de proximité de Charleroi et de la Botte du Hainaut lance «L’Hebdo Signé», le premier journal télévisé fait pour et par les personnes sourdes et mal entendantes.

Bien sûr, il y a déjà le JT de la RTBF qui est traduit en langue des signes (sur La Trois), mais c’est une interprétation. Selon une étude, 70% des déficients auditifs comprennent ce qu’ils y voient en langue des signes. Quant aux sous-titres, seuls 20% des déficients auditifs sont capables de les lire, le français n’étant pas leur langue maternelle.

Un prompteur signé

De ce constat est née l’idée de proposer un journal «signé», tous les dimanches à 13h, sur Télésambre. Une sorte de récap’ de l’actu de la semaine. Six sujets sont repris des JT traditionnels du média de proximité carolo. «L’Hebdo signé» est préparé et présenté par Sibylle Fonzé, une personne dont la langue maternelle est la langue des signes de Belgique francophone.

Après sélection des sujets par la rédaction, Sibylle travaille la traduction des séquences en langue des signes. Ce sera d’ailleurs son prompteur durant l’enregistrement du JT signé. Elle reproduira chaque geste sur le plateau du JT. Et pour que le programme soit ouvert à tous, un sous-titrage et une voix off sont ajoutés.

Si c’est une première chez nous, l’exemple vient des pays anglo-saxons qui sont habitués à l’exercice de produire des programmes exclusivement pour la communauté sourde. Coté francophone, jusqu’il y a peu, la chaine française M6 proposait un JT signé, mais exclusivement sur sa plateforme de streaming 6play.

Une équipe révolutionnaire

Pour produire «L’Hebdo signé», une quinzaine de personnes sont nécessaires, de la présentation à la post-production en passant par le sous-titrage et la voix-off. Ce concept qui révolutionne l’accessibilité des programmes est réalisé sur fonds propres par Télésambre. Même si la chaine reçoit un subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour rendre ses émissions accessibles (via le sous-titrage ou la langue des signes), ce budget est entièrement utilisé pour les autres programmes, regrette Valérie Dumont, Directrice de Télésambre.

Avec «L’Hebdo signé», la chaine espère faire des émules au sein des 11 autres télévisions locales, et permettre, à l’image de «Vivre Ici» de produire un JT commun, même si actuellement le contenu éditorial du rendez-vous signé se veut généraliste et proche de l’actualité, il aura par essence une coloration carolorégienne.

Un grand pas vers l’inclusion

Présente lors de la vision de presse de «L’Hebdo Signé», la Ministre fédérale en charge des personnes handicapées, Karine Lalieux explique «que lorsqu’un média fait un pas vers une inclusion pleine et entière, ça fait sens à l’entièreté de la société. C’est une première et on peut être fier que ça vienne de Télésambre et de Charleroi, on peut espérer que l’idée fera beaucoup de petits.»

La ministre conclut : «Ce n’est pas à la personne en situation de handicap de s’adapter à la société mais c’est à la société de s’adapter à la situation de handicap, c’est-à-dire, déconstruire et retirer tous les obstacles. C’est un changement de paradigme que nous devons tous faire.»

Avec «L’Hebdo signé», Télésambre ne se place pas en concurrent des JT traduits en LS (que ce soit sur la RTBF ou ailleurs). Chaque format à son utilité et plus il y aura d’inclusivité et de diversité des programmes, mieux les déficients auditifs auront accès à une information de qualité.

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